FAUVET Jacques, Jules, Pierre, Constant

Par André Caudron

Né le 9 juin 1914 à Paris (VIe arr.), mort le 1er juin 2002 à Paris (XVIe arr.) ; journaliste, rédacteur en chef (1963) puis directeur du Monde (1969-1982) ; président de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL 1984-1999).

Fils de Pierre Fauvet, publiciste, et d’Andrée née Meunier-Pouthot, Jacques Fauvet fit ses études au lycée Saint-Louis et à la faculté de droit de Paris où il obtint la licence, puis choisit le journalisme à l’instar de son père. Il débuta en 1937 à L’Est républicain, à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Mobilisé avec le grade de lieutenant en 1939, il reçut la Croix de guerre l’année suivante, fut fait prisonnier et emmené dans un oflag qu’il ne put quitter qu’à la fin de la guerre.

Libéré en avril 1945, il rejoignit son poste en Lorraine pour peu de temps : Le Monde, en effet, le recruta dès juillet et il fut nommé chef du service politique en 1948. Rapidement considéré comme l’un des meilleurs spécialistes des questions politiques et parlementaires françaises, rédacteur en chef adjoint depuis 1958, il devint rédacteur en chef cinq ans plus tard. Cogérant de la Société Le Monde, éditrice des publications du journal, à partir de 1968, il fut appelé un an plus tard à succéder au fondateur, Hubert Beuve-Méry*, à la direction du journal.

Jacques Fauvet poursuivit la tâche de son prédécesseur qui avait su donner au Monde une réputation de journal sérieux, respectueux avant tout de l’information et de l’indépendance. S’il se montra critique à l’égard du septennat de Valéry Giscard d’Estaing, il fut aussi très réservé vis-à-vis du Programme commun de gouvernement de la gauche, signé en 1972, en raison de la méfiance que lui inspirait le Parti communiste. L’assertion de son confrère Jean-François Revel le qualifiant de « quasi compagnon de route » du PCF était donc pour le moins exagérée. Aux élections présidentielles, Jacques Fauvet apporta son soutien à François Mitterrand*.

Sous la direction de Jacques Fauvet, qui accentua le caractère intellectuel du Monde, celui-ci connut jusqu’en 1976 une période faste pendant laquelle la diffusion augmenta dans des proportions considérables (75 %). Soucieux d’affirmer l’indépendance du journal dans maintes circonstances, son directeur fut inculpