LECOINTE Gustave [LECOINTE Charles, Gustave]

Par Yves Le Maner, René Lemarquis

Né le 23 janvier 1893 à Lumbres (Pas-de-Calais), mort le 19 juin 1948 à Montigny-en-Gohelle (Pas-de-Calais) ; ouvrier mineur ; militant syndicaliste, anarchiste puis communiste du Pas-de-Calais ; maire de Montigny-en-Gohelle ; rédacteur en chef de l’édition du Pas-de-Calais de L’Enchaîné ; résistant.

Fils aîné d’une famille de mineurs qui comptait six enfants, Gustave Lecointe perdit à treize ans son père, qui avait été un militant guesdiste du Parti ouvrier français. Sa mère, ménagère, était fille de mineur, lui-même, épousa une fille de mineur. Ouvrier mineur, il travailla au fond à Montigny-en-Gohelle, à Nœux-les-Mines et à Billy-Montigny (Pas-de-Calais) où il résidait lorsqu’il fut appelé sous les drapeaux en 1913, comme infirmier à Lille, comme fils aîné de veuve. Il resta près de six ans sous l’uniforme et combattit en Égypte, en Palestine. Grièvement blessé, il lui fut impossible de retourner au fond après la guerre et il passa au carreau. À la fin des hostilités, il travailla aux accumulateurs chez Chausson à Asnières (Seine) puis comme préparateur en pharmacie à Ivry, pendant deux ans. De retour en 1921 aux mines de Courrières, il fut, comme mutilé de guerre, employé au carreau comme basculeur. Congédié en 1928, il travailla alors dans une entreprise de travaux publics de 1932 à 1935. Au chômage en 1936, il devint secrétaire de mairie à Drocourt puis employé, au début 1937, au journal l’Enchaîné.

Actif militant syndicaliste de tradition « broutchoutiste », sympathisant anarchiste, Gustave Lecointe adhéra à la CGTU en 1922 et rejoignit les rangs du Parti communiste en 1924. Il milita avec Ramette. Il était membre de la cellule de Montigny dont il était secrétaire, puis fut secrétaire de la section de Carvin-Hénin. Il fut élève en 1926 d’une école de section. En 1927, il était membre, avec Ramette, du bureau du rayon de Lens, fonction qu’il abandonnera en raison de sontravail après son renvoi des mines. En 1929, Lecointe fut élu conseiller municipal de Montigny. À la suite de questions personnelles dues « au sectarisme de certains », le maire dut démissionner et Lecointe fut élu maire en 1930. Mais il fut exclu quelques mois avec quatorze camarades conseillers qui furent tous réintégrés : « un élément trotskiste avait à cette époque essayé de nous gagner […] mais [il] s’était vite aperçu des mots d’ordre démagogiques de ces gens-là, des petits bourgeois » Les exclus « n’eurent plus de liaison avec ces quelques individus ». Il resta maire jusqu’en 1925. Participant aux principaux mouvements de masse de la région, il fut plusieurs fois condamné à des amendes pour des articles de presse et, en 1935, à trois mois de prison avec sursis et 50 F d’amende pour propagande antimilitariste. Il était correspondant de l’Enchaîné pour la région lensoise. Entre 1935 et 1937, sa cellule passa de 100 à 260 adhérents. Il fut rédacteur en chef de l’édition du Pas-de-Calais de l’Enchaîne, organe régional du PC édité à Lille.

Il conserva cette fonction jusqu’en 1939 et siégea au bureau de la Région communiste du Pas-de-Calais de 1936 à 1939 (voir Auguste Lecœur).
Arrêté avec Nestor Calonne en février 1940, il fut transféré de camp d’internement en camp d’internement avant de parvenir à s’évader de l’un de ces camps situé près de Digne (Basses-Alpes), toujours en compagnie de Calonne. Il passa dès lors à la clandestinité, rejoignant Lecœur à la direction régionale du PC pour le Pas-de-Calais. Avec ces deux militants, il fut l’un des organisateurs de la grande grève des mineurs du bassin du Pas-de-Calais de mai-juin 1941, à l’issue de laquelle il fut arrêté par la police française et remis aux autorités d’occupation. Emprisonné à Lille puis à Huy (Belgique), Lecointe parvint à s’évader et reprit sa place à la direction régionale clandestine, alors animée par Louis Lallemand. Nommé en 1942 délégué du Comité central du PC pour la zone occupée, il participa à la constitution des unités FTP en Bretagne, puis dans l’Est avant de devenir, en 1943, l’un des responsables militaires pour la région parisienne. Après avoir pris part aux combats de la libération de Paris en août 1944, il regagna le Pas-de-Calais où il siégea au comité départemental de Libération. Il réintégra également le secrétariat fédéral du PC où il siégea jusqu’à sa mort subite en 1948. Il fut conseiller général du canton de Carvin et maire de Montigny-en-Gohelle de 1945 à sa mort. Sa première adjointe Ezia Leblond lui succéda à la tête de Montigny-la-Rouge.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50103, notice LECOINTE Gustave [LECOINTE Charles, Gustave] par Yves Le Maner, René Lemarquis, version mise en ligne le 7 mai 2009, dernière modification le 26 décembre 2021.

Par Yves Le Maner, René Lemarquis

SOURCES : RGASPI, Moscou, 495 270 4350, autobiographie du 30 juillet 1937. — Arch. Nat. F7/13127. — Arch. Dép. Pas-de-Calais, M 5221 et 1 Z 1092. — Liberté, 24 octobre 1944. — Jean-Marie Fossier, Zone Interdite, op. cit. — R. Pannequin, Ami, si tu tombes, Paris, 1976. — Renseignements fournis par la mairie de Montigny-en-Gohelle.

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