DIMITROV Géorgi. Pseudonymes : MIKHAÏLOV Gavzila (1912-1920, Bulgarie), KAREL (1921, Autriche-Italie), VIKTOR, HELMUT, OSKAR, JAN, CHAHAFSM, GUÉLIGAIRE Rudolf (1923-1933), JEANNETTE, PAUL, KARL, VAGAR, GEORGES, NILS, DOUGLAS (1935-1943, URSS). (version dictionnaire du Komintern)

Par Mikhail Narinski, Serge Wolikow

Né le 18 juin 1882 dans le village de Kovachevtsi, district Radomir (au sud-ouest de Sofia), mort le 2 juillet 1949, dans la maison de convalescence « Barvikha » (aux environs de Moscou) ; de nationalité bulgare : citoyen bulgare durant les années1882-1934 et 1945-1949 ; citoyen de l’URSS de 1934 à 1945 ; imprimeur (compositeur), puis révolutionnaire professionnel ; militant communiste et syndicaliste : candidat au Comité exécutif de l’Internationale communiste en juin 1924 ; un des dirigeants du bureau d’Europe occidentale de l’IC à Berlin d’avril 1929 à mars 1933, auteur d’un rapport sur l’offensive du fascisme et les tâches de l’Internationale communiste devant le VIIe congrès de l’IC (le 2 août 1935) ; secrétaire général du Comité exécutif du Komintern d’août 1935 à juin 1943.

Le père de Dimitrov, Dimitri Mikhaïlov, était artisan, sa mère, Parachkéva Docéva, femme au foyer. Dimitrov abandonna ses études en 1894 pour commencer à travailler dans une imprimerie. En 1900, il devint membre du Syndicat des imprimeurs de Sofia puis, en 1902, entra au Parti ouvrier social-démocrate de Bulgarie (POSDB). Syndicaliste, il participa activement aux grèves. Un des fondateurs, en 1904, de l’Union générale syndicale ouvrière, il fut, en août 1905, élu secrétaire de la section de Sofia du POSDB avant d’être arrêté, en 1906, par la police bulgare pour sa participation au mouvement gréviste. La même année, il épousa Lioubitsa (Liouba) Ivochévitch, Serbe, couturière.

Auteur d’articles dans la presse syndicale, de brochures et de tracts sur les problèmes du mouvement ouvrier, il devint membre du comité central du POSDB, puis secrétaire du comité syndical de l’Union générale syndicale ouvrière cette même année. À ce titre il visita la Serbie (1911), la Roumanie (1912), et participa à la 7e conférence internationale des syndicats à Budapest (1911) et à la conférence balkanique des syndicats à Vienne (1913). Élu député de l’Assemblée populaire de Bulgarie en 1913, il le resta jusqu’en 1923. Devenu secrétaire du groupe parlementaire du Parti ouvrier social-démocrate de Bulgarie, il y travailla avec son président D. Blagoïev, dont il se voulait le disciple et l’adepte. Dimitrov participa aux Assemblées balkaniques de la social-démocratie à Belgrade (1909) et à Bucarest (1915). Au début de la Première Guerre mondiale, il adopta une position internationaliste, en condamnant la guerre impérialiste. Il salua la Révolution d’octobre 1917 en Russie et, en août 1918, fut condamné par un tribunal bulgare à 3 ans de prison pour « incitation des militaires à renoncer au respect des supérieurs et à la discipline dans les conditions de guerre ». Du 29 août au 16 décembre 1918, il resta en prison ; il fut libéré par une amnistie.

Le 22e congrès du POSDB (25-27 mai 1919), auquel il participa, décida de rebaptiser l’organisation en Parti communiste de la Bulgarie et adopta un nouveau programme fondé sur les principes inspirés du bolchevisme.
Lors de la première Assemblée balkano-danubienne des syndicats (Sofia, le 3-4 novembre 1920), à laquelle Dimitrov prit une part active, fut créé le secrétariat provisoire balkano-danubien des syndicats, qui appartint ultérieurement à l’Internationale syndicale rouge (Profintern).

Délégué du Parti communiste de Bulgarie au IIe congrès du Komintern (été 1920), Dimitrov essaya de gagner illégalement la Russie soviétique afin d’y assister avec Kolarov*, mais il fut arrêté par les autorités roumaines. En juillet 1920, il fut délégué au IIIe congrès du Komintern, et au congrès constitutif du Conseil international des syndicats qui devait donner naissance en juillet 1921 à l’Internationale syndicale rouge (ISR). La même année il se rendit, en Autriche, au congrès du Parti communiste autrichien avant de se rendre en l’Italie pour assister au 17e congrès du Parti socialiste italien à Livourne. Après être passé par l’Allemagne, Dimitrov rentra à Vienne, d’où il reparti pour Pétrograd en février 1921 puis pour Moscou, où il resta de mars à août 1921. Reçu par V. Lénine* le 9 avril, Dimitrov intervint le 14 mai au 4e congrès des syndicats de Russie. Puis, du 22 juin au 17 juillet il participa au IIIe congrès de l’Internationale communiste.

