EVALDRE Raphaël [EVALDRE Auguste, Antoine, Raphaël]

Par Pierre Bonnaud

Né le 14 septembre 1891 à Malakoff (Seine, Hauts-de-Seine), mort le 31 mars 1977 à Hyères (Var) ; ingénieur civil des mines, directeur d’entreprise ; ancien combattant 1914-1918, résistant dans l’Ain puis dans l’Ardèche ; syndicaliste CGT et militant communiste, membre de la direction clandestine du PCF en Ardèche et du comité directeur départemental du Front national (1944), membre du bureau de l’UD-CGT de l’Ardèche (1946-1947)- ; administrateur séquestre de l’usine Lafarge dué Teil (septembre 1944-mars 1947).

Evaldre (Auguste Antoine Raphaël selon l’état-civil) portait en fait le même prénom usuel que son père, Raphaël. Celui-ci, artiste peintre et maitre-verrier, installé à Bruxelles (Belgique) était un artiste reconnu. Il travailla aux côtés de l’architecte Victor Horta et fut un initiateur du style floral de l’Art Nouveau dans la dernière décennie du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Il conçut les vitraux d’immeubles emblématiques de ce style dans la capitale belge. De son mariage avec Antoinette Marcon étaient nés trois enfants. Raphaël, qui naquit en 1891, fréquenta l’Université Libre de Bruxelles où il obtint en juillet 1914 son diplôme d’ingénieur civil des mines.

Mobilisé et blessé durant le premier conflit mondial, il en revint avec des idées pacifistes et antimilitaristes. Après la guerre, il devint directeur de la production de l’usine Destrée (groupe Reckitt), installée à Melle (Belgique) et spécialisée dans la fabrication d’un produit de lessive, le « Bleu d’Outremer ». Son attitude sociale, ouverte à l’égard de ses ouvriers, d’après le témoignage de son fils Gil, détonnait dans le milieu patronal belge.

À nouveau mobilisé en 1939 puis réformé, il demeura à la tête de l’entreprise. Après l’invasion hitlérienne de la Belgique au printemps 1940, il refusa toute collaboration avec les forces d’occupation et l’administration allemande. Inquiété il dut fuir à la fin de l’année 1941 et son domicile à Bruxelles fut perquisitionné. Raphaël Evaldre était marié à Berthe Dumont née à Gand (Belgique) le 5 juin 1888. Avec son épouse et deux de ses enfants (Antoinette et Gil) il trouva refuge dans l’Ain où son fils aîné Philippe, (né en 1915), prisonnier en Allemagne, possédait une petite exploitation agricole. Un autre de ses fils, Jean (né en 1921), étudiant en droit, était demeuré à Bruxelles où il rejoignit les rangs de la Résistance belge. Sa fille aînée Thérèse (née en 1913), retrouva la famille dans l’Ain en 1943.

Recherchant du travail, Raphaël Evaldre gagna l’Ardèche où il se fit embaucher dans l’entreprise de confiturerie de marrons Clément Faugier à Privas. Il y fit la connaissance de militants du PC.

De retour dans l’Ain, Raphaël Evaldre entra en contact avec la Résistance locale et adhéra au Parti communiste clandestin vers 1943. Il participa aux activités d’un groupe FTPF dans la région de Neuville-Les-Dames. Au printemps 1944, alors que sa fille aînée Thérèse venait d’aider à la réception d’un parachutage, Evaldre fit l’objet d’une dénonciation. Averti à temps pour éviter l’arrestation – le lendemain de son départ, la ferme où se trouvait sa famille fut perquisitionnée – il regagna l’Ardèche.

De retour dans la région de Privas, il renoua les liens avec la Résistance par l’intermédiaire de la militante communiste Célina Ville*. À nouveau en contact avec le Parti communiste (voir la biographie de Raoul Galataud), il devint membre de sa direction clandestine dans le département sous le pseudonyme d’Antoine. Chargé de suivre les « questions ouvrières et économiques », il développa son réseau de relations. Parmi ses proches, il comptait les représentants de la CGT clandestine (notamment ceux de La Voulte et du Teil), les responsables du Front national au Teil (les époux Lanjon, qui l’hébergèrent), et après le 12 août, le « chargé d’affaires préfectorales » de l’Ardèche, Jacques Méaudre de Sugny*, dit Loyola.

