GAGNAIRE Robert, Azaël

Par Jacques Girault

Né le 27 juin 1898 à Saint-Martin-du-Clocher (Charente), mort le 27 mai 1981 à La Rochefoucauld (Charente) ; instituteur ; militant communiste de Charente ; maire de La Rochette.

Fils d’un artisan sabotier qui mourut lors des combats de la Première Guerre mondiale, Robert Gagnaire, pupille de la Nation, entra à l’École normale d’instituteurs d’Angoulême (Charente) en 1916. Il enseigna à Chasseneuil-sur-Bonnieure, puis à La Rochette. Il se maria en décembre 1920 à Gond-Pontouvre (Charente).

Membre du Parti socialiste SFIO en 1919, Robert Gagnaire rejoignit le Parti communiste après le congrès de Tours (décembre 1920) et devint un de ses principaux dirigeants régionaux. En 1925, responsable de la fabrication du matériel de propagande, il devint secrétaire de la région communiste charentaise en 1928 et le resta jusqu’en 1940.

Rédacteur en chef de l’hebdomadaire communiste charentais Le Prolétaire de 1932 à 1936, puis collaborateur à La Voix des Charentes, de 1937 à 1940, Robert Gagnaire fut candidat à plusieurs élections (élections législatives de mai 1932, dans l’arrondissement de Confolens, d’avril 1936, dans l’arrondissement d’Angoulême, élections législatives partielles d’avril 1939 dans l’arrondissement d’Angoulême). Il était connu pour son autoritarisme, avec une tendance « bureaucratique » souvent soulignée dans les rapports internes au Parti communiste. Par exemple, après la campagne électorale de 1939, l’envoyé du comité central notait : « Pas de bureau régional, pas de comité régional c’est Robert Gagnaire qui fait tout, qui décide de tout ». Son rayonnement impressionnait parfois ainsi que sa connaissance du milieu social.

Robert Gagnaire fut arrêté à la suite d’un arrêté d’internement administratif pris par le préfet de Charente le 29 février 1940. Il était alors instituteur à Bignac (Charente). Il fut interné au Centre de séjour surveillé de Sablons (Gironde) puis, évacué au camp de Chibron (commune de Signes, Var) le 27 juillet 1940 . Il faisait partie de l’équipe qui se proposait de donner des cours aux internés. À la dissolution de Chibron, il fut transféré dans celui de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn), le 16 février 1941. L’administration le révoqua de l’enseignement public en décembre 1940. Libéré le 1er mai 1941, arrêté par les Allemands le 3 juillet 1941, il fut à nouveau remis en liberté. Au printemps 1942, la Deuxième « lettre ouverte » aux ouvriers communistes diffusée par le Parti ouvrier et paysan français (créé par Marcel Gitton*) le présentait comme membre du comité central. Dans une émission de Radio-Moscou, le 3 janvier 1943, il était qualifié de « vil mouchard et odieux provocateur », ayant dénoncé des « patriotes charentais » et « dressé une liste des militants communistes, des instituteurs républicains et patriotes ». La brochure Espions, traîtres, renégats et agents de la Gestapo dénoncés par le PCF (n° 1, mai 1945) le citait comme « organisateur de l’officine hitlérienne dite POPF ». Au procès du POPF après la Libération, il affirma que son nom avait été porté sur les documents de ce parti à son insu.

Après la guerre, Robert Gagnaire, directeur d’école, devint maire de La Rochette. Réélu en 1945, en 1947, en 1953, en 1959 et en 1962, il fut à l’origine de la création du syndicat intercommunal pour l’adduction d’eau. Il se considérait toujours comme communiste. La fédération communiste, qui avait mis en doute le rôle attribué dans la brochure, dans les années 1960, chercha à le faire réintégrer au PCF. Mais la direction du PCF s’y opposa.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49938, notice GAGNAIRE Robert, Azaël par Jacques Girault, version mise en ligne le 25 avril 2009, dernière modification le 9 septembre 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : RGASPI, 517, 1, 1891, 1908 517, 2, 12. — Arch. dép. Var 4 M 291 et 292. — Notice DBMOF par A. Berland, J. Maitron et Cl. Pennetier. — Renseignements fournis par la mairie de La Rochette. —Témoignages de Jeanne Bourroux et de Michel Bainaud.— notes Jean-Marie Guillon.

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