Lors du Ier congrès de l’ISR (Profintern), tenu à Moscou du 3 au 22 juillet 1921, il s’engagea à transformer radicalement les anciens syndicats de masse, pour faire du Profintern un instrument de la lutte pour la dictature du prolétariat sous la direction idéologique et politique du Komintern. Il devint ainsi un des dirigeants de l’ISR, membre de la commission sur l’idéologie et de la commission financière pour les syndicats des Balkans.

Dimitrov fut délégué au IVe congrès du Komintern (5 novembre-5 décembre 1922) et participa activement au IIe congrès du Profintern (19 novembre-2 décembre 1922 à Moscou). Dans son discours au congrès du Profintern, il appela à la lutte continue contre le réformisme dans le mouvement syndical. Il fut élu membre du Comité exécutif du Profintern.
Pendant le coup d’État fasciste en Bulgarie le 9 juin 1923, Dimitrov et autres dirigeants du PCB, adoptèrent une attitude de neutralité, sans appeler à défendre le gouvernement légitime de A. Stambolisky. Dimitrov changea d’attitude à la suite d’une directive du Komintern (août 1923) appelant le PC bulgare à renforcer ses efforts pour préparer l’insurrection armée des masses. En septembre 1923, Dimitrov fut un des dirigeants de l’insurrection armée organisée par le Parti communiste. Après l’échec de cette entreprise il fut condamné à mort par contumace et quitta la Bulgarie. Il se rendit alors en Yougoslavie puis en Autriche où il prit part à la constitution du Comité étranger du Parti communiste bulgare dont il resta membre jusqu’en mars 1925. Le 17 décembre 1923, Dimitrov fut élu secrétaire du Bureau de la Fédération communiste des Balkans, qui coordonnait les activités des partis communistes des pays des Balkans — Bulgarie, Grèce, Yougoslavie, Roumanie — et établissait la liaison avec le Comité exécutif de l’IC.

En janvier 1924, Dimitrov partit pour Moscou afin de participer à la discussion organisée par le CE de l’IC sur « la question bulgare ». Dans la résolution finale, l’attitude de neutralité, défendue par les dirigeants du Parti communiste bulgare face aucoup d’État de juin 1923, fut désapprouvée ; l’importance de l’insurrection de septembre pour le développement du mouvement révolutionnaire en Bulgarie fut soulignée tandis que la stratégie de la direction du Parti communiste bulgare en vue d’une nouvelle insurrection fut approuvée. Dimitrov appuya ces décisions du Comité exécutif de l’IC même si elles ne correspondaient pas tout à fait à la situation réelle en Bulgarie. Pendant son séjour à Moscou, Dimitrov apprit la mort de Lénine* et suivit le cercueil du corps de Lénine* de Gorki (près de Moscou) à Moscou le 23 janvier 1924.

En avril 1924, nommé représentant du Comité exécutif de l’Internationale communiste auprès du PC autrichien, il prit une part active au rétablissement de la ligne politique souhaitée par le Komintern. Du 17 juin au 8 juillet 1924, délégué du Parti communiste bulgare et de la Fédération communiste des Balkans, il prit part aux travaux du Ve congrès de l’IC. Il participa notamment aux commissions politique, syndicale et d’organisation, traitant des problèmes des colonies mais aussi de la situation politique du congrès en Pologne, Angleterre et Autriche. Dimitrov fut élu candidat au Comité exécutif du Komintern. Parallèlement, Dimitrov siégeait au bureau du IIIe congrès du Profintern, travaillait dans les commissions anglaise et allemande et était réélu membre du Comité exécutif du Profintern. En juillet 1924, il participa activement au 7e congrès de la Fédération communiste des Balkans.

Après la 5e session plénière élargie du Comité exécutif de l’Internationale communiste, en mars 1925, il resta à Moscou pour travailler dans l’appareil du comité, notamment dans les sections d’information et d’organisation. Rédigeant des documents et des directives adressées aux partis communistes, il participa aux séances du Secrétariat du CE de l’IC.

Lors de la 6e session plénière élargie du Comité exécutif du Komintern (du 17 février au 15 mars 1926) fut discutée l’action des partis communistes en faveur de l’unité du mouvement syndical. La discussion sur le Parti communiste allemand occupa une place importante dans les travaux de cette session. Des divergences s’exprimèrent entre Zinoviev* et Staline*. Zinoviev* soutenait l’aile gauche du PCA, tandis que Staline* insistait sur son élimination. En tant que représentant de la délégation bulgare, Dimitrov défendit le point de vue de Staline* le 15 mars et désapprouva la déviation gauchiste qu’il présentait comme le danger principal pour le PCA et le mouvement communiste en général : « Il faut surmonter définitivement ce danger à tout prix dans l’immédiat… C’est une condition nécessaire pour un bon développement ultérieur du Parti allemand » (G. Dimitrov, Œuvres,
V.S. Sofia, 1950, p. 240). Après la réorganisation de l’appareil du Komintern, Dimitrov devint responsable des activités des secrétariats polonais et balte et prit une part active aux activités du secrétariat des Balkans.

