LIEBHERR André, Georges [prénommé André ou Georges suivant les sources]. Pseudonymes : TERNET André, GAILLARD, PASCAL et LIBERT

Par René Lemarquis, Claude Pennetier

Né le 19 juin 1907 à Paris (XIe arr.), mort le 10 mai 1996 à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) ; ébéniste, décorateur d’ameublement puis antiquaire ; militant des JS puis des JC puis membre du Parti communiste ; administrateur de la presse communiste ; résistant, responsable des intellectuels du Front national.

André Liebherr était le petit-fils d’un paysan alsacien, tourneur sur bois, venu s’installer à Paris après 1871 et le fils de Jean Georges Liebherr, ébéniste du Faubourg-Saint-Antoine aidé dans son commerce par sa femme, Marie Clémentine Müll, qui tenait la comptabilité. Un frère d’André était également employé mais, avec la crise, il devint ouvrier machiniste chez Renault. Si sa mère adhérait au Parti socialiste avant 1914, ses parents avaient, dans les années trente selon les autobiographies, une « mentalité de petits-bourgeois d’opinions radicales socialistes » ; son père vota cependant pour le candidat communiste au second tour de mai 1936.

Après l’école primaire, André Liebehrr suivit un cours complémentaire et obtint son brevet élémentaire. Il se perfectionna dans son métier en suivant des cours de dessin ou techniques de l’ameublement aux Écoles Boulle et des Arts décoratifs. Il fit en même temps son apprentissage d’ébéniste chez son père dès l’âge de seize ans pendant deux ans et demi. Il travailla ensuite, à partir de 1926, dans diverses usines d’ameublement du Faubourg jusqu’à son départ au régiment. Le 20 juin 1931 il épousa à Genève (Suisse) sa cousine germaine Marguerite Liebherr (fille du frère de son père) dont les parents étaient artisans tailleurs à Genève. Elle avait deux oncles maternels, les Dufaux, qui militaient activement au Parti socialiste de Genève : l’un, Alexandre, fut secrétaire permanent de l’Union des syndicats de Genève et devint membre du conseil du canton de Genève. Marguerite Liebherr, d’origine protestante, fut employée de bureau et devint membre de la JC puis milita au comité des femmes du XXe arr. Une fillette naquit en 1937.

André Liebherr adhéra d’abord en 1923 aux Jeunesses laïques et républicaines du XIe arr. puis les quitta lors de la guerre du Maroc pour adhérer aux Jeunesses communistes en juin 1925, emmené par un camarade de l’École Boulle. En février 1926, sur ordre de la Fédération des JC, il adhéra à la Jeunesse socialiste (et au PS) où il fut secrétaire adjoint de l’Entente de la Seine, et où il organisa l’opposition révolutionnaire du « groupe Agir » qui luttait contre la direction de la SFIO en particulier au congrès de Lyon. Le groupe passa en bloc à la Jeunesse communiste en 1927, ayant été exclu en août. « Malgré mon activité fractionnelle, écrivait-il en mai 1933, j’ai toujours milité dans les JC à la cellule du Printemps jusqu’en janvier 1926 puis à la cellule Potin dans le 11e groupe de travail » jusqu’à son départ au régiment en novembre 1927. Durant son service militaire il organisa de janvier 1928 à avril 1929 cinq comités de soldats (dont trois « qui marchaient très bien ») dans la garnison d’Épinal. Il avait été exclu en décembre 1927 du peloton des EOR de Metz qu’il suivait depuis trois semaines.

À son retour, après une opération de l’appendice en avril-juin 1929, André Liebherr fut nommé de juillet 1929 à février 1930 responsable du travail technique « anti » pour Paris. Devenu adhérent au Parti communiste le 15 février 1930, il fut chargé, comme permanent, de ce travail pour la région parisienne, le Nord-Est et la région troyenne. Il participa à la lutte contre les manœuvres de Châlons et de Champagne. De novembre 1930 à juillet 1931, il se déplaça en province à Lyon, Grenoble, Avignon, Marseille, Toulon, Nice, Nîmes, Montpellier. Il travailla dans les régiments d’Indochinois à Pamiers, Toulouse et Montauban puis à Bordeaux et Bayonne. De juillet 1931 à janvier 1932 il fut responsable pour l’Alsace-Lorraine « avec un camarade Allemand », ainsi que pour l’Est et le Centre-Est. Durant cette période, par décision de son parti, il ne fut pas affecté à une cellule mais travailla en rapports avec François Billoux et les responsables des régions. Il était « aidé » dans son travail en direction des marins de Toulon et des mutins de Calvi par un certain Georges Isnard qu’il traite de provocateur (il fit en juillet 1931. En février 1932, André Liebherr fut retiré de l’appareil du « travail anti » car il était sur le point d’être découvert par la police. Il dut se cacher sur l’ordre du parti pendant deux mois, travaillant comme manœuvre menuisier à coopérative La Famille Nouvelle.

