GALPÉRINE Georges [GALPÉRINE Abraham, dit]. Pseudonyme : LEVASSEUR Georges

Par Claude Pennetier

Né le 10 décembre 1888 à Mostovoïe, province d’Odessa (Russie) [le 28 novembre 1888 selon l’état civil français] ; mort le 1er janvier 1946 ; docteur en médecine ; militant communiste de Bagnolet (Seine, Seine-Saint-Denis) ; conseiller municipal de Bagnolet.

Fils d’émigrés russes de petite bourgeoisie commerçante [ouvrier dans une usine alimentaire à Odessa avant le révolution de 1905, puis gardien de propriété) qui partirent d’Odessa après l’échec de la Révolution de 1905 et se fixèrent en Argentine. Le père travailla comme ouvrier agricole puis réussit à s’installer comme fermier en 1910 pour l’intermédiaire d’une entreprise de colonisation.

Georges Galpérine participa lui-même à la révolution de 1905 à Odessa et fut deux fois blessé. Il travailla plusieurs années comme ouvrier agricole, à partir de l’âge de douze ans, puis réussit à devenir instituteur en Argentine. Ayant fait quelques économies, il vint à Paris en 1911 pour étudier la médecine, tout en travaillant dans une usine des Lilas et en faisant le garde-malade la nuit. Engagé volontaire en 1914, il combattit, fut décoré de la Croix de guerre et, au lendemain de la guerre, fut naturalisé ipso facto le 29 décembre 1920. En 1922, il fit la connaissance d’une jeune veuve à l’hôpital où elle était soignée et il l’épousa (voir Marie-Louise Galpérine).

C’est à cette époque, en octobre 1922, qu’il se retrouvait avec quelques élèves de l’École normale supérieure dont Georges Cogniot, des Sévriennes et des étudiants en médecine. Ils constituèrent le groupe et le journal dénommés Clarté universitaire dont le premier numéro parut le 20 novembre ; parmi eux François Chasseigne et Paul Marion. Le docteur Galpérine avait adhéré au Parti communiste ; il fut médecin de la coopérative de la Bellevilloise où il participa à la « conquête » par le Parti communiste, puis s’installa à Bagnolet où il acquit une réputation de « médecin des pauvres ». Entre ces deux localisations, il avait vendu son cabinet rue des Pyrénées et avec cet argent était allé « de son propre chef » faire un voyage d’étude en URSS en 1927. Il semble avoir noué des liens avec le Komintern car il hébergea par la suite à son domicile des responsables de l’Internationale communiste séjournant clandestinement en France. Il déclare avoir « gardé de fortes sommes d’argent appartenant au parti ».

À toute occasion, Georges Galpérine se présenta comme un défenseur sans réserve de l’Union soviétique et comme un porteur des orientations de l’Internationale communiste. Il écrit ainsi : « J’ai participé au redressement de l’ARAC, à la conquête de la Bellevilloise, aux diverses luttes pour le redressement du parti. J’ai lancé en France le mouvement des Pionniers sur la base des décisions de l’ICJ, l’IC et de la pratique soviétique ».

Avec sa femme, ils se consacrèrent un temps à la Libre Pensée prolétarienne dont le secrétaire était alors – mai 1930 – J.-B. Knockaert. Selon les souvenirs de Jules Fourrier, Alloyer, un des dirigeants d’alors du PC l’aurait convoqué en janvier 1931 au siège du parti, 120 rue Lafayette, avec Galpérine et Jean Baby et leur aurait demandé de créer, au plan national, une Association des Travailleurs sans Dieu qui regrouperait les quelques sections déjà existantes dans le Nord, à Marseille, dans le XVe arr. de Paris, à Bagnolet…, et adhérerait ensuite à l’Association internationale des Athées dont le siège était à Moscou. Ainsi fut fait et un congrès national fut tenu en mars 1931 à Paris, Maison des Syndicats, 8, avenue Mathurin-Moreau. Galpérine fut élu secrétaire national et dirigea, sous le pseudonyme de Levasseur, la Libre Pensée prolétarienne dont l’organe fut La Lutte antireligieuse qui tirait à 10 000 exemplaires en 1933 et comptait environ 4 000 membres. En 1933, le bureau de l’Association se composait de G. Galpérine, secrétaire, Georges Sadoul*, secrétaire adjoint, Chesneau, trésorier, Aragon et Casaurang.