Fin janvier 1927, Dimitrov partit pour Vienne : son départ d’URSS s’expliquait notamment par ses difficultés à conformer son mode de vie aux règles strictes de l’IC à Moscou. À Vienne, il devint un des dirigeants du secrétariat du Parti communiste bulgare et le rédacteur en chef de la revue théorique de ce parti : Communistitchesko znamia (Drapeau communiste). Il prépara le travail de la conférence de 1925 du Parti communiste bulgare à Moscou et participa à ses séances. Il anima également le plénum du comité central du Parti communiste bulgare à Vienne (1926) ainsi que sa 2e conférence illégale à Berlin (décembre 1927-janvier 1928).
Lors du IVe congrès de l’Internationale syndicale rouge (mars 1928), Dimitrov insista sur la nécessité de lutter contre le danger croissant du fascisme et fut élu membre du bureau exécutif. L’été de la même année, Dimitrov prit part au VIe congrès de l’IC (17 juillet-1er septembre 1928) où, le 6 août, il souligna l’importance d’élargir la lutte contre le danger de la guerre, pour la défense de l’URSS. Au début de 1929 le quartier général des communistes bulgares en émigration se déplaça à Berlin. Là, Dimitrov continua son activité en tant que membre du bureau étranger du comité central du Parti communiste bulgare et membre du bureau exécutif de la Fédération communiste des Balkans, créée fin janvier 1929. En avril 1929, il fut placé à la direction du Bureau d’Europe occidentale du Komintern (WEB).

Dimitrov devait veiller à l’application des directives de Moscou et à la consolidation des rapports de l’IC avec certains partis communistes européens. Il suivit avec une parfaite orthodoxie la stratégie « classe contre classe », la lutte contre la social-démocratie, contre la guerre et fascisme comme l’atteste sa correspondance en mai et juin 1931 avec la direction de l’IC.

À la demande de la direction du Komintern Dimitrov participa au congrès international antifasciste (1929), au congrès européen des paysans (1930), et au 8e congrès de l’Assistance internationale ouvrière, le SOI (1931). En juillet 1929, il participa au deuxième congrès de la Ligue anti-impérialiste à Francfort-sur-le-Main, où il fut élu membre du comité exécutif de la Ligue ; en août 1932, lors du congrès International contre la guerre à Amsterdam.
Arrêté à Berlin par la police allemande le 9 mars 1933, Dimitrov fut accusé d’avoir incendié le Reichstag. Durant l’instruction, menée à Leipzig du 21 octobre au 23 décembre 1933, il fit montre de détermination et répondit à ses accusateurs avec dignité. Rejetant point par point la thèse du complot et du coup de force fomenté par l’Internationale communiste, il s’efforça d’utiliser ce procès pour dévoiler la politique des nazis et pour faire connaître les idées communistes. Le 23 décembre 1933, il fut acquitté par le 4e tribunal criminel, mais resta en état d’arrestation.

Selon la presse soviétique du 16 février 1934, le gouvernement soviétique répondit positivement à une demande de la famille de Dimitrov et lui accorda la citoyenneté soviétique. Après cette décision, Hitler fit un geste en direction de Staline* en libérant Dimitrov et en l’envoyant en URSS le 27 février 1934. Au cours du procès de Leipzig, Dimitrov avait acquis une notoriété et un prestige international. Le 29 avril 1934, il fut élu au Secrétariat politique et à la Commission politique du CE de l’IC, et dirigeant du secrétariat de l’Europe centrale. Le 28 mai, il fut chargé par la commission politique de préparer un rapport pour le VIIe congrès de l’IC, sur l’offensive du fascisme et les tâches de l’IC dans la lutte pour l’unité de la classe ouvrière.

Avec la participation active de Dimitrov, la direction de l’IC élabora en 1934 « une nouvelle orientation stratégique », qui correspondait à l’évolution des orientations politiques de Staline*, d’opposition frontale à l’Allemagne nazie sur le plan international. À la mi-mai, Dimitrov rencontra Thorez* dans une maison de repos (« Arkhangelskoïé ») des environs de Moscou. Les communistes français furent incités à prendre l’initiative de faire des propositions d’unité d’action aux socialistes, contre le fascisme et la réaction. Si Manouilski* avait la charge d’impulser et de contrôler la nouvelle politique du PCF, Dimitrov en supervisait la mise en œuvre. Le 7 novembre 1934, il publia dans La Pravda un article titré « La lutte pour le front unifié ». Il y soulignait que le fascisme était l’ennemi principal du mouvement communiste international ainsi que des forces ouvrières et démocratiques, l’ennemi de la paix et du progrès ; l’offensive du fascisme pouvait être arrêtée par la création et la consolidation d’un front unifié.

Le changement de l’orientation politique de l’IC entraîna certaines modifications dans la direction et le fonctionnement du CE. Dimitrov fit des propositions, approuvées par Staline* en octobre 1934, concernant les méthodes de l’IC, sa structure et son personnel. Ces propositions furent prises pour base des « Instructions du bureau politique du CC du PCR (b) sur le travail de la délégation du PCR dans l’IC ». Dans ce document était affirmée la nécessité de diffuser l’expérience du Parti communiste russe aux autres partis communistes, « en évitant d’ailleurs l’application mécanique des méthodes du travail du PCR aux conditions des partis des pays capitalistes et au niveau du développement de ces partis ».

Dimitrov prépara activement le VIIe congrès du Komintern en défendant, avec l’accord de Staline* la ligne politique de création d’un front unifié des ouvriers dans la lutte contre le fascisme, ce qui supposait un changement de la tactique dans les rapports avec la social-démocratie.

