FERRANDI Marc

Par Gérard Leidet

Né le 20 avril 1928 à Marseille (Bouches-du-Rhône), mort le 17 octobre 2004 à Septèmes-les-Vallons (Bouches-du-Rhône) ; cadre de la Compagnie générale maritime à Marseille ; syndicaliste CGT et militant communiste des Bouches-du-Rhône ; maire de Septèmes-les-Vallons (1967-1999).

Issu d’une famille très ancrée dans la droite traditionaliste – son père, Jean Baptiste, né en Corse à Cucca en 1890 était militaire de carrière : sa mère, Inès née Piétranèra demeurait au foyer – Marc Ferrandi éprouva des difficultés lorsque il adhéra à la CGT (en 1947) et surtout au PCF (en 1952). Lors d’une réunion, le jeune militant s’opposa frontalement à ses parents et sa famille. Cette brouille s’estompa lorsque Marc Ferrandi devint maire de Septèmes-les-Vallons en 1967.

Auparavant, Marc Ferrandi avait fréquenté l’école communale de la rue Peyssonel puis les lycées Saint-Charles et Thiers à Marseille. Les difficultés liées à la fin de la guerre l’ayant contraint à abandonner ses études à l’âge de seize ans, il se présenta avec succès au concours des Messageries maritimes. En 1947, au moment où Marseille était secouée par des grèves dites « insurrectionnelles », il adhéra à la CGT. Il devint rapidement responsable syndical : délégué du personnel et responsable du comité d’établissement des Messageries maritimes. Dans la foulée, il donna son adhésion au PCF en 1952. Militant dans le quartier populaire du Panier, il y côtoya des dockers qui apportaient dans les luttes ouvrières de ces années-là une combativité qui lui semblait exemplaire. Marc Ferrandi devait payer le prix de ce double engagement. Sa carrière de cadre à la Compagnie générale maritime ne connut pas un déroulement normal puisqu’il figurait en bonne place sur une « liste noire » de militants syndicalistes et communistes.

Installé dans la commune de Septèmes-les-Vallons depuis le début des années 1950 dans le quartier de Notre-Dame-Limite, Marc Ferrandi fut élu conseiller municipal en 1965 à la suite de la victoire de la liste d’union conduite par le communiste François Césari (le socialiste Franceschi devenant premier adjoint).

À la suite du décès du maire dix-huit mois plus tard, Marc Ferrandi fut désigné pour lui succéder. La tâche s’avéra d’emblée importante car le retard pris en matière de gestion communale était manifeste. Deux maîtres mots, modernisation et justice sociale, caractérisèrent la politique municipale qu’il suivit avec son équipe pendant plus de trente années. Dans le premier domaine, les efforts des débuts permirent de faire avancer des dossiers laissés en suspens depuis de nombreuses années : aménagement de la RN 8 reliant Marseille à Aix-en-Provence dont les pavés gênaient la traversée de la commune, mise en réseau pour l’électricité et l’eau dans les quartiers excentrés (vallon de la Rougière, vallon des Peyrards par exemple). La faiblesse des équipements publics commandait une politique volontariste : constructions de trois groupes scolaires (Castors-Isabella, François-Césari et Langevin-Wallon, ce dernier implanté dans la cité d’urgence de la Gavotte-Peyret considérée comme zone d’éducation prioritaire) ; réhabilitation totale de l’école du centre rebaptisée Tranchier-Giudicelli* ; création d’une crèche collective, de la bibliothèque Jorgi Reboul*, d’un office municipal de la jeunesse, du collège…

En matière de justice sociale, la volonté de maîtrise des impôts locaux exigeait un montant des prélèvements égal au niveau de l’inflation. Le maintien voire l’extension du service public municipal (cantine municipale avec le prix du ticket journalier le plus bas du département, ramassage des ordures municipalisé jusqu’à l’intégration dans l’intercommunalité Marseille Provence Métropole) marquèrent également la volonté politique de l’équipe animée par Marc Ferrandi et Fernand Ros* militant communiste, secrétaire de la section communiste de Septèmes-Les-Pennes-Mirabeau et premier adjoint depuis 1977. La faiblesse des moyens – notamment l’absence de cadres municipaux de haut niveau jusqu’au début des années 1980 – fut compensée par l’investissement politique de militants communistes ou issus du catholicisme social, syndicaux, associatifs. Certains d’entre eux prolongèrent parfois leur engagement en rejoignant les différentes listes conduites par Marc Ferrandi, constamment réélu dès le premier tour des municipales de 1971, 1977, 1983, 1989 et 1995. Par ailleurs, Marc Ferrandi se présenta aux élections cantonales de 1992. Il obtint 19 % des suffrages et se désista au second tour en faveur du candidat socialiste Victor Meillan*.

En janvier 1999, après plus de trente années de mandat de maire, André Molino, fils de Lucien Molino*, lui succéda en s’inscrivant dans l’héritage social et politique que laissait son prédécesseur qui devint maire honoraire.

Marc Ferrandi avait épousé Louise Vassiliadès en octobre 1950. Elle mourut en 1994. Deux filles étaient nées de cette union : Marie- Ange (1951-2009) et Hélène (née en 1958). Cette dernière devint conseillère municipale déléguée aux quartiers en 2001. Le nom de Marc Ferrandi fut donné au collège de Septèmes-les-Vallons, inauguré en septembre 2003 peu de temps avant sa mort.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49987, notice FERRANDI Marc par Gérard Leidet, version mise en ligne le 28 avril 2009, dernière modification le 1er juillet 2009.

Par Gérard Leidet

SOURCES : Arch. de la fédération communiste des Bouches-du-Rhône. — Arch. Com. Septèmes-les-Vallons. — Jean Domenichino et Jean-Marie Guillon, Les Dockers ; le port autonome de Marseille. Histoire des hommes, éditions Jeanne Laffite, Marseille, 2001. — Entretiens avec Marie Ange et Hélène Ferrandi (13 et 17 novembre 2008). — Renseignements fournis par Patrick Magro, premier adjoint de Septèmes-les-Vallons.

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