FIESCHI Pascal

Par Antoine Olivesi, Jean-Marie Guillon

Né le 13 octobre 1908 à Ajaccio (Corse), mort le 16 septembre 1985 ; employé municipal ; syndicaliste CGT et militant communiste d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).

Fils de Jean Fieschi et de Barberine Villanova, marié à Marcelle Giraud, père d’un enfant, Pascal Fieschi s’établit à Aix-en-Provence en 1938 pour travailler à l’hôpital Montperrin, l’asile d’aliénés de la ville. C’était sans doute dans cette ville qu’il avait obtenu les deux premières parties de la licence en droit. Il avait fait son service militaire en 1928 au 11e chasseurs en Allemagne, à Kaiserlautern (Rhénanie-Palatinat). Il fut mobilisé en 1939 à la 363e demi-brigade à Bonifacio (Corse). Ayant réussi au concours de rédacteur, il quitta l’hôpital en janvier 1942 pour entrer dans l’administration municipale d’Aix, au service du Ravitaillement municipal. Il fut arrêté un an après, le 7 janvier 1943, par la police française à qui il avoua être le responsable du Front national à Aix et avoir également des responsabilités au parti communiste. Mais il affirma aussi n’avoir eu aucun engagement politique avant la guerre. En réalité, il était entré très tôt à la Jeunesse communiste et avait adhéré au PCF en 1937. Dès la déclaration de guerre en 1939, il figurait sur la liste des militants communistes aixois suspects.
Selon le témoignage de Georges Glise : "Pascal Fieschi et Julien villevieille m’ont affirmé qu’après la signature du pacte germano-soviétique, il ne restait plus au PCF à AZix que trois militants, eux deux et en outre Dominique Rivière, que j’ai connu aussi alors qu’il était devenu chauffeur de taxi à Aix."
Pascal Fieschi fut le responsable politique du PC pour le secteur d’Aix et le bassin minier de Fuveau-Gardanne à partir de 1941. Il fut arrêté avec d’autres militants aixois à la suite de la chute d’une partie de la direction du PC à Marseille (Jean Garnotel*, Paul Courtieu*, Maurice Tribes*) et de la saisie de documents en décembre 1942. Dans son interrogatoire en janvier 1943, il avoua avoir commencé à militer cette année-là en présentant son engagement comme purement revendicatif et syndical en liaison avec Julien Villevieille, communiste, travaillant avec lui à l’asile, et avec Dominique Rivière* poussé à la tête du syndicat légal. Il reconnut aussi avoir recueilli des cotisations pour les militants emprisonnés, puis avoir accepté de prendre la direction du FN local. Il reconnut aussi avoir partagé la responsabilité du PC avec Rivière comme « syndical », Villevieille comme « organisation-propagande » et le confiturier Élie Gaudibert comme « technique ». Il aurait réussi à regrouper aux environs de 120 personnes sur le secteur. Il admit des contacts avec des gaullistes d’Aix afin de préparer des sabotages et des attentats contre les troupes d’occupation, ce qui correspondait, précisa-t-il, aux directives du parti. Il fut condamné le 22 juillet 1943 par la section spéciale de la cour d’appel d’Aix à cinq ans de prison. Incarcéré à la maison d’arrêt d’Aix puis à la prison Chave à Marseille, il fut transféré ensuite, le 9 novembre 1943, à la centrale d’Eysses (Lot-et-Garonne). Il y fut l’un des instigateurs de la révolte au sein du « fameux bataillon » insurgé dont beaucoup de membres furent fusillés. Condamné lui-même à la peine de mort par une cour martiale, il échappa in extremis à l’exécution. Récupéré par les Allemands, il fut envoyé le 30 mai 1944 au camp de Compiègne et, de là, à Dachau, le 18 juin. Il reçut le matricule 73.444. Il y mena une action efficace de solidarité et d’organisation malgré les souffrances qui altérèrent, dans l’immédiat puis par leurs séquelles, son état de santé. Il fut libéré à Allach le 30 avril 1945.
