GAILLARD Charlotte, Marie, Florence, épouse HUERRE

Par Jacques Girault, Claude Pennetier

Née le 20 décembre 1897 à Chanteloup (Deux-Sèvres), morte le 11 mai 1993 à Mazières-en-Gâtine (Deux-Sèvres) ; professeure d’École normale d’institutrices ; militante communiste d’Indre-et-Loire, d’Algérie puis de la région parisienne.

Fille de Paul Gaillard, instituteur radical, anticlérical, et d’Olive Allonneau, institutrice, Charlotte Gaillard, dont une partie de la famille habitait Paris, fit ses études au lycée de jeunes filles de Niort (1911-1916), puis à la Sorbonne (1921-1922) et au collège Sévigné (1918-1921, 1922-1924) à Paris.

Charlotte Gaillard, titulaire du brevet supérieur, commença des suppléances d’institutrice en région parisienne (Paris en 1920-1921, école maternelle de Montlhéry en 1922-1923, Saint-Mandé en 1924). Elle obtint pendant cette période un certificat de littérature française et les deux parties du certificat d’aptitude à l’enseignement dans les écoles normales et les écoles primaires supérieures. En octobre 1924, elle devint professeure intérimaire puis suppléante de lettres à l’École normale d’institutrices de Vannes (Morbihan) avec un complément de service à celle des garçons. Titularisée, elle fut nommée à l’École normale d’institutrices de Tours (Indre-et-Loire) en 1929.

Charlotte Gaillard voyagea en URSS en 1933 et en revint "définitivement acquise au communisme. Militante de la Ligue des droits de l’Homme, de l’Action laïque et démocratique des femmes, du Comité mondial des femmes, de Paix et Liberté, des Amis de l’Union soviétique, de l’AEAR, de la Maison de la Culture de Tours, elle adhéra au Parti communiste en octobre 1937, devint membre du bureau de la région communiste en décembre 1937 et fut déléguée au congrès d’Arles. Propagandiste, rédactrice à La Voix du Peuple de Touraine et, en 1938, conférencière et organisatrice de l’école régionale du Parti, proche de Kantzer, professeur communiste au lycée Descartes de Paul Delanoue, et de Léopold Sédar Senghor, elle joua un grand rôle dans les milieux intellectuels de Tours et coopéra avec Daniel Decourdemanche (Jacques Decour). Elle habitait Saint-Symphorien et y militait. Lors de la conférence régionale d’avril 1938, elle présenta « un rapport excellent sur le procès de Moscou » selon l’envoyé de la direction du Parti. Le Pacte germano-soviétique la mit mal à l’aise.

Charlotte Gaillard épousa le 5 août 1939 à Saint-Symphorien (Indre-et-Loire) Yves Huerre, ancien combattant, divorcé, répétiteur devenu surveillant général à Saint-Nazaire, déplacé à Hazebroucq, qui était depuis 1938 surveillant général au collège de Sétif (Algérie).

Charlotte Huerre fut déchue en avril 1940 du conseil d’administration de l’école normale. Depuis mars 1940, elle avait demandé un poste en Algérie pour rejoindre son mari. L’inspecteur d’Académie Vivier*, la sachant menacée d’arrestation, lui conseilla de se rendre en Algérie dans le cadre d’un congé de convenances personnelles, ce qu’elle fit à partir du 2 avril 1941. Affirmant que son poste à Tours ayant été supprimé en raison de la fermeture des écoles normales, elle obtint, en octobre 1941, un poste de professeure à l’école primaire supérieure de Sétif, puis fut mutée à l’EPS de la rue Lazergues à Alger, l’année suivante, tandis que son mari devenait surveillant général au lycée Bugeaud. Elle milita alors dans les rangs du Parti communiste algérien.

À la Libération, le couple revint en France. Elle fut nommée professeure au collège moderne d’Amiens (Somme) puis, à la rentrée de 1946, obtint un poste à l’École normale d’institutrices de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise).

Son mari avait obtenu un poste de surveillant général au lycée d’Amiens mais dut attendre la rentrée de 1947 pour devenir surveillant général au lycée Debussy à Saint-Germain-en-Laye. Pour obtenir un poste avec logement, il fut muté au lycée Marcelin Berthelot à Saint-Maur-les-Fossés (Seine, Val-de-Marne) à partir d’octobre 1948. Il mourut en mars 1949.

Charlotte Huerre vint alors habiter le IVe arrondissement de Paris. Militante du Parti communiste français, membre du comité de la section du IVe arr., elle participa aux activités du Mouvement de la paix, notamment à l’appel de Stockholm. Elle milita à l’association France-URSS, fut membre de son comité national et de la commission parisienne de l’enseignement.

Charlotte Huerre, candidate sur un poste à l’École normale d’institutrices des Batignolles, fut nommée à celle du Bourget en 1949. Elle refusa ce poste et resta enseigner à Saint-Germain-en-Laye jusqu’à sa retraite en 1958. En 1951, reconstituant sa carrière, elle s’aperçut que les six mois de son congé en 1941 ne lui étaient pas comptés. Son ancien inspecteur d’Académie, devenu préfet à la Libération, certifia qu’il lui avait donné l’ordre de partir pour échapper à une arrestation. L’administration décida alors d’annuler ce congé, assurant ainsi pour le calcul de sa retraite une continuité de carrière.

Charlotte Huerre se retira plus tard à Mazières où elle possédait une maison.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49972, notice GAILLARD Charlotte, Marie, Florence, épouse HUERRE par Jacques Girault, Claude Pennetier, version mise en ligne le 26 avril 2009, dernière modification le 27 août 2022.

Par Jacques Girault, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat., F/17 26359 B, 27003. — RGASPI, 495 270 3581, autobiographie sans date [fin 1938], 517 1 1893 et 1908. . — La Voix du Peuple de Touraine, 1937-1938. — Jean-Jacques Brilland, Les communistes en Indre-et-Loire, octobre 1936-août 1939, mémoire de maîtrise, Tours, 1977. — Didier Sénécal, Le Mouvement ouvrier en Indre-et-Loire, 1919-1939, mémoire de maîtrise, 1972. — Notes de Paul Delanoue et de Jean-Claude Guillon. — Notes d’André Lainé et de son épouse. — Notice DBMOF Gaillard Charlotte par D. Senécal et notice Huerre.

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