Le 2 août 1935, dans son discours au congrès intitulé « Offensive du fascisme et les objectifs essentiels de l’IC », Dimitrov souligna la nécessité de l’unité des actions de la classe ouvrière sans aucune condition […] pour qu’elle soit orientée contre le fascisme et pour le changement de la tactique par rapport à la social-démocratie » (G. Dimitrov, Œuvres choisies, M, 1957. C 395). Il cita le PCF en exemple et reprit à son compte la notion de Front populaire. Prenant appui sur l’évolution de la situation politique en France il envisagea la possibilité d’une participation, sous certaines conditions, des communistes à un gouvernement de Front populaire.

Au cours de ce VIIe congrès, Dimitrov fut élu membre du bureau et secrétaire général du CE de l’Internationale communiste ; il coordonna désormais la stratégie et la tactique de l’IC en liaison avec la direction stalinienne du Parti communiste russe (bolchevique). Établissant le programme de travail du Secrétariat de l’Internationale communiste, il jouait un rôle important dans l’élaboration de ses décisions : il s’occupait de faire le lien avec les partis communistes de chaque pays, leur envoyait directives et argent. Il dirigeait également toute l’activité administrative de l’IC en relation avec les services soviétiques de renseignements et de la sûreté de l’État. Il soutint les purges et la répression stalinienne contre les membres de l’IC, sans toutefois les impulser.

Durant les années 1930, les problèmes de la guerre civile en Espagne et les événements en Chine occupèrent une place importante. Dimitrov s’intéressait beaucoup au Parti communiste français. Il avait des contacts permanents avec Thorez, Fried*, Tréand*, Cogniot*, Marty (pour les événements en Espagne). Dans les directives adressées aux dirigeants communistes français au printemps et en été 1936, Dimitrov appelait le PCF à être prudent et à se concentrer sur la consolidation du Front populaire, sur la lutte contre les fascistes et les réactionnaires. Dans un télégramme du 1er mai 1936, il écrivait : « Il faut réagir contre tentations réactionnaires de créer confusion parmi électeurs et miner positions Front populaire avec agitation que communistes veulent utiliser leur victoire instaurer directement pouvoir soviétique » (RGASPI, 495 184 43).

Après la victoire du Front populaire aux élections, Moscou se prononça contre la participation des communistes au gouvernement. Dans sa directive adressée à Thorez*, du 12 mai, Dimitrov indiqua : « Considérons juste position Parti ne pas participer au gouvernement mais de l’appuyer contre droitiers dans réalisation programme Front populaire… gouvernement nouveau devra agir comme exécuteur volonté et programme Front populaire. C’est pourquoi malgré que ne participant pas au gouvernement PC doit s’intéresser de très près composition nouveau gouvernement et chercher obtenir que postes décisifs en particulier ministre intérieur et affaires étrangères se trouvent dans mains éléments les plus sûrs possibles de point de vue lutte contre fascisme et collaboration franco-soviétique » (RGASPI, 495 184 43).

Le 14 septembre 1936, Dimitrov discuta des affaires françaises avec Molotov, Kaganovitch et d’autres dirigeants soviétique qui se prononcèrent pour le prolongement de la politique du Front populaire et contre la démission du gouvernement de Blum : « On ne renverse pas le gouvernement Blum, on critique la politique de Blum. » Les 1517 décembre, la question du Front populaire était discutée au Secrétariat et au bureau du CE du Komintern. Suivant les directives du Kremlin, Dimitrov se prononça à nouveau pour maintenir la politique du Front populaire et pour la correction de certaines fautes des camarades français, telles que le lancement du mot d’ordre « Front français », la publication par Thorez* le 30 août dans l’Humanité de l’article sur la visite en France du général polonais Ridz Smigla. Cette orientation politique fut réaffirmée dans la directive de Dimitrov, datée du 3 décembre : « Conseillons dans critique de la politique gouvernementale et dans vote au parlement prendre en considération que classe ouvrière n’a pas intérêt dans situation actuelle ni provoquer crise gouvernementale ni renverser gouvernement Blum » (RGASPI, 495 184 40). Ainsi, le Secrétariat du CE de l’IC sous la direction de Dimitrov confirmait qu’il ne voulait pas susciter de crise gouvernementale en France. Cette position fut confirmée par Staline* durant un entretien avec Dimitrov au Kremlin le 16 décembre : « Nous devons continuer à suivre une même ligne : critiquer Blum en évitant le sabotage. »
Fin juin-début juillet 1937, Tréand* vint à Moscou pour discuter avec Dimitrov de l’aide à la République espagnole par l’intermédiaire du PCF et des Brigades internationales. En novembre 1937, Dimitrov souligna l’intérêt des affaires françaises après un rapport de Thorez* à la direction de l’IC (le 18 novembre) sur la situation en France et le prochain congrès du PCF. Le secrétaire général de l’IC mit en garde les communistes français contre un optimisme excessif, contre « le vertige du succès ». Dimitrov précisa les directives adressées au PCF : « L’essentiel dans la politique extérieure — réussir la politique indépendante de la France sans la soumettre à la volonté des conservateurs au profit de la paix ; la résistance décidée aux agresseurs fascistes. L’essentiel dans la politique intérieure — le maintien et la consolidation du Front populaire pour la mise en pratique de son programme.

