Par Claude Pennetier
Née le 17 décembre 1905 à Saint-Quentin (Aisne), morte le 4 janvier 2000 à Quincy-sous-Sénart (Essonne) ; sténo-dactylo ; traductrice ; permanente technique à Moscou, Vienne, Berlin, Paris ; militante communiste de Saint-Maurice (Seine, Val-de-Marne).
Fille d’instituteurs socialistes (ils furent membres du Parti communiste jusqu’à l’interdiction d’appartenance à la Franc-maçonnerie en 1922) qui avaient six enfants, Mireille Gaillard fut élevée à Paris. "Mes parents bien que petits bourgeois étaient assez avancés ; j’ai eu une éducation très libre ; j’ai fait partie étant enfant du groupe de pupilles socialistes de l’Égalitaire" écrivit-elle en 1934. Elle fit ses études secondaires au lycée Jules Ferry, obtint le brevet élémentaire, apprit la sténo-dactylo, travailla dans le commerce puis dans les services de sûreté de l’Armée du Rhin à Coblence pour perfectionner son allemand (1923-1924). Cette expérience la rapprocha du Parti communiste qui protestait contre l’occupation de la Ruhr. Son frère, Roger Gaillard, fut un important dirigeant communiste et syndicaliste de Paris.
Elle adhéra aux Jeunesses communistes du XIIe arr. en novembre 1924, recommandée par son frère. Après avoir repris un temps son travail dans le commerce, elle fut recrutée comme secrétaire par le Parti communiste. En janvier 1926, elle fut envoyée à Moscou, au service de traduction du Komintern, puis au secrétariat des pays latins sous la direction d’Humbert-Droz et de Stépanov. Un groupe de femmes françaises travaillaient avec Lebedeva (Jeanne Frontier, Lucie Alloyer...) et formaient un groupe d’étude rattaché à la cellule d’imprimerie Krassni Oktiabr. Elle resta à Moscou jusqu’en septembre 1927 et donna son adhésion au Parti communiste à son retour. Elle fut affectée à la cellule de l’imprimerie Chaix à Saint-Ouen.
Fin mars 1928, elle partit à Vienne (Autriche) pour se marier avec Hans Glaubauf qu’elle avait connu à Moscou et qu’elle aida pour la rédaction de Rote Fahne.Ils assistèrent ensemble au 6e congrès de l’Internationale communiste (novembre 1928). De retour à Paris, elle travailla avec son mari à différents travaux de traduction mais ne put retrouver la nationalité française qu’elle avait perdue par son mariage. Le couple fut expulsé de France en septembre 1931. Ils travaillèrent à Berlin, puis elle entra à la rédaction française d’Inprekorr jusqu’à la fermeture du bureau par Hitler. Elle alla à Amsterdam où son mari travailla au bureau international des Amis de l’URSS, mais sans emploi elle revint illégalement en France en août 1933, obtenant finalement des autorisations de séjour mensuel. Elle fut employée à la Mission commerciale soviétique sous la direction de Pinkus puis au Comité mondial contre la guerre et le fascisme sous la direction de Ullrich et enfin au Comité d’aide aux victimes du du fascisme hitlérien et au Comité de libération de Dimitrov jusqu’en mars 1934. Retombée dans l’illégalité, elle militait à Boulogne-Billancourt sous le pseudonyme d’Alice Forget et faisait des traductions pour le Bureau international des amis de l’URSS. Elle assurait la publication du bulletin de presse FSU News service.
De séparation en éloignement, elle s’était écartée de Glaubauf et vivait avec le compositeur de musique hongrois Imre Weisshaus (pseudonyme de Paul Arma), également membre de la fraction du Parti communiste allemand à Paris. Elle s’en sépara vers 1936 en raison de divergences politiques. De même, elle se tint à distance de son frère, Roger Gaillard, qui avait été exclu du Parti communiste en avril 1933. Suite à son divorce, elle ne voyait plus son père mais elle restait en relation avec sa mère qui était directrice d’école maternelle dans le XXe arr.
Lorsqu’elle rédigea son autobiographie pour la commission des cadres en juin 1937, elle était divorcée officiellement d’avec Hans Glaubauf mais n’avait pas récupéré pour autant la nationalité française. Elle vivait modestement et discrètement dans le XXe arr.
Mireille Gaillard fut internée politique en 1940 et s’évada. Elle se maria le 12 octobre 1946 à Saint-Maurice avec Martial Chauvin, ébéniste.
Sous le nom de Mireille Chauvin, elle fut élue conseillère municipale communiste de Saint-Maurice le 19 octobre 1947 et réélue le 26 avril 1953. Elle appartenait à la liste d’Union ouvrière et démocratique de défense des intérêts communaux dans la paix et l’indépendance nationale et obtint 1070 suffrages et 251 signes préférentiels soit un total de 1321. Elle obtint 1257 voix sur la liste du PCF aux élections municipales du 15 mars 1959 et fut tête de liste aux élections du 21 mars 1965. La première magistrature municipale était occupée par Maurice Guyon puis, à partir du 12 juillet 1948, par Marius Théodore, tous les deux du RPF.
Son époux, Martial Chauvin, né le 30 juin 1903 à Paris XXe arr., était un ancien conseiller municipal communiste de Romainville (1935-1940). Le 27 avril 1952, il fut élu délégué suppléant sur la liste de l’Union républicaine et résistante pour l’élection du Conseil de la République. Ils avaient une fille née en 1940.
Par Claude Pennetier
SOURCES : RGASPI 495 270 1573, autobiographie, Paris, 28 mai 1934 ; Paris 27 juin 1937. — Arch. fédération communiste du Val-de-Marne. — Arch. Dép. Val-de-Marne, 1 Mi 2426. — Archives communales de Saint-Maurice (liste électorale (1955) et liste de recensement (1954) [les documents sont non cotés]. — État civil de Saint-Quentin.