En 1936, au temps de l’unité, eut lieu à Mâcon, du 12 au 16 août le congrès de fusion de la Fédération nationale des Travailleurs sans Dieu et de la Fédération nationale des Libres Penseurs de France et des Colonies.

Georges Cogniot estimait beaucoup Galpérine, « le dévouement et la fidélité personnifiés » qui fut, avec sa femme, témoins à son mariage le 30 juillet 1934. Cogniot usa des connaissances des langues de son ami, le russe en particulier sans doute, dans les réunions de l’Internationale des Travailleurs de l’Enseignement et notamment à Leipzig, Hambourg, Oxford. Galpérine collabora à l’Université ouvrière à l’époque du Front populaire.
Au cours de l’été 1934, le Dr Galpérine se rendit à nouveau en voyage en URSS avec sa femme. Il avait déjà publié, quelques années auparavant, en février 1931 dans la Revue médico-sociale, une étude sur « la mère et l’enfant en URSS ».

Candidat aux élections municipales de Bagnolet en mai 1929 sur la liste de Paul Coudert, il fut élu 3e sur 27 et il conserva son siège en mai 1935, 9e sur 27. Il écrit vers 1933 : « conseiller municipal de Bagnolet où je porte l’étiquette de ne pas être dans la ligne du parti parce que depuis que la municipalité est entre nos mains je lutte, et j’ai lutté au sein du comité du sous-rayon pour l’application des décisions de l’IC en ce qui concerne le travail municipal et sous le contrôle du Centre du parti, chose que je n’ai jamais pu obtenir. »

Les 1er et 8 mai 1932, Galpérine avait été candidat communiste dans le IXe arr. de Paris aux élections législatives. Sur 10 425 votants, il recueillit 634 suffrages au premier tour, 467 au second.

Durant la drôle de guerre, le Dr Galpérine fut arrêté, interné administrativement le 14 février 1940, condamné à cinq ans de détention et interné à Eysses. Libéré en août 1944, il servit dans les FFI du Sud-ouest avec grade de médecin commandant. Des sources le donnent par erreur comme « déporté ».

Réélu en avril 1945, il demeura conseiller municipal jusqu’à sa mort le 1er janvier 1946. Il était adjoint au maire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49928, notice GALPÉRINE Georges [GALPÉRINE Abraham, dit]. Pseudonyme : LEVASSEUR Georges par Claude Pennetier, version mise en ligne le 25 avril 2009, dernière modification le 20 décembre 2020.

Par Claude Pennetier

Georges Galpérine
Georges Galpérine
Parti pris, op. cit.

SOURCES : RGASPI, Moscou, 495 270 902 (le dossier ne nous a pas été communiqué entièrement car il commence à la page 112), autobiographie sans date, mais sans doute de 1933. — Arch. Paris, DM3 et listes nominatives de recensement : sur la liste de 1936, il habitait dans une maison individuelle, 49 rue de Paris, avec son épouse et une domestique. — Arch. Nat., F7/13014, rapport du 20 août 1936. — Arch. PPo. 100 et 101. — Arch. André Marty, P VI. — G. Cogniot, Parti pris, op. cit., tome 1. — Bulletin municipal de Bagnolet, n° 31, mai 1946. — Les Cahiers M. Thorez, n° 3 (31) avril-juin 1973. — Jules Fourrier, Graine rouge, Paris, La Brèche, 1983. — Jean-Pierre Gast, Gens de Bagnolet, vers l’été 44 pour la libération, Mairie de Bagnolet, 1994. — Notice DBMOF, par Jean Maitron et Claude Pennetier.

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