L’essentiel pour la consolidation du front populaire — garder les rapports avec le Parti radical-socialiste, avec leurs adhérents et leurs comités. L’essentiel dans la lutte pour l’unité de la classe ouvrière de la France — la consolidation du Parti communiste lui-même. »

Le 10 mars 1938, Dimitrov envoya à Thorez* la directive suivante qui critiquait les initiatives du PCF : « En présence d’une crise gouvernementale nous mettons en garde une fois de plus le Parti contre tentatives entraîner communistes dans le ministère. Tenant compte de la situation internationale et situation intérieure française il faut lutter pour le gouvernement de Front populaire sans les communistes » (RGASPI, 495 184 1). Lors de la désintégration du Front populaire, après Munich, Dimitrov exposa son point de vue dans un télégramme envoyé le 10 octobre 1938 au Secrétariat du CE de l’IC de Kislovodsk, où il était en vacances : « Nos camarades ne doivent pas se faire peur avec le danger de la dissolution du Parlement. Il faut être prêt à cette éventualité avec les socialistes. À mon avis, il faudrait répondre sans crainte au chantage de Daladier par le mot d’ordre “Vive les nouvelles élections !” Il faut réussir à isoler le groupe de Daladier des masses radicales en s’appuyant sur les meilleurs parmi les radicaux, sans craindre la scission du Parti radical… »

Jusqu’au Pacte germano-soviétique (23 août 1939), l’IC, Dimitrov à la tête, défendit la résistance au fascisme allemand. Les sections de l’IC devaient soutenir les efforts de l’URSS pour la création du front de la paix contre l’agresseur fasciste, pour défendre l’URSS du danger de l’agression militaire.

Le tournant dans la politique de l’IC eut lieu après l’entretien de Dimitrov et Staline* le 7 septembre 1939, au cours duquel Staline* déclara que la guerre actuelle était un affrontement entre deux groupes de pays capitalistes pour un nouveau partage du monde, pour une nouvelle hégémonie : « Nous ne sommes pas contre la bagarre entre eux qui les affaiblira tous. » Staline* proposa d’abandonner le slogan de Front populaire unifié. Les communistes des pays capitalistes devaient se prononcer et agir contre les gouvernements dans leurs pays, contre la guerre. Staline* chargea Dimitrov de préparer et de publier les thèses du CE du Komintern : il fallait faire savoir à la classe ouvrière que la guerre déchaînée était une guerre pour l’hégémonie dans le monde des grands patrons des pays capitalistes qui discutaient leurs intérêts impérialistes ; que cette guerre n’apportait à la classe ouvrière que des souffrances et des privations. Staline* appela à se prononcer et à agir contre cette guerre et contre ceux qui l’avaient déclenchée.

Dimitrov réalisa les indications de Staline* sous la forme de directives aux partis communistes (les 8-9 septembre). Le leader de l’IC parvint avec persévérance à opérer le tournant dans la politique des partis communistes, en soumettant à la critique et en corrigeant, en particulier, la direction des partis communistes de France et de Belgique. Pour assurer le tournant, Dimitrov écrivit l’article programmatique : « La Guerre et la classe ouvrière des pays capitalistes » qu’il avait dû remanier après les critiques de Staline*. Ce texte fut enfin publié dans les n° 8-9 de la revue Internationale communiste. Il soulignait le caractère injuste de la guerre impérialiste, condamnait la grande bourgeoisie des pays capitalistes et accablait en premier lieu la bourgeoisie des pays coupables de participer à la guerre. Il affirma que les impérialistes anglais et français étaient des partisans acharnés de la continuation de la guerre.

G. Dimitrov soutint toutes les démarches de la politique extérieure de l’URSS, y compris l’entrée de l’Armée rouge sur le territoire de l’Ukraine occidentale et de la Biélorussie occidentale, la conclusion des accords sur le soutien mutuel avec les pays baltes ainsi que la guerre de l’URSS contre la Finlande.

En mai-juin 1940 des nuances apparurent dans la position de Dimitrov : son orientation en faveur de la résistance aux envahisseurs fascistes en Europe prit forme. Les directives adressées aux partis communistes les invitaient à se soucier de leur propre consolidation et de leur politique indépendante ainsi qu’à refuser tout soutien aux protagonistes du conflit. L’accent fut mis sur la lutte pour les intérêts vitaux des masses travailleuses dans tous les domaines : social, économique et politique. Fut enfin évoquée la restauration de l’indépendance politique des pays occupés, même si elle n’était pas primordiale. Le 22 juin 1940, Dimitrov envoya une directive au CC du PCF dans laquelle il traçait une ligne politique précise : rétablir et consolider la structure du Parti, créer à la base des comités pour la défense des intérêts vitaux des masses, résister aux actes de brigandages des envahisseurs, discréditer définitivement la bourgeoisie française et les cercles gouvernementaux, former un large front de lutte pour la France libre et indépendante. « Dans toutes les conditions les communistes doivent rester avec le peuple et marcher toujours aux premiers rangs dans la lutte libératrice ». (RGASPI, 495 18 1321)

Ayant reçu, en juillet 1940, l’information sur des démarches des dirigeants du PCF à Paris auprès des occupants, en particulier, sur leurs pourparlers avec des représentants des pouvoirs allemands en vue de l’édition légale de l’Humanité, le Secrétariat du CE du Komintern étudia la situation du PCF le 17 juillet. Deux jours plus tard, Dimitrov précisa ses indications à la direction du PCF : « Indispensable redoubler vigilance contre manœuvres des occupants. Était juste entreprendre démarches pour obtenir presse légale, mais entrevue avec Abetz faute, car danger compromettre Parti et militants. Au moyen de méthodes strictement clandestines, sans propagande ouverte, sans engager le Parti et en observant loyauté apparente, nécessaire susciter résistance passive des larges masses et sous toutes formes contre envahisseurs […] Nécessaire déclencher campagne de masse contre utilisation territoire et ressources pays comme bases pour continuation de la guerre […] Ligne d’organiser et diriger mécontentement masses contre clique gouvernementale pour atteindre ses protecteurs absolument juste » (RGASPI, 495 18 1322). Cette directive du 19 juillet se proposait de réorienter le PCF autour des principes suivants : opposition résolue au gouvernement de Pétain, aucun soutien à l’occupant nazis, accentuation du mécontentement des masses dirigé contre les envahisseurs. Ayant reçu des informations sur la poursuite des contacts entre le PCF et les Allemands, la direction du Komintern prépara un second télégramme, plus catégorique : « Le Parti doit catégoriquement repousser et condamner comme trahison, toute manifestation de solidarité avec les occupants. Indispensable éviter articles, déclarations, pourparlers, entrevues tels qu’ils pourraient avoir le caractère d’expression de solidarité avec les occupants ou pourraient signifier approbation ou justification de leurs actes. » Jacques Duclos* fut désigné comme seul responsable de la mise en œuvre de ces recommandations (RGASPI, 495 18 1322).

À partir d’août 1940, une nouvelle ligne du PCF, approuvée par la direction de l’IC, fut clairement définie : démasquer le gouvernement de Pétain, renoncer à toute collaboration avec les autorités allemandes, utiliser prudemment le mécontentement populaire pour organiser la résistance à l’occupant.

La tendance anti-allemande réfrénée jusqu’alors dans les activités de Dimitrov, se manifesta pleinement après la visite officielle du ministre soviétique des Affaires étrangères, Molotov à Berlin en novembre 1940, visite où se révélèrent des contradictions entre l’Allemagne et l’URSS. Fin novembre, Dimitrov demanda à Molotov son avis sur les stratégies à employer contre l’occupant : « Nous menons la ligne de la démoralisation des troupes des envahisseurs allemands dans différents pays et voudrions accentuer ce travail sans trop en parler. Cette ligne ne va-t-elle pas gêner la politique soviétique ? » Molotov répondit : « Certainement, il faut le faire. Nous ne serions pas communistes si nous ne menions pas cette politique. Mais il faut le faire avec discrétion. »

Quelques mois plus tard, l’IC proposa alors aux partis communistes de certains pays la création d’un front national comme instrument politique potentiel pour la consolidation des partis et la préparation à la lutte de libération. La directive de Dimitrov adressée à la direction du PCF, en date du 26 avril 1941, orientait le Parti vers la lutte pour l’indépendance nationale, pour la création d’un large front national contre les « traîtres » et les « capitulards ».

Le 21 avril 1941, Dimitrov apprit oralement de Staline* l’éventualité de la dissolution de l’IC. Il en discuta avec Manouilski*, Jdanov, Togliatti* et Thorez*. Il était envisagé de créer, à la place de l’IC, un nouvel organisme d’information, d’aide idéologique et politique aux partis communistes. Cependant, à la mi-mai, toutes les démarches en vue de la dissolution de l’IC furent arrêtées.

Le 22 juin au matin, Dimitrov appelé d’urgence au Kremlin, apprit par Staline* l’agression allemande contre l’URSS. Il lui donna des indications sur le travail que devait accomplir le Komintern pour faire face à la nouvelle situation.

Le même jour Dimitrov convoqua une réunion extraordinaire du Secrétariat du Komintern pour fixer les nouveaux objectifs. Il fallait développer le mouvement pour la défense de l’URSS, organiser les peuples des pays occupés ainsi que le peuple allemand, afin qu’ils luttent pour leur libération. Dimitrov déclara ainsi : « tout ce qui aide l’URSS, tout ce qui accélère l’écrasement du fascisme devient déterminant dans notre activité […]. Il s’agit actuellement de la lutte pour l’indépendance nationale dans des pays concrets » (RGASPI, 495 18 1335). Le Secrétariat du CE de l’IC décida de réorganiser immédiatement l’appareil de la direction de l’IC et de nommer Dimitrov, Manouilski*, et Togliatti*, comme dirigeants du CE de l’IC. Il envoya également aux partis communistes des directives reprenant les thèmes du discours de Dimitrov : « L’agression perfide contre l’URSS par l’Allemagne est un coup non seulement contre le pays du socialisme, mais aussi contre liberté et indépendance de tous les peuples. Défense de l’URSS est en même temps défense des peuples des pays occupés par Allemagne, ces peuples reçoivent la possibilité de développer lutte pour libération contre l’asservissement allemand. Il est nécessaire de prendre toutes les mesures pour faciliter lutte du peuple soviétique, d’empêcher tous plans antisoviétiques de la part des éléments réactionnaires du capital international. Il est nécessaire de développer mouvement de masse sous mot d’ordre : création front unique de lutte des peuples contre brigands fascistes allemands et italiens, en défense peuples asservis par fascisme dont cause est indissolublement liée à la victoire de l’URSS. Tenez compte qu’à l’étape donnée il s’agit de libération de l’asservissement fasciste et non de révolution socialiste » (RGASPI, 495 184 5).

