FLIEDEL René

Par Françoise Olivier-Utard, Léon Strauss

Né le 29 juillet 1920 à Strasbourg (Bas-Rhin), mort le 29 janvier 1986 à Oberhausbergen (Bas-Rhin) ; magasinier, auxiliaire au Gaz de Strasbourg ; militant communiste et sportif travailliste à Strasbourg, secrétaire de la fédération communiste du Bas-Rhin (1947-1961), président régional de la FSGT (1964-1970) ; conseiller municipal de Strasbourg (1953-1964).

Fils d’Eugène Fliedel, galvaniseur, et de Mathilde Fliedel, née Hornecker, René Fliedel quitta l’école primaire pour entrer en apprentissage. Il obtint un CAP de magasinier-quincaillier. En septembre 1939, sa famille fut évacuée en Dordogne et il fut affecté spécial à la poudrerie de Bergerac. Il rentra à Strasbourg avec sa famille en juin 1940 et constata l’annexion de fait de l’Alsace. Il réussit à échapper temporairement à l’enrôlement de force imposé aux Alsaciens à partir d’août 1942 en faisant valoir des raisons de santé. Incorporé dans la Wehrmacht le 25 octobre 1943, il passa sept mois dans des camps d’entraînement et se porta volontaire pour des stages de chauffeur de camion. Il fut affecté à une compagnie motorisée opérant sur l’arrière des fronts, à Eindhoven. Au moment du débarquement allié, son unité entra en Belgique puis en Lorraine. Il déserta dans la région de Lunéville (Meurthe-et-Moselle), le 11 novembre 1944. Il gagna Strasbourg et se cacha chez sa tante. Sa mère était morte dans les bombardements américains du 25 septembre 1944. Son épouse et son enfant avaient été grièvement blessés. Son logement fut détruit. Il participa à la Libération de Strasbourg au mois de novembre 1944 au sein des FFI. C’est vraisemblablement à ce moment qu’il fit la connaissance d’Alphonse Boosz, qui allait devenir secrétaire et permanent fédéral.

René Fliedel adhéra au Parti communiste le 2 février 1945 et fut élu secrétaire fédéral à l’organisation à la conférence des 2-3 mars 1946. De 1947 à 1950 il fut le deuxième permanent du parti, aux côtés d’Alphonse Boosz. Il était en fait salarié en tant que magasinier au journal L’Humanité d’Alsace et de Lorraine. La direction nationale jugea cette situation incompatible avec des responsabilités de secrétaire fédéral et demanda à la fédération du Bas-Rhin d’y mettre un terme. René Fliedel trouva un emploi d’auxiliaire au Gaz de Strasbourg.

La question de la formation des cadres ouvriers alsaciens fut un sujet d’incompréhension entre le comité central et la base alsacienne. René Fliedel avait fait une école centrale de quatre mois en 1949 et y avait rencontré, comme la plupart des Alsaciens, de grandes difficultés liées à sa mauvaise maîtrise de la langue française et à sa culture politique alsacienne. Il fut soutenu comme un cadre actif et efficace par Alphonse Boosz et relativement mal apprécié par Paris, qui toutefois ne s’opposa pas à la proposition de la fédération de le choisir à nouveau comme permanent quelques années plus tard.

En 1956, il dut défendre les locaux du journal, de la fédération et de l’imprimerie lors de l’attaque menée par les étudiants de droite après les événements de Hongrie. Les manifestants se dirigèrent ensuite vers son logement familial, que son épouse défendit vaillamment avec un tisonnier avant l’arrivée des forces de l’ordre.

En 1957, René Fliedel, que le Gaz de France avait refusé de titulariser malgré les pressions de Marcel Paul*, fut à nouveau engagé comme second permanent de la fédération, jusqu’en 1961. On lui confia le secrétariat à la propagande. Les difficultés financières n’étaient pas aplanies et dès les derniers mois de l’année, sa rétribution n’était plus assurée. Pour effectuer leurs déplacements, Alphonse Boosz et lui étaient obligés de demander des avances à l’imprimerie du parti. À partir de 1962, il eut à nouveau un emploi au journal du parti, mais quitta le secrétariat et le bureau fédéral. Il fut élu au comité fédéral jusqu’en 1972.

René Fliedel était très impliqué dans le milieu du sport populaire. Il pratiquait par exemple les joutes nautiques, héritées d’une très ancienne tradition strasbourgeoise (voir Hamann*). Il fut président de la Société nautique de Strasbourg et président du centre de plein air du Herrenwasser. Il présida ensuite le comité régional d’Alsace de la FSGT, de 1964 à 1970.

C’est au titre de son engagement dans les organisations sportives qu’il fut appelé à se présenter en troisième position sur la liste municipale conduite par Alphonse Boosz (liste d’Union ouvrière et de défense des intérêts communaux dans l’indépendance nationale et la paix). Il fut élu conseiller municipal en 1953 et réélu en 1959. En 1965, la loi électorale priva les communistes de toute représentation. Il resta cependant vice-président de l’Office des sports de la Ville de Strasbourg de 1964 à 1970. Il fut membre du Conseil d’administration de la Caisse d’allocations familiales du Bas-Rhin.

Il fut candidat communiste du canton Strasbourg Ouest aux cantonales de 1955, candidat de la circonscription II (Est et Ouest) de Strasbourg en 1958, et candidat du nouveau canton III aux cantonales de 1962.

René Fliedel avait été fait chevalier de l’ordre du Mérite, au titre de la Jeunesse et des Sports.

René Fliedel avait épousé Marthe Cassagrande (décédée en 1971), dont il avait eu deux enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50049, notice FLIEDEL René par Françoise Olivier-Utard, Léon Strauss, version mise en ligne le 2 mai 2009, dernière modification le 13 avril 2022.

Par Françoise Olivier-Utard, Léon Strauss

SOURCES : Arch. Dép. Bas-Rhin, 544 D 3, 9, 11, 12. — Notes de Paul Boulland (Archives du PCF). — Dernières Nouvelles d’Alsace, 31 janvier 1986 (photo) et du 1er février 1986. — Huma-7 Jours, Strasbourg, 7-13 février 1986. — Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, n° 11, Strasbourg, 1988. — Entretiens de Léon Strauss avec Alphonse Booz, 1987, et de Françoise Olivier-Utard avec la fille de René Fliedel, 2001.

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