RENAUDAT Maurice

Par Claude Pennetier

Né le 9 août 1924 à Saint-Georges-sur-la-Prée (Cher) ; ouvrier métallurgiste ; résistant ; secrétaire de la fédération communiste du Cher puis secrétaire de l’Union départementale CGT ; co-créateur du musée de la Résistance et de la Déportation de Bourges et du Cher.

Maurice Renaudat
Maurice Renaudat
Cliché fourni par Maurice Renaudat

Maurice Renaudat naquit dans une commune rurale, près de Vierzon. Sa mère, domestique de ferme (bonne) avant son mariage, devint ensuite ménagère. Son père travailla dès l’âge de sept ans comme ouvrier agricole, puis comme maçon chez un artisan. La famille était catholique sans ostentation. Le père, décédé en 1940 fut enterré à l’église tandis que la mère décédée plus tard refusa les derniers sacrements religieux. Sans avoir un engagement précis on peut classer le père à gauche. En 1935, il fut élu conseiller municipal de Saint-Georges-sur-la-Prée sur une liste opposée à la municipalité tenue par des propriétaires terriens. Son réseau de relations intégrait des socialistes comme des radicaux, ce qui eut une influence sur l’entrée de Maurice Renaudat dans la Résistance. Son père fut, en 1937, trésorier du comité local Amsterdam-Pleyel. Il avait une sœur, Simone, née le 21 décembre 1938, secrétaire administrative de la fédération communiste du Cher et la femme de France Camuzat. Titulaire du certificat d’études primaires à douze ans. Maurice travailla comme ouvrier agricole à partir du 1er juillet 1936 en commençant par garder les vaches.

Il était prévu qu’il aille à Paris comme apprenti charcutier chez un oncle, mais ce projet s’avéra impossible car l’oncle fut mobilisé en 1938 suite à la conférence de Munich, puis en 1939, à la déclaration de guerre. Il resta ouvrier agricole jusqu’à la Toussaint 1943 puis devint bûcheron ce qui facilita ses activités dans la Résistance. Il avait été contacté par Daniel Belliard, conseiller d’arrondissement, révoqué par Vichy, un ami de son père qui, aux cotés d’Edmond Ferragu, ancien maire de Graçay et conseiller général socialiste, lui aussi révoqué, montait dans le canton des groupes en liaison avec le Front National de lutte pour la libération de la France. Le passé politique de Ferragu permit d’avoir un parachutage d’armes en mars 1944, armes qui équipèrent les groupes FTPF de la région provocant la grande colère de l’agent du SOE (Special Operations Executive). Le 6 juin 1944, Maurice Renaudat rejoignit les FTPF de la région de Vierzon et participa à des sabotages et embuscades. Au cours de la bataille de Saint-Hilaire-de-Court, il fut sérieusement blessé par les Allemands. Opéré sur une table de ferme sans anesthésie, il dut subir une nouvelle intervention par le docteur Mérigot* de Vierzon et ne put réintégrer l’armée qu’au début janvier 1945. Il participa alors à la libération de Royan, de la pointe de Grave et de l’Île d’Oléron. Démobilisé en octobre 1945, il revint dans son village natal et travailla aux Ponts et Chaussées. C’est en novembre 1946 qu’il entra comme riveteur-monteur à la Précision Moderne, une usine vierzonnaise qui consacrait une partie de son activité à la réparation des wagons. Dans cette entreprise, l’ambiance ouvrière frondeuse et solidaire, imprégnée de l’esprit de la résistance le marqua. Membre du Parti communiste depuis 1944 et de la CGT depuis 1946, il fut délégué du personnel et un des responsables du syndicat. Il fit notamment ses preuves lors de la grande grève de mars 1950 qui toucha l’ensemble de l’industrie vierzonnaise sur la revendication des 3 000 F par mois.

Membre du secrétariat de la section communiste de Vierzon, Renaudat suivit l’école centrale d’un mois en 1949. Pour ce faire (signe du rapport des forces dans l’usine) il demanda purement et simplement un congé d’un mois à son employeur, ce dernier accepta en disant « Tu m’engueuleras un peu plus fort en revenant ». Maurice Renaudat parle d’ailleurs avec une certaine estime de ce patron dont il salut l’humour. Lors d’une grève, alors qu’il recevait la délégation syndicale dont Jacques Rimbault*, futur maire de Bourges, les ouvriers criaient « y a qu’à le pendre » à quoi le PDG répondit « ils m’offrent une situation plus élevée qu’à Paris. Là-bas ils veulent me jeter dans le canal Saint Martin. »