À la fin du mois d’août 1944, Raphaël Evaldre apporta sa contribution aux combats pour la Libération de l’Ardèche. Le 30 août, près de 4 000 soldats de l’armée allemande furent encerclés par les FFI dans la région de Chomérac, après avoir traversé le massif du Coiron. Présent au chef-lieu du département, Raphaël Evaldre eut la conviction que ces soldats démoralisés se rendraient plus facilement s’ils étaient assurés de la présence des armées alliées. Il se rendit à bicyclette de Privas au Teil où les premiers éléments de l’armée d’Afrique venaient d’arriver. Il obtint qu’une pièce d’artillerie aille tirer quelques salves à partir des crêtes du Coiron. La reddition eut lieu le 31 août.

Avec la Libération de l’Ardèche, qui intervint le 2 septembre 1944, la relance de l’économie locale et la poursuite de l’effort de guerre devinrent des priorités dans le département. Se référant au programme du CNR, Evaldre suggéra de destituer les propriétaires des cimenteries Lafarge. Les griefs de la Résistance ardéchoise à l’encontre de la société Lafarge et de la direction de l’usine du Teil étaient nombreux : à la collaboration politique des principaux actionnaires, à la collaboration économique, notamment à la mise à la disposition de l’ennemi de matériels et de contingents de main-d’œuvre pour la construction du « mur de l’Atlantique », s’ajoutaient les souvenirs d’une répression impitoyable lors des grèves de 1937-1938 (voir Jean Garnier*) et les faveurs accordées au PPF de Doriot* que la direction de l’entreprise avait soutenu dans son implantation locale.

Dans la première quinzaine de septembre 1944, Raphaël Evaldre, mandaté par la direction fédérale du PCF, accompagné de l’inspecteur départemental du travail, se rendit auprès de la direction de l’usine du Teil. Le directeur de l’usine Lafarge, Camille Ettore, n’entendait pas avoir des comptes à rendre.

Le 19 septembre, l’UL-CGT du Teil réunit en assemblée les travailleurs de l’entreprise. Accompagné de Gaston Chizat* qui représentait l’UD Drôme-Ardèche, Evaldre proposa la mise sous séquestre de l’usine du Teil.

Un ordre du jour en ce sens fut adopté à l’unanimité. Les salariés y firent « le serment solennel de rester unis pour faire de l’usine une entreprise modèle où le travail sera à l’honneur, où chacun étant payé selon ses mérites, travaillera au maximum de ses moyens ». Le texte concluait : « vive la gestion ouvrière. Vive le travail libéré. Vive la CGT. » Le directeur de l’usine et son adjoint furent mis à pied.

Le CDL de l’Ardèche, présidé par le militant socialiste Jean Beaussier*, reprit à son compte l’initiative. Le 27 septembre 1944, le préfet Robert Pissère suspendait par arrêté les onze principaux actionnaires de la société Lafarge et plaçait sous séquestre leurs entreprises. Raphaël Evaldre était désigné comme administrateur-séquestre. Le 6 octobre, Yves Farge*, commissaire de la République à Lyon confirmait par un nouvel arrêté l’ensemble de ces mesures.

Pendant trente mois (septembre 1944-avril 1947), Raphaël Evaldre assuma la direction d’une expérience de gestion inédite dans les cimenteries françaises, s’appuyant sur plusieurs commissions élues par les salariés (commission consultative, commission de contrôle, commission des effectifs…), préfiguration de la mise en place du comité d’entreprise à partir de 1945.

Vers la mi-octobre, Evaldre apparut comme membre du comité directeur départemental du Front National (liste publiée le 14 octobre 1944 par La voix du peuple de l’Ardèche), responsable de sa commission économique.

Au sein de la Société Lafarge, il agit sur trois fronts.

Il transforma radicalement l’organisation paternaliste et quasiment seigneuriale de l’entreprise du Teil : l’école confessionnelle intégrée fut remplacée par une école publique. Un groupement d’achats, une colonie de vacances, une maison de jeunes furent créés. Leur gestion, celle de la cantine et de l’ensemble des œuvres sociales, fut confiée aux commissions de salariés. Evaldre négocia avec les organisations syndicales une convention collective qui privilégiait les salaires et modernisait leur structure : ils furent revalorisés de vingt pour cent ; vinrent s’y adjoindre des indemnités (de chauffage, de logement) et une prime de rendement qui remplacèrent le vieux système clientéliste de distribution d’avantages en nature.

