Par René Lemarquis, Claude Pennetier
Né le 23 mars 1903 à La Canée en Crète (Grèce) ; ajusteur mécanicien ; responsable syndicaliste des Bouches-du-Rhône ; élève à l’ÉLI en 1934-1935.
Philippe Lepori naquit dans le foaubourg d’Halepa à La Canée (Chania), île de Crête. Son père, Gaston Lepori (1870-1953), fut manœuvre pendant toute son existence (il était au chômage... à près de soixante-dix ans). Sa mère Marguerite Roubaud était née en Crête en 1878. Le couple, marié en 1901 en Crête, habitait à Saint-Étienne (Loire) où naquirent huit enfants dont Philippe était l’aîné. Celui-ci dut quitter l’école primaire à l’âge de onze ans, sans le certificat d’études, et commencer à travailler à treize ans. Il travailla à Saint-Étienne jusqu’à son service militaire en 1923-1925. À son retour, il se maria en 1925 à Marseille avec Léo, Lucie Ben Haïch (née le 3 août 1900 à Marseille, morte le 25 novembre 1973 à Marseille). Il fut employé jusqu’en septembre 1935 à Marseille et habita 23 boulevard Gouzian. Il partit alors en URSS à l’ÉLI (Ecole léniniste internationale de Moscou) jusqu’en décembre 1936. Revenu à Marseille, il devint secrétaire permanent du syndicat des Métaux. Il avait épousé Lucie Benaïche, sachière piqueuse à la machine, n’ayant qu’un faible salaire et souvent sans travail : d’abord opposée aux idées de son mari elle deviendra membre du PC, du Comité mondial des femmes et du Conseil syndical du syndicat du Textile de Marseille. Ils avaient, en 1938, un garçon de huit ans.
Philippe Lepori, qui militait au syndicat des Métaux depuis 1926 (il participa à une grève des produits chimiques lors de l’affaire Sacco-Vanzetti), entra au Parti communiste en 1932, « au moment du redressement du parti », disait-il, influencé par des militants du PC « qui n’y sont plus, ils ont été exclus comme traîtres à la classe ouvrière » aussi ne cite-t-il comme référents que des responsables de 1938 (à l’exception de Jules Genovesi. Dès son adhésion il fut secrétaire d’une cellule de rue puis, trois mois plus tard, secrétaire du 5e sous-rayon de Marseille. Il connut une période de découragement fin 1933 et cessa de militer pendant six mois « n’étant pas appuyé ou conseillé suffisamment par la direction régionale » et soumis à des critiques de son épouse. Il continua cependant son activité syndicale. Il fut délégué à plusieurs conférences du parti en 1932, 1933 et 1934 et suivit des écoles régionales avant de partir quinze mois en URSS à l’ÉLI sous le pseudo d’Henri Léonard. La commission des cadres qui le jugeait « très bon agitateur et homme de masse (noté A) » indiquait cependant qu’il « se démoralisait facilement ; en URSS [il] restait couché des journées entières ».
Philippe Lepori était secrétaire du 3e rayon communiste de Marseille en février 1937 et secrétaire adjoint du syndicat des Métaux des Bouches-du-Rhône en 1939. Il fut membre de la commission administrative de l’Union départementale en 1937 (désigné à ces postes, précisait-il, par le bureau régional et encouragé par François Billoux et Charles Nedelec. En décembre 1937, il était confirmé dans ces fonctions Il était permanent du syndicat des métaux (RGASPI 517 1 1891)
Philippe Lepori fut classé parmi les militants suspects en octobre 1939, puis mobilisé. Il fut condamné à trois ans de prison en 1941 pour activisme communiste.
Par René Lemarquis, Claude Pennetier
SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M6/10809, 10933, 11246. — RGASPI : 495.270.1730 : Autobiographie du 13 mars 1938 [classé A]. — Le Midi syndicaliste, 12 juillet 1937. — Rouge-Midi, 15 février 1937. — Dictionnaire du Komintern, op. cit., p. 602. — DBMOF, notice par Antoine Olivesi. — Le Radical, 3 mai 1941 : "Au tribunal militaire de la XVe région" Le procès de cinquante communistes s’est terminé hier .Philippe Lepori condamné à 3 ans de prison , 100 francs d’amende". — Notes de Sylvain Boulouque et de Jean-François Roubaud, un parent lointain de Philippe Lepori.