Dans ces nouvelles conditions Dimitrov apportait beaucoup d’attention à l’activité de la section de la presse et de la propagande, en particulier la propagande radio. Le 25 juin il approuva la proposition de Duclos* d’établir des contacts avec le mouvement gaulliste : « Le moment est venu rechercher et organiser contacts directs avec mouvement gaulliste » (RGASPI, 495 184 13).

Devant les défaites de l’Armée rouge, Molotov dit à Dimitrov, le 30 juin 1941 : « Chaque minute compte. Les communistes doivent effectuer partout des actions pour défendre le peuple soviétique. L’important est de désorganiser à l’intérieur les Allemands et de démoraliser leur armée. » S’inspirant de ces indications Dimitrov demanda donc aux partis communistes des actions décidées, sans tenir compte des difficultés et des victimes possibles.

Le 8 août, Dimitrov parla des activités du PCF avec Thorez* et Marty*. Ils déterminèrent les orientations politiques du PCF et conseillèrent aux communistes français d’entrer dans l’armée de Pétain en France et dans l’armée de De Gaulle hors du territoire. Un télégramme adressé à Duclos* le 9 août 1941, mentionnait que : « [La] situation permet et exige actions toujours plus énergiques et création mouvement national de masse offensif contre envahisseurs […] Cela accélère création en France conditions pour victorieuse guerre nationale de libération. Indispensable par conséquent commencer préparation pratique masses pour telle proche perspective » (RGASPI, 495 184 5).

En raison de l’avancée des troupes hitlériennes, Dimitrov, quitta Moscou, le 15 octobre 1941, pour Kouybichev où il resta jusqu’en avril 1942. L’essentiel de l’appareil du CE de l’IC fut évacué à Oufa. Dimitrov gardait des contacts avec les dirigeants soviétiques, assurait la direction générale de l’activité propagandiste et d’organisation du CE de l’IC. Il continua d’envoyer des directives aux partis communistes. Le 3 novembre 1941, il souligna que les victoires militaires d’Hitler étaient temporaires, qu’il connaissait des difficultés considérables et que l’URSS était prête à mener la guerre jusqu’à « la fin glorieuse » que la volonté et l’unité du peuple soviétique étaient fermes. La contre-offensive de l’Armée rouge près de Moscou en décembre 1941 suscita chez Dimitrov un optimisme exagéré concernant la capacité stratégique de l’armée soviétique et la proximité des combats décisifs.

Le 31 janvier 1942, Dimitrov organisa à Oufa une discussion sur l’activité du PCF avec la participation de Manouilski*, Togliatti*, Thorez*, Marty* et Stepanov*. Les participants recommandèrent à Thorez* et à Marty* d’encourager la direction du Parti en France à accentuer la lutte dans le pays avec la perspective d’une insurrection armée contre les envahisseurs. Cette directive fut envoyée à Duclos*, le 11 février.

Au cours d’une réunion des secrétaires du CE de l’IC et des responsables des rédactions radio, tenue le 7 juin 1942 à Oufa, Dimitrov confirma la ligne politique du déploiement de la lutte armée active. Il souligna « aujourd’hui nous pouvons dire : l’offensive prévue par Hitler pour ce printemps a échoué ». En partant de cette assertion inexacte, Dimitrov déclara en conclusion : « Il faut passer à l’offensive… L’important aujourd’hui, c’est la lutte, la lutte active, la lutte armée, la lutte acharnée. »

Les événements de novembre 1942 modifièrent la situation politique en France. Lors de la réunion du Secrétariat du CE de l’IC, le 11 novembre, une nouvelle initiative fut prise : « en ce qui concerne la France, il faut mener la lutte commune avec les Américains contre les occupants italo-allemands pour la libération de la France » (RGASPI, 4995 18 1338). Le 8 décembre, Dimitrov, Thorez* et Marty* envoyèrent le télégramme suivant à Duclos* : « Étant donné situation nouvelle, estimons nécessaire que vous envoyiez représentant à Londres auprès De Gaulle » (RGASPI, 495 184 8).
Le 11 décembre 1942, les dirigeants de l’IC transmirent à Duclos* une directive détaillée, approuvée par le Kremlin, qui appelait le PCF à créer une large coalition des forces patriotiques prévoyant la collaboration avec le mouvement du général de Gaulle dans le but d’une lutte efficace contre les occupants. La préparation de l’insurrection armée des masses pour la libération de la France fut désignée comme un objectif concret. Le mouvements des Francs-tireurs et partisans était destiné à jouer un rôle décisif dans la libération du pays et la création de la future armée nationale. La consolidation du PC et de ses brigades armées devrait contribuer à augmenter le poids du PCF dans la coalition des forces patriotiques.

