FLOYRAC Georges

Par Éric Nadaud

Né dans les années 1880 ; instituteur ; secrétaire de la fédération socialiste SFIO du Lot, membre du comité directeur du Parti socialiste unitaire.

Georges Floyrac adhéra pour la première fois à une organisation socialiste en 1904. Il était très attaché à l’unité ouvrière. Il aimait raconter qu’il avait participé à la création du Parti socialiste SFIO en 1905 avec enthousiasme, et vécu la scission de Tours en 1920 avec affliction, même s’il était resté pour sa part à la « vieille maison ».

Entre les deux guerres, il milita au Bourg (Lot) où il était instituteur. Propagandiste infatigable, il concourut, au cours des années 1920, à la reconstitution des forces socialistes dans la région de Figeac (Lot). En 1928, il fut porté au secrétariat général de la fédération SFIO du Lot, alors que celle-ci était minée par de profondes divisions internes et un effondrement des effectifs. Il devait demeurer à ce poste jusqu’en 1940. Il remit de l’ordre dans la fédération, relança le recrutement en sillonnant lui-même sans relâche le Quercy, contribua au lancement en 1930 de l’organe hebdomadaire fédéral, Le Travail, dont il fut le directeur politique puis le rédacteur en chef, et dont il signa pendant dix ans la plupart des éditoriaux, s’appliqua à pourvoir chaque circonscription du Lot, à toutes les échéances électorales, d’un candidat du parti, et se présenta lui-même, « pour le drapeau », à des élections perdues d’avance : les cantonales du 18 octobre 1931, où il disputa le siège de conseiller général du canton de Lacapelle-Marival au conseiller radical sortant, qui le balaya par 1 346 voix contre 423, et les sénatoriales du 16 octobre 1932, où il n’obtint que 13 voix sur 595 votants. Il parvint ainsi à remettre la fédération sur la voie de la croissance, une croissance spectaculaire puisque le nombre des adhérents rebondit d’un « plancher » de 212 adhérents en 1933 à 1 180 en 1937. Il devint aussi une figure habituelle des conseils et congrès nationaux du Parti socialiste, où il représenta régulièrement sa fédération, et une figure respectée, comme en témoigne sa présence dans la commission de vérification des mandats du congrès national de Montrouge, en décembre 1938, et du conseil national de mars 1939. Dans les congrès nationaux, il n’hésitait pas à prendre la parole, pour se plaindre de l’abandon des petites fédérations par les dirigeants nationaux du parti (congrès ordinaires de 1932 et 1938), pour défendre la laïcité (1939), ou plaider pour l’unité ouvrière (1933). C’est ainsi qu’à la fin des années 1930, un autre dirigeant fédéral, Pierre Berthoumieux*, pouvait écrire qu’il n’était plus « possible de parler de la fédération du Lot sans penser naturellement à Georges Floyrac, son âme et son guide » (Le Travail, 17 avril 1937).

Georges Floyrac prit également une part active aux débats intérieurs de la SFIO. Fervent partisan d’un socialisme révolutionnaire et prolétarien, il suivit jusqu’en 1938 la tendance Bataille socialiste que conduisait Jean Zyromski. Il s’efforça avec elle d’empêcher l’intégration de la SFIO dans un cartel des gauches avec le Parti radical. Cet anticartellisme se justifiait à ses yeux par la collusion des radicaux et des personnalités les plus influentes de la gauche du Lot, principalement Anatole de Monzie et Jean-Louis Malvy, avec la droite. Il le conduisit à un bras de fer avec Élie Calmon*, leader local des socialistes cartellistes, qui avait été élu député SFIO en 1924 sur une liste de cartel, et qui, après le rejet de sa candidature par les militants, se présenta aux élections de 1932 comme socialiste indépendant avec l’appui d’une partie de la section de Cahors contre le candidat fédéral officiel. Georges Floyrac fit prévaloir la ligne anticartelliste et la discipline, au prix d’une crise majeure, marquée par une intervention de la commission nationale des conflits du parti et le départ de nombreux adhérents, ce qui ne desservit pas sa cause, l’emprise de l’aile gauche sur la fédération s’en trouvant renforcée, puisque les partants étaient surtout des « calmonistes ».

Georges Floyrac se fit dans le même temps l’avocat, comme Jean Zyromski, d’une « politique active d’unité ouvrière ». Il fut l’un des inspirateurs de la manifestation que la fédération SFIO, le rayon communiste et les syndicats confédérés et unitaires du Lot organisèrent en commun à Cahors le 1er mai 1933, et signa la « déclaration commune » par laquelle les mêmes organisations, le 25 mai 1933, déclarèrent mettre fin à toutes les polémiques et appelèrent les directions nationales des partis socialiste et communiste à une reprise très rapide des discussions sur l’unité d’action. Ces initiatives furent désavouées par le Parti communiste, mais saluées avec enthousiasme par Jean Zyromski. Un mois plus tard, Georges Floyrac fit voter sa fédération à la quasi unanimité en faveur de la motion zyromskiste sur l’unité ouvrière pour le congrès national de juillet et pour la conférence socialiste internationale d’août 1933 à Paris. Jusqu’en 1938, il ne cessa d’apporter son soutien à toutes les motions déposées par la Bataille socialiste pour favoriser l’unité ouvrière.