Après cette alerte, André Liebherr travailla comme permanent rémunéré dans les JC. Responsable de l’administration de L’Avant-Garde en mars 1932, il fut nommé secrétaire général de la rédaction du journal l’année suivante. Il fut élu membre suppléant du comité central de la JC au congrès de Montigny-en-Gohelle en 1932 et titulaire à celui d’Ivry en février 1934. Il présenta le rapport sur les sports, l’éducation physique et la défense des intérêts sportifs et culturels de la jeunesse au congrès de Marseille en mars 1936. Il était à Moscou en 1935 où il rédigea le 13 septembre une autobiographie et remplit un questionnaire (en russe) en tant que délégué au VIe Congrès de l’Internationale communiste des jeunes (ICJ). Il adhérait également, sans responsabilités, au mouvement d’Amsterdam-Pleyel, à une société de Secours mutuel de la mairie du XIe arr., à la coopérative La Bellevilloise et toujours au Syndicat unitaire du Bois. Il habita successivement rue des Rasselins et rue Mendelssohn. En 1938-1939, Georges Liebherr suivit les cours de l’école centrale communiste et, de mai à septembre 1939, fut administrateur adjoint à l’Humanité.

Mobilisé en octobre, il quitta l’armée en novembre et, de janvier à mai 1940, fut chargé de l’achat de papier et de matériel en vue d’organiser pour le PC une imprimerie clandestine, qui ne vit pas le jour. En octobre 1940, il était responsable des imprimeries clandestines du PC en zone sud et installa une imprimerie à la Croix-Rousse à Lyon qui fonctionna jusqu’en août 1943, éditant des tracts et l’Humanité clandestine.

En mars 1941, Georges Liebherr, responsable technique de l’organisation clandestine communiste en zone sud, fut arrêté avec une vingtaine de camarades (voir Jean Chaintron). Défendu par l’avocat Henri Colliard en 1941, il échappa à la condamnation à mort et fut condamné en novembre aux travaux forcés à perpétuité par le tribunal spécial, incarcéré en décembre à la prison de Saint-Étienne. Il réussit à s’en évader le 20 septembre 1942 et, après une mise en « quarantaine »”(par sécurité), Georges Liebherr (pseudonymes André Ternet et Gaillard de septembre 1942 à la Libération) reprit ses activités résistantes. Responsable de la propagande et des éditions L’Étoile (Bibliothèque française) en zone sud du mouvement des intellectuels du Front national à partir de janvier 1943, il collabora avec Louis Aragon et Georges Sadoul à l’organisation des comités nationaux d’écrivains, de juristes, de professeurs, de journalistes, etc. En août-septembre 1944, il était responsable de La Voix du peuple à Lyon puis, en décembre, devint responsable de la presse du Front national, directeur de l’agence Union française d’information et d’Inter-presse publicité. Élu au comité directeur du Front national, il fut d’octobre 1945 à mai 1946, secrétaire du journal Front national.

Administrateur de l’Humanité de juin 1946 à décembre 1948, il occupa le même poste au journal Action d’Yves Farge à partir de janvier 1949. De janvier 1950 à décembre 1964, Georges Liebherr administra le Mouvement de la paix et fut responsable technique de plusieurs congrès internationaux. Après 1965, il poursuivit une carrière d’antiquaire.

À partir de 1980, il présida le comité de France-URSS de Suresnes (Hauts-de-Seine) et milita à la section communiste de Suresnes.

Divorcé de Marguerite Liebherr en juin 1966, Georges Liebherr s’était remarié le 30 octobre 1968 à Suresnes avec Valentina Liaschinsky.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50091, notice LIEBHERR André, Georges [prénommé André ou Georges suivant les sources]. Pseudonymes : TERNET André, GAILLARD, PASCAL et LIBERT par René Lemarquis, Claude Pennetier, version mise en ligne le 5 janvier 2018, dernière modification le 5 janvier 2018.

Par René Lemarquis, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Tasca, rapport du 18 mars 1941. — RGASPI : 495.270.1033, trois autobiographies, 15 mai 1932, 13 septembre 1935, 7 octobre 1938 ; une note en russe, 1935. — Henri Noguères, en collaboration avec Marcel Degliame-Fouché et Jean-Louis Vigier, Histoire de la Résistance en France de 1940 à 1945, Robert Laffont, 5 vol., t. 1, (1940-juillet 1941), 1967, — André Vassart, Mémoires (inédits), s.d. [p. 46, 4e partie]. — Jacques Varin, Jeunes comme JC, Édit. Sociales, 1975. — Paul Chauvet, La Résistance chez les fils de Gutenberg, dans la Deuxième Guerre mondiale, témoignages, chez l’auteur, 1979. — Rens. communiqués par le militant. — État civil en ligne cote 11N 335_B, vue 20.

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