Le 8 février 1943 Dimitrov étudia, avec Thorez* et Marty*, le projet d’accord, rédigé en France, entre le PCF et le mouvement du général de Gaulle. Il fut recommandé à la direction du PCF de ne pas encore signer d’accord officiel, mais de se limiter à des déclarations mutuelles en faveur d’une coordination des actions entre les communistes et les gaullistes contre les occupants afin de renforcer la résistance en France. Dans la soirée du 8 mai 1943, Dimitrov et Manouilski* furent appelés chez Molotov. Tous jugèrent que, dans les conditions du moment, l’activité du Komintern comme centre de coordination du travail des partis communistes, pourrait empêcher l’évolution indépendante des partis ainsi que la réalisation de leurs tâches particulières. Dimitrov et Manouilski* préparèrent le projet de résolution du bureau du CE de l’IC annonçant la dissolution de l’Internationale communiste, Dimitrov mit en œuvre ce projet sur la base des recommandations de Staline*.

Le 12 juin 1943, Staline* prit la décision de créer au sein du comité central du PCR (b) une section d’information internationale, destinée à coordonner l’activité des comités antifascistes, des stations radio clandestines, à entretenir les rapports avec l’étranger. Elle devait également s’occuper de l’agence télégraphique Soupresse ainsi que des éditions en langue étrangères. De juillet à décembre 1943, Dimitrov en fut le chef adjoint puis de janvier 1944 à septembre 1945, le responsable. Il joua un rôle important dans la pérennisation des liens entre Moscou et les partis communistes tout en travaillant sous l’autorité immédiate de Molotov.

Le 5 mars 1944, Dimitrov eut un entretien avec Togliatti* avant que ce dernier ne parte pour l’Italie. Sur la base des indications de Staline*, reçues au cours de leur rencontre, dans la nuit du 3 au 4 mars, il envoya avec Togliatti* une directive orale aux dirigeants français notamment Marty* et Guyot*. Il leur recommandait de consolider les forces pour le combat final en encourageant la reconstitution de l’armée française et le renforcement de ses opérations, en préparant l’épuration dans l’appareil d’État des partisans de Pétain et de Laval et en aidant les groupes de résistants en France. Dimitrov encourageait la direction du PCF à transformer le Parti en une grande force nationale et gouvernementale sachant convaincre les larges masses. Il considérait comme prématurée et inutile la discussion sur la future Constitution française.

À partir de l’automne 1944, Dimitrov s’occupa à nouveau des Balkans et en particulier de la situation en Bulgarie. Le 21 août 1945, le Soviet suprême de l’URSS lui retira son statut de député et sa citoyenneté soviétique. Le 4 novembre 1945, il revint en Bulgarie. Il fut élu à l’Assemblée populaire et désigné comme président du groupe parlementaire communiste. Après la victoire du front national aux élections à la Grande Assemblée populaire, le 22 novembre 1946, Dimitrov forma un nouveau gouvernement à la tête duquel il demeura jusqu’à sa mort. Il mit en œuvre des réformes sociales, économiques et politiques dites « socialistes » et détermina la politique extérieure de la Bulgarie, comme la politique de la « coopération socialiste ». Très souvent il suivait les indications directes de Staline*. Au 2e congrès du Front national (les 2-3 février 1948), Dimitrov fut élu chef du comité national de cette organisation. Il devint le secrétaire général du Parti communiste bulgare lors du 5e congrès 1825 décembre 1948.

Dimitrov mourut le 2 juillet 1949 dans la maison de convalescence « Barvikha « (près de Moscou), où il se trouvait depuis le mois de mars de cette année. Son journal, aujourd’hui publié, est une source précieuse pour l’histoire de l’IC.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49937, notice DIMITROV Géorgi. Pseudonymes : MIKHAÏLOV Gavzila (1912-1920, Bulgarie), KAREL (1921, Autriche-Italie), VIKTOR, HELMUT, OSKAR, JAN, CHAHAFSM, GUÉLIGAIRE Rudolf (1923-1933), JEANNETTE, PAUL, KARL, VAGAR, GEORGES, NILS, DOUGLAS (1935-1943, URSS). (version dictionnaire du Komintern) par Mikhail Narinski, Serge Wolikow, version mise en ligne le 26 avril 2009, dernière modification le 25 avril 2009.

Par Mikhail Narinski, Serge Wolikow

SOURCES : RGASPI, 495/184/1, 5, 13, 40, 43, 495/18/1321, 1322. — G. Dimitrov, Œuvre tomes 1 à 14. Sofia, 1951-1955. — Georges Dimitrov, militant éminent du mouvement communiste, Moscou 1972. — P. Radenkova, Georges Dimitrov. Biographie sommaire. Sofia press, 1982. — V. Hadjinikolov, D. Elazar and others. Georgi Dimitrov, 1882-1949, Sofia Press. — Georgi Dimitroff, Tagebücher 1933-1943, heraussgegeben von Bernhard H. Bayerlein, Aufbau Verlag, 2000, 718 p.

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