Il impulsa la bataille pour la production. Le capital matériel de l’usine du Teil s’était fortement dégradé durant la guerre. Mais dès octobre 1944, le site industriel ardéchois était remis en route. La production mensuelle de ciment atteignait mensuellement 5 à 6 000 tonnes. En 1945, elle doubla et la production annuelle dépassa celle de 1938. Les effectifs de l’usine passèrent de 453 ouvriers en 1944 à 680 en 1947.

Dans une lettre adressée à Yves Farge, Raphaël Evaldre évoquait ainsi la remise en route de l’usine :

« Malgré le Comité de répartition des produits industriels qui voudrait que nous ne livrions que sur présentation de bons matières dont aucun ne semble être en circulation, nous avons renoué les relations avec les grands barrages de Corrèze. Une navette de quatre wagons est rétablie. Cette navette est convoyée. Aucun wagon ne doit rentrer à vide et la rame ramène des denrées alimentaires pour les agglomérations du Teil et de Viviers. Nous livrons aux charbonnages, aux Ponts et chaussées, à toutes les communes sinistrées qui s’adressent à nous. »

Evaldre s’efforça d’étendre la mesure du séquestre à l’ensemble de la société Lafarge et de ses entreprises. Dans ce but il multiplia les démarches, se rendant dès le mois d’octobre 1944 au siège parisien de la société, puis au ministère de la production industrielle, dirigé alors par le socialiste Robert Lacoste*. Ses initiatives demeurèrent sans effet. En novembre, il obtint un ordre de mission de Raymond Aubrac*, commissaire de la République à Marseille, qui lui permit d’effectuer une tournée auprès des trois usines Lafarge du sud de la France (Fos, Valdonne, Contes). Il rencontra les directions locales, les responsables syndicaux, les salariés, sans réussir à faire évoluer la situation.

Le 21 octobre 1944, Raphaël Evaldre avait adressé au procureur de la République à Privas un dossier sur la collusion des principaux actionnaires avec les autorités allemandes. Le 5 novembre il en communiqua les pièces à Yves Farge. Le 27 novembre 1944, le tribunal de Privas, saisi de l’affaire, rendit un jugement : les biens particuliers des onze principaux actionnaires et administrateurs de Lafarge étaient placés sous séquestre. En introduisant le contrôle financier des Domaines sur ces biens, l’ordonnance du Président du tribunal instituait une tutelle financière qui affaiblissait de fait l’administration séquestre.

Le 15 septembre 1945, pour le premier anniversaire de la « gestion patriotique » de l’usine du Teil, une manifestation marquante et symbolique fut organisée au sein de l’entreprise. Louis Saillant*, président du CNR, Julien Racamond*, secrétaire confédéral de la CGT, Lucien Labrousse*, secrétaire de la fédération du bâtiment, Yves Farge, commissaire de la République, le préfet Robert Pissère étaient présents parmi les salariés de l’entreprise. 84 000 tonnes de roches furent abattues par une mise à feu spectaculaire dans la carrière. Les participants furent conviés à un banquet. Raphaël Evaldre ouvrit la série des allocutions, faisant « le bilan de cette première année de gestion » […] montrant « l’effort constructif des ouvriers… » (La voix du peuple de l’Ardèche, 22 septembre 1945).

Cependant, pendant toute cette période, les pressions pour un retour à la situation antérieure au séquestre se multiplièrent à tous les niveaux. La gestion de Raphaël Evaldre était dénigrée. Le 16 mai 1945, l’ancien directeur de l’usine du Teil écrivait au général de Gaulle, président du gouvernement provisoire. Après avoir indiqué qu’il avait été, en septembre 1944, « congédié par l’administrateur séquestre, sans avoir pu présenter une défense » […] Il demandait avec insistance : […] « faites, mon général, lever ces séquestres iniques et paralysants. »

Le 15 juin 1946, lors de son assemblée générale, le syndicat des artisans du bâtiment de la région de Tournon vota à l’unanimité un ordre du jour qui demandait « l’ouverture d’une enquête sur les faits qui se passent aux usines Lafarge » car « les artisans touchent des attributions dérisoires ».

Les résistances et les manœuvres les plus importantes provenaient du siège administratif de Lafarge à Paris. Au terme de trois jugements et d’une requête du tribunal de la Seine, le président du tribunal civil de Privas prononça le 24 septembre 1945 la main-levée du séquestre sur les biens personnels des actionnaires.