Une fois le premier gouvernement Blum constitué, en 1936, il le considéra, à l’instar encore de Zyromski, comme un simple gouvernement « de Front populaire », qui devait certes mener une politique de réformes toujours plus avancée, mais ne pouvait faire œuvre révolutionnaire dans l’immédiat. Il s’opposa de ce fait aux pivertistes, qui le mirent en minorité, mais de peu, au conseil de la fédération du Lot préparatoire au Conseil national de février 1937. Au conseil national qui suivit la démission de Léon Blum, en juin 1937, il se rangea parmi les représentants les plus modérés de la Bataille socialiste, qui acceptèrent la participation du Parti au gouvernement dirigé par le radical Chautemps, contre l’avis de Zyromski. Mais il restait antiparticipationniste de conviction, et approuva ce dernier lorsqu’il imposa le retrait des ministres socialistes, au conseil national de janvier 1938.

Cependant, il rompit franchement avec la Bataille socialiste quand se posa la question de la guerre. Pour lui, tout devait être tenté pour éviter un nouveau conflit. Il n’admit pas l’idée, défendue par Blum et Zyromski, d’un « rassemblement national autour du Front populaire » pour la défense du pays, et approuva sincèrement les accords de Munich. Il signa la motion « pacifiste » dite « Paul Faure » présentée par Le Socialiste pour le congrès national de Montrouge, en décembre 1938, soutint le nouveau texte de Paul Faure pour le congrès national de Nantes, en mai 1939, et se prononça pour une remise en cause de la politique de rapprochement avec les communistes, ce qui explique que la fédération du Lot ait régulièrement donné plus de 70 % de ses mandats aux thèses pacifistes. La guerre le conforta dans ses convictions, au moins dans un premier temps. Il joignit sa signature à celles des 81 députés SFIO « pacifistes » qui se regroupèrent le 5 octobre 1939 sur un ordre du jour Spinasse-Février-Paul Faure qui invitait le gouvernement à examiner toute offre de négociation, sans faire la moindre référence à la Pologne et aux États baltes.

Sur son activité durant la guerre, les sources consultées indiquent seulement qu’il fut arrêté en 1944 par la Milice de Darnand.

Après la guerre, devenu retraité de l’enseignement, il s’établit à Corbarieu, dans le Tarn-et-Garonne, où il reprit ses activités militantes. Il défendit de nouveau la cause du socialisme révolutionnaire et unitaire. Mécontent de l’évolution de la SFIO vers la « collaboration de classes », il renoua avec la tendance Bataille socialiste lorsque celle-ci se reconstitua, en juillet 1947. Il écrivit dans La Bataille socialiste, son bulletin national, et la représenta dans son département. La tendance ayant rompu avec le parti et s’étant transformée en décembre 1947 en un Mouvement socialiste unitaire et démocratique (MSUD), il fut exclu de la SFIO le 15 janvier 1948 avec dix-sept autres militants pour avoir donné son adhésion à ce dernier, « par une participation active ». De fait, il milita aussitôt au MSUD, puis à son successeur, le Parti socialiste unitaire (PSU). Il représenta le Tarn-et-Garonne à la première conférence nationale des socialistes unitaires, en juillet 1948, puis à leur premier congrès national, en septembre 1948. Il fut porté par ce même congrès au comité directeur du PSU, où il demeura jusqu’en décembre 1949. Il y appartint à la majorité qui, derrière le secrétaire général Élie Bloncourt, désirait affirmer la différence du nouveau parti avec le Parti communiste. Il apparaissait alors, dans ses discours et articles, comme un spécialiste des questions paysannes, attaché avant tout à la défense de la petite paysannerie et à la promotion du syndicalisme, du coopératisme, et de l’enseignement agricoles. Il fut aussi le secrétaire de la fédération PSU du Tarn-et-Garonne. À ce titre, il anima des manifestations communes avec les communistes, comme le « rassemblement démocratique » du 3 juillet 1949 à Copeyre dans le Lot, et écrivit quelques articles dans Le Patriote du Sud-Ouest, organe régional du Front national où s’exprimaient des « compagnons de route » du Parti communiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50098, notice FLOYRAC Georges par Éric Nadaud, version mise en ligne le 6 mai 2009, dernière modification le 6 mai 2009.

Par Éric Nadaud

SOURCES : Cahier et revue de l’OURS, Le courrier de Paul Faure (1931-1935), n° 111, juin-juillet 1980, p. 7-12. — PS SFIO, comptes rendus sténo. des congrès nationaux ordinaires de 1932, 1933, 1938, 1939. — Le Populaire, 1930-1939. — Le Travail, à partir de 1937. — Le Travail SFIO du Lot), 1930-1939. — Notre Quercy, 1934-1950. — Bulletin intérieur du Parti socialiste SFIO, n° 29, janvier 1948, p. 26. — La Bataille socialiste, 1947-1950. — Le Patriote du Sud-Ouest, 1947-1949. — Notice DBMOF.

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