FLEURIER Paul

Par Claude Pennetier

Né le 12 septembre 1902 à Sancergues (Cher) ; cultivateur dans le Cher, puis gérant d’une maison de repos de la CGTU dans l’Isère ; militant communiste et syndicaliste CGTU puis CGT.

Les parents de Paul Fleurier étaient de petits exploitants agricoles, fermiers à Charentonnay (Cher) ; ils cultivaient dix hectares et avaient sept enfants. Pendant l’hiver, son père travaillait comme bûcheron ; il participa aux grandes grèves de 1891 et 1894. Sa mère faisait partie des femmes chargées de la surveillance des coupes, interdites aux « jaunes » tant que le marchand de bois n’avait pas signé l’accord sur les tarifs proposés par le syndicat. En 1912, un des frères aînés de Paul, qui habitait Paris, fit abonner son père à l’Humanité. En 1914, deux fils furent tués à la guerre : « Mon père, élevé fort religieusement, vit sa haine de la religion, de l’armée et de la guerre se renforcer. C’est dans cette atmosphère de pauvreté, de larmes et de révolte, que j’ai vécu mon enfance. »

Au retour du service militaire effectué à Chartres, Paul Fleurier vota communiste aux élections législatives de 1924 et découpa dans l’Humanité un bulletin d’adhésion aux Jeunesses communistes. Il entra ainsi à la XIIe Entente des JC et y fut chargé du travail chez les jeunes paysans. Une conférence d’Émile Lerat en décembre 1924 lui permit de regrouper sept camarades, ouvriers agricoles, bûcherons et exploitants agricoles, dans un groupe JC. Il reconstitua le syndicat bûcheron disparu depuis 1914. Au congrès paysan de la région du Centre, de novembre 1925, Paul Fleurier fit un rapport sur les jeunes paysans.

En août 1926, délégué par les comités mixtes JC-CGTU de la région du Centre, il fut le seul paysan à participer aux travaux de la deuxième délégation des jeunes ouvriers français en URSS. Les passeports étant souvent refusés, la plupart étaient rédigés sous un nom d’emprunt. Sa première impression à son arrivée à Leningrad fut de se sentir enfin chez soi. « La pauvreté ne m’étonna pas, la guerre civile n’ayant cessé que depuis trois ans, avait laissé son cortège de ruines et de désorganisation, mais ce qui frappait, c’était que partout dans les entreprises on sentait cette formidable volonté de vaincre tous les obstacles qui se dressaient devant eux pour la réalisation du socialisme. » À son retour, il fit une tournée de comptes rendus pendant un mois à travers la France. Il fit la connaissance de sa future femme Marie-Louise Illy, militante de la JC dans les Hautes-Alpes, où il s’installa pendant deux ans et participa à la cellule de Laragne.

En 1931, il revint dans le Cher ; la préfecture s’intéressa à son courrier, car il hébergeait « un ingénieur russe », Abraham Palewski*, il s’agissait en fait de son beau-frère, ingénieur d’origine polonaise qui était sur le point d’aller exercer en URSS. Ayant repris ses activités militantes, en 1934, Fleurier fit une tournée de propagande pour la Confédération générale des paysans-travailleurs. L’exploitation agricole familiale étant insuffisante pendant cette période de crise et sa femme malade, il repartit en 1935 en Haute-Savoie où il créa une cellule à La Roche-sur-Foron.

En juin 1936, devant une assemblée populaire, Paul Fleurier fit un discours sur la nécessité de la lutte. Le lendemain, il quittait cette petite localité, où ceux qui ne vont pas à la messe sont mal vus et où sa prospection pour une société d’assurances lui permettait à peine de vivre. Il partit s’installer à Bollène (Vaucluse) et participa avec Robert Ellen aux activités de la cellule.

Sollicité par son ancien camarade de la JC Ambroise Croizat, responsable de la Fédération CGT des Métaux, il accepta en 1937, de gérer une propriété dans l’Isère où fut installée une maison de repos. Mobilisé en septembre 1939, il continua clandestinement son activité militante parmi les soldats de Briançon ; puis redevenu bûcheron après sa démobilisation, il fut contacté par le PC en 1942. En 1944, au sein de la 4e compagnie FTPF, il fut chargé de l’accueil des nouveaux arrivants et de leur formation politique. L’année suivante, de retour à la maison de repos de Tullins (Isère), il participa avec les autres organisations du CNR à la création d’un club culturel et devint ainsi « auteur dramatique ».

À la fin de l’année 1945, il revint définitivement dans le Cher et, n’ayant plus suffisamment de terre, travailla comme ouvrier agricole. Il appartenait au comité fédéral communiste, puis, en 1949, représentait les ouvriers agricoles au sein de la CGA.

Paul Fleurier, qui divorça de Marie-Louise Illy le 26 janvier 1960, militait toujours au PC, à Charentonnay (Cher), en 1974.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50100, notice FLEURIER Paul par Claude Pennetier, version mise en ligne le 6 mai 2009, dernière modification le 19 avril 2017.

Par Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Dép. Cher, 25 M 92, 25 M 127, 25 M 128. — L’Émancipateur, 1926-1927. — Paul Fleurier, « Souvenirs de militant », Dix-Huit, 13 décembre 1970. — Témoignage écrit de l’intéressé. — Extrait d’acte de naissance, Sancergue, 17 décembre 1985.

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