Un répit suivit. Du 21 novembre 1945 au 16 décembre 1946, le communiste Marcel Paul* fut ministre de la Production industrielle et les démarches du siège devinrent prudentes et feutrées. Avec le retour de Robert Lacoste au ministère à la fin de l’année 1946, l’offensive reprit. Dans une lettre non datée, mais parvenue à la préfecture le 27 janvier 1947, le ministre écrivait au préfet de l’Ardèche :

« […] j’ai l’honneur de vous faire connaître que l’arrêté de monsieur le commissaire de la République plaçant sous administration séquestre l’usine du Teil a fait l’objet d’un recours en Conseil d’État de la part de la société Lafarge.

« Mes services sont actuellement dans l’impossibilité d’envoyer un mémoire en défense au Conseil d’État, faute d’arguments juridiques susceptibles d’être invoqués en faveur de cette décision administrative qui ne paraît pas reposer sur des bases juridiques certaines.

« Je vous serais très obligé de bien vouloir me faire connaître votre manière de voir au sujet de cette affaire et notamment si la remise de l’usine du Teil aux dirigeants de la société Lafarge est susceptible de provoquer des difficultés d’ordre social. »

Le préfet de l’Ardèche avait souligné à plusieurs reprises les qualités de Raphaël Evaldre. Dans un rapport daté du 23 octobre 1946, il indiquait que « Monsieur Evaldre avait su s’attirer l’estime de son personnel et dirigeait l’entreprise à la satisfaction de ses subordonnés ». Il mit en garde le ministre contre un mouvement social qui risquait de s’avérer explosif :

« […] il est très probable que les 680 ouvriers travaillant pour cette firme se mettront en grève […]. Il faut donc s’attendre à des incidents certains si la levée du séquestre a lieu ; et les difficultés qui en résulteront seront d’autant plus difficiles à régler que la levée du séquestre ramènera à la tête des usines, et l’ancien personnel de direction […] et les anciens membres du conseil d’administration qui représentent, aux yeux des ouvriers, une époque qu’ils estiment révolue. » (Lettre sans date probablement envoyée au ministère le 28 janvier 1946)

Le 28 mars 1947, le Conseil d’État rendit son arrêt : les mesures administratives prises en septembre 1944, « entachées d’excès de pouvoir » étaient toutes annulées, le séquestre levé.

Les protestations des élus communistes (municipalité du Teil, conseiller général de Viviers) et des syndicats CGT de la région s’élevèrent immédiatement…Dans un rapport daté du 25 avril 1947, les Renseignements Généraux en dressent le bilan et rendent compte des difficultés rencontrées par le syndicat pour mobiliser le personnel à l’intérieur de l’entreprise.

La direction de Lafarge observa une démarche prudente. Elle envoya plusieurs émissaires en Ardèche. Le Préfet organisa une rencontre dont il rapporta les conclusions dans une lettre du 4 avril 1947 adressée au ministère de la production industrielle.

« Je décidai donc de recevoir au cours d’une audience commune M. Evaldre, administrateur séquestre, et les représentants de la société, pour tenter de concilier les points de vue et d’éviter des désordres. Je crois avoir réussi. Les deux parties ont fait preuve d’esprit compréhensif et réaliste et se sont mises d’accord sur les principaux points. »

En ce début de printemps 1947, avec des tensions sociales plus marquées, un climat annonciateur de la guerre froide, le contexte était défavorable. Le temps de la participation gouvernementale des communistes arrivait à son terme. Raphaël Evaldre négocia un compromis. La décision du Conseil d’État allait être appliquée à l’usine du Teil, mais la direction reconnaissait les conquêtes sociales et l’organisation nouvelle de l’entreprise.

Les salariés de Lafarge éprouvèrent un désarroi certain et des dissensions éclatèrent. La CGT s’efforça de relancer la combativité ouvrière. Lors de sa première visite à l’entreprise, le 4 avril, le représentant de la direction centrale de Lafarge fut accueilli au son de la corne par un débrayage de trois quarts d’heure, suivi d’un rassemblement devant le siège du comité d’entreprise.

Le 31 mai 1947 La voix du peuple de l’Ardèche rapportait : « […] au lendemain de la de la levée du séquestre, d’innombrables affiches ont couvert les murs de l’usine, accusant les militants du syndicat de pousser les ouvriers à la grève, à la misère, et par là-même les engageait à quitter la CGT. » Le journal communiste mettait en cause « les anciens PPF payés par le patronat déjà en 1938 pour jeter le trouble dans les rangs ouvriers ».

