BEVERNAGE Emile, dit « Milou », dit « Abbeville »

Par Jean-Pierre Ravery

Né le 6 février 1915 à Somain (Nord), mort le 23 novembre 1988 à Agen (Lot-et-Garonne) ; fraiseur ; résistant communiste membre du groupe Valmy.

Émile Bevernage, fraiseur de profession, habitait un hôtel meublé, 8 rue Jeanne d’Arc à Issy-les-Moulineaux où résidait également Marcel Cretagne auquel il était très lié. En juillet 41, lorsque la direction du parti décida de constituer un « groupe punitif » chargé de « châtier les traîtres », les deux amis y furent affectés en même temps que Fosco Focardi leur camarade de cellule et voisin (il habitait au numéro 2 de la même rue).

Le 4 septembre 1941, Bevernage et Focardi accompagnaient Cretagne lorsque ce dernier exécuta Marcel Gitton. Le 22 décembre 1941, ce fut au tour de Bevernage de faire feu sur l’ancien maire communiste de Montreuil devenu permanent du PPF de Doriot, Fernand Soupé (qui survécut à l’attentat).

En avril 1942, Émile Bevernage et André Jacquot furent désignés par Marius Bourbon pour exécuter Elie Ventura, le compagnon de combat de Georges Déziré qui était accusé comme lui d’avoir trahi. Jacquot fit feu mais son pistolet s’enraya. À ce moment, Bevernage n’eut pas le courage de tirer sur Ventura qui s’enfuyait. Cette défaillance lui fut très vivement reprochée par Jacquot et Cretagne qui menacèrent de le faire condamner à mort pour « lâcheté ».

Prenant ces menaces au sérieux, sans doute avec raison, Bevernage partit se mettre à l’abri à Angers où il retrouva un emploi dans une usine de la ville. Mais la direction de l’entreprise le désigna bientôt pour partir travailler en Allemagne. C’est là que la gestapo vint l’arrêter le 24 novembre 1942, après la découverte au domicile de sa mère d’un talon de mandat sur lequel figurait l’adresse de l’expéditeur outre-rhin. Ramené à Fresnes le 7 janvier 1943, interrogé par la gestapo le 29 janvier rue des Saussaies, il fut déporté à Mauthausen le 27 mars suivant avec les autres membres du groupe Valmy. Il fut tenu à l’écart de l’organisation communiste clandestine du camp, comme plusieurs militants accusés de défaillances par leurs camarades (Magnan, Tillet, Cretagne). En déportation, Bevernage resta trés lié à Cretagne dont, selon plusieurs témoins, « il faisait les quatre volontés ».

Rentré à Paris fin mai 1945, Bevernage se réinstalla dans son meublé d’Issy-les-Moulineaux et réadhéra au PCF. Il travailla un temps dans une entreprise de transport opérant pour l’armée américaine. Mais l’instruction de « l’affaire Valmy » par le service des cadres allait conduire à son exclusion en 1947. Il lui fut reproché pêle-mêle d’avoir « été lâche dans une affaire », d’avoir « trafiqué sur des confitures destinées à des familles d’emprisonnés » et d’être « parti comme volontaire en Allemagne ». Cela n’empêcha pas Émile Bevernage de déposer plainte en août 1948 contre Lucien Magnan « pour dénonciation ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50053, notice BEVERNAGE Emile, dit « Milou », dit « Abbeville » par Jean-Pierre Ravery, version mise en ligne le 2 mai 2009, dernière modification le 1er novembre 2020.

Par Jean-Pierre Ravery

SOURCES : Dossier « groupe Valmy » de la CCCP : notes Ravery. APP GB 115, interrogatoire d’Émile Bevernage par le service IV B du SIPO-SD. — Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Liquider les traîtres , ed. Robert Laffont, 2007.

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