Militant des Combattants de la paix, membre du bureau fédéral depuis 1949, c’est avec le soutien d’Henri Lozeray, qu’il fut promu premier secrétaire fédéral et permanent en avril 1950. Maurice Renaudat n’avait que vingt-cinq ans et n’avait pas encore fait l’école centrale de quatre mois qu’il suivit en 1951, mais il était entouré de militants chevronnés. Marcel Cherrier, organisateur des FTPF était député du Cher, René Cherrier, résistant, déporté, ancien conseiller de la république qui avait repris son emploi aux Établissements Militaires et André Laloue. C’est un jeune ouvrier, Maurice Renaudat, qui avait fait ses preuves lors de la grève de Vierzon, que la direction nationale proposa dans le but évident de rajeunir l’encadrement. Il s’installa à Bourges sans moyens financiers ; pour le faire manger à midi, Marguerite Garnier, professeur à l’ENF de Bourges, était chargée de l’introduire à la cantine des fonctionnaires, jusqu’à ce qu’un inspecteur du travail, avec lequel il a eu maille à partir à Vierzon, s’étonna de la présence de ce soi disant fonctionnaire. Il naîtra de cette rencontre un lien durable puisque Marguerite Garnier et Maurice Renaudat se marièrent le 13 juillet 1950, et en 2011 le couple vit toujours à Bourges. « Les Renaudat » ont marqué la vie politique berruyère par la diversité et la complémentarité de leur action. Marguerite Renaudat fut conseillère générale (à l’époque la seule femme du département) pendant vingt-cinq ans et dix-huit ans adjointe au maire de Bourges dont douze ans première adjointe, avec une popularité bien au-delà de l’audience habituelle du PCF.

Maurice Renaudat fut secrétaire fédéral jusqu’en février 1955 pendant des années difficiles. Leur premier enfant touché par une encéphalite finit par en mourir. Les soins nécessitant une présence permanente qui rendaient difficile leur vie militante. À la fédération, Maurice Renaudat ne se sentait pas soutenu, quand il y eut un débat avec un camarade, ancien résistant, ancien responsable national de l’ARAC, sur l’application des orientations du parti. Il donna sa démission au cours d’une réunion du comité fédéral, le 27 février 1955.

La direction du parti lui proposa alors d’être instructeur auprès des fédérations communistes des Deux-Sèvres et du Cantal. Dans ce dernier département, sa proposition d’élire comme secrétaire fédéral un instituteur (Louis Taurant), qui venait de faire construire sa maison, fut fraîchement accueillie par le responsable de la section des cadres qui voyait dans ce camarade un « petit bourgeois » .

Remplacé par René Cherrier, révoqué des Établissements Militaires de Bourges, Renaudat fut proposé en juillet 1955, par Georges Gosnat, représentant de la direction nationale, comme membre du secrétariat fédéral. Il fut chargé de la responsabilité de la page du Cher de l’Humanité Dimanche.et dans le même temps du secrétariat de la section de Bourges.

Ne souhaitant pas rester permanent, Maurice Renaudat suivit une formation accélérée de tourneur sur métaux et travailla de 1955 à 1965 chez Merlin, une entreprise de décolletage employant une centaine de personnes.

Délégué du personnel, membre de la commission exécutive du syndicat des métaux, il fut proposé par Jean-Claude Poulain*, un prêtre-ouvrier, qui se faisait porte-parole d’autres responsables syndicaux, pour être membre du secrétariat et permanent de l’UD-CGT. Il s’agissait de prévoir, en 1967 le départ en retraite de Jean Andros, secrétaire de l’UD-CGT depuis la Libération.

Cela nécessitait de quitter le secrétariat fédéral et celui de la section communiste de Bourges. Jacques Rimbault*, devenu secrétaire fédéral acquiesça et Renaudat donna son accord.

Une nouvelle phase d’activité s’ouvrait pour lui. Élu en octobre 1964, secrétaire à l’organisation, il devint secrétaire général de l’UD-CGT en 1967 et le resta jusqu’à la retraite en 1984. Membre du comité régional CGT Centre, il présida le groupe CGT du conseil économique et social Centre de 1982 à 1987, et fut président fondateur de l’Institut CGT d’histoire social du Centre de 1987 à 1993. À partir de 1994, il se consacra à la création du musée de la Résistance et de la Déportation de Bourges et du Cher. Président du comité départemental d’union des organisations de la Résistance et de la déportation, il proposa la création d’un musée départemental construit par le conseil général du Cher et inauguré le 18 octobre 2010.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50001, notice RENAUDAT Maurice par Claude Pennetier, version mise en ligne le 28 avril 2009, dernière modification le 16 septembre 2015.

Par Claude Pennetier

Maurice Renaudat
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Cliché fourni par Maurice Renaudat
Marguerite Renaudat
Marguerite Renaudat

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — RGASPI 495 270 8776, SMC, fiche de synthèse, 23 février 1950. — Entretien avec Maurice Renaudat, Bourges, 26 août 2005 ; lettre de Maurice Renaudat, 11 janvier 2011.

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