De retour à Aix, Pascal Fieschi reprit aussitôt ses activités syndicales à la CGT et surtout politiques au PCF dont il devint, pendant de longues années, le leader local incontesté. Avant que son emploi de fonctionnaire municipal le lui interdise, il fut élu conseiller municipal de cette ville le 13 mai 1945. En septembre de la même année, devenu secrétaire politique de la section communiste d’Aix, Pascal Fieschi fut candidat dans le canton d’Aix-sud. Arrivé en tête au premier tour devant le socialiste Mauriat*, il fut battu au second par une candidate MRP, n’ayant pas bénéficié du report de toutes les voix SFIO. Réélu conseiller municipal en octobre 1947, il ne fut plus candidat en 1953. Cette année-là figurait sur la liste communiste conduite par Mireille Dumont* une certaine Marcelle Fieschi. Il s’agit sans doute sa première épouse avec laquelle il eut un fils, Jean-Léo. Pascal Fieschi n’en demeura pas moins longtemps le porte-drapeau du PCF lors des consultations ultérieures. Il fut ainsi candidat dans la 9e circonscription des Bouches-du-Rhône lors des législatives de novembre 1958 et de novembre 1962. Bien que battu, il recueillit sur son nom en cette occasion 20,06% des suffrages exprimés. Le PCF fit encore appel à lui pour le représenter dans le canton de Peyrolles le 24 septembre 1967.
Les activités de Pascal Fieschi ne se limitèrent pas aux seules élections. Les 14 et 15 juin 1947 à Marseille, il participa notamment aux débats qui marquèrent la conférence de la fédération communiste des Bouches-du-Rhône, la première à se tenir après le renvoi des ministres de ce parti par Paul Ramadier. Il fit longtemps partie du comité fédéral des Bouches-du-Rhône et « son autorité était grande auprès de tous ». En marge de son parti, Pascal Fieschi fut aussi le co-fondateur avec le général Angenot et, jusqu’à son décès, le président de l’Union des déportés, internés et familles de fusillés du pays d’Aix. Il participa à la mise en place du comité de coordination pour la reconnaissance officielle du camp d’internement des Milles et la conservation des peintures du réfectoire. Vice-président de l’Union française des Anciens combattants, il était membre du bureau national de la FNDIRP qu’il présidait encore lors de son décès. Il eut aussi une activité à l’ANACR et à l’ARAC et enfin à l’Union locale CGT.
En 1950, Pascal Fieschi siégeait aussi au bureau des combattants de la paix d’Aix. Il militait aussi au SPF.
La silhouette de Pascal Fieschi était devenue familière à Aix : grand, mince, la démarche légèrement hésitante, séquelle de ses années de captivité à Dachau. Ses adversaires politiques l’admiraient et le craignaient tout à la fois. On ne mettait pas en cause sa sincérité dans la rigueur doctrinale dont il fit toujours preuve, ni son attachement au stalinisme, lors des remous qui agitèrent plusieurs cellules aixoises. Les événements, l’âge et la maladie l’éloignèrent peu à peu du premier plan. Il s’était lié depuis plusieurs années et, plus récemment remarié, semble-t-il, avec Danielle Bleitrach, enseignante en sociologie à l’Université de Provence (Centre d’Aix) et membre du Comité central du PCF dans les années 1980.
Corse d’origine, Pascal Fieschi ne se désintéressa jamais des problèmes de son île natale comme le prouve l’avis de décès publié en langue corse dans La Corse-Le Provençal, le 24 septembre 1985 émanant de Vico où une sœur « de Pasquale Fieschi » recommandait : « Prégate per ellu  » (Priez pour lui).
Pascal Fieschi, mort « après une longue et douloureuse maladie », fut inhumé à Aix le 18 septembre 1985. Ses obsèques civiles se déroulèrent en présence d’une garde d’honneur de militants du PCF, de la CGT et des Anciens déportés et Résistants. Outre un télégramme de condoléances adressé à Danielle Bleitrach par Georges Marchais*, La Marseillaise se fit l’écho de nombreuses manifestations de sympathie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50026, notice FIESCHI Pascal par Antoine Olivesi, Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 30 avril 2009, dernière modification le 29 mars 2019.

Par Antoine Olivesi, Jean-Marie Guillon

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M 5/8 et M 5/316 ; M 6/11 248 bis, rapport du sous-préfet d’Aix, 13 novembre 1939 ; 8 W 40, Section spéciale de la cour d’appel d’Aix-en-Provence. — Sites internet de l’Association nationale pour la mémoire des résistants et patriotes emprisonnés à Eysses (www.eysses.fr) et Livre-mémorial de la Fondation de la déportation (www.bddm.org.). — Rouge-Midi, notamment le 9 septembre 1945, 15 et 16 juin 1947. — La Provence libérée, 25 avril 1953. — La Marseillaise, 17, 18, 19 septembre 1985. — Le Provençal, 17 septembre 1985. — La Corse-Le Provençal, 24 septembre 1985. — En flèche, journal édité en vue des cantonales de septembre 1967 par la section communiste de Sud Aviation. — Brochure 21 août 1944, la liberté reconquise. Aix n’oublie pas, Ville d’Aix, 1994. — État civil d’Aix.

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