Le 8 avril, l’accord négocié officieusement était entériné par les secrétaires du comité d’entreprise, du syndicat CGT, de la commission de contrôle, et le nouveau directeur, en présence d’un représentant du préfet.

Le 18 avril le syndicat organisa une assemblée générale des personnels et une résolution de protestation fut votée. Elle renouvelait la « confiance [des salariés] à leur camarade Evaldre, administrateur séquestre dont la compétence et l’allant ont permis de surmonter bien des difficultés et donner un essor à l’usine… » Raphaël Evaldre fit ses adieux, déclarant notamment :

« Je mentirais si je vous disais qu’en venant aujourd’hui je n’ai pas le cœur affreusement serré. […] Nous avons […]prouvé que la gestion d’une entreprise par les salariés eux-mêmes était la meilleure forme de gestion […] et cela en accordant aux travailleurs des avantages substantiels […]. Ces avantages on nous a fait la promesse de vous les laisser. Ils ne vous resteront que dans la mesure où vous saurez les défendre et vous ne vous défendrez bien que si vous restez unis, unis dans votre syndicat, unis dans votre fédération de 700 000 membres, dans notre CGT […]. »

Pendant toute la durée du séquestre, Raphël Evaldre ne cessa jamais de participer aux activités de la CGT et du PCF. Répondant aux sollicitations de l’organisation des cadres de l’industrie cimentière (l’UNITEC), il prononça le 1er juillet 1945 à Grenoble une conférence sur l’avenir de l’industrie cimentière dans la perspective de la reconstruction du pays. Le 31 mars 1946, il présenta au 2e congrès de l’UD, présidé par André Tollet* un rapport sur la reprise économique et les comités d’entreprise. À compter de cette date, il fit partie du bureau de l’UD. Le 14 juin 1947, il fut élu au comité fédéral du PCF. Dans ses souvenirs, Henri Chaze*, secrétaire de la fédération communiste, évoque la période où, chez Lafarge, « le directeur se promenait avec l’Humanité dans la poche ».

Dans les années qui suivirent, Raphaël Evaldre eut beaucoup de mal à retrouver un emploi : son militantisme et ses engagements lui fermèrent les portes des entreprises privées. La fédération CGT du bâtiment lui confia la gestion de coopératives ouvrières en perdition à Port Saint Louis dans les Bouches-du Rhône puis à Gennevilliers dans la région parisienne. Ce furent d’amères expériences. Vers 1951, il créa à Toulouse un bureau d’études dans le domaine du béton armé. Son entreprise devint prospère.

Sur le plan syndical et politique, il conserva ses convictions, militant en outre à l’ARAC. Il demeura membre du PCF : comme un grand nombre d’intellectuels et de cadres de sa génération, il pensait que l’avenir de la société appartenait à la classe ouvrière et qu’il convenait de se mettre à son service.

Raphaël Evaldre ne perdit jamais le contact avec ses camarades ardéchois. Il confia ses archives « Lafarge » inclues aujourd’hui dans le fonds du Musée de la Résistance de l’Ardèche. Son expérience de la Résistance avait beaucoup marqué sa vie personnelle. Célina Ville le rejoignit à Toulouse puis à Hyères où il se retira.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50121, notice EVALDRE Raphaël [EVALDRE Auguste, Antoine, Raphaël] par Pierre Bonnaud, version mise en ligne le 8 mai 2009, dernière modification le 6 juillet 2009.

Par Pierre Bonnaud

SOURCES : Arch. Dép. Ardèche, 72 W 615, 70 J 20, (fonds du musée départemental de la Résistance en Ardèche). — Arch. de l’UD-CGT de l’Ardèche. — La Voix du Peuple de l’Ardèche (1944-1947). — Louis-Frédéric Ducros, Montagnes ardéchoises dans la guerre, Valence, 1981, t. III. — Mémorial de la Résistance en Ardèche, ANACR (3e édition), Aubenas 1994. — Henri Chaze, Un communiste ardéchois dans le siècle, Les Allobroges, Aubenas, 1994. — Lettre de Gil Evaldre, fils de Raphaël Evaldre (11 octobre 1997). — Témoignage de Mathé et Raoul Galataud. — État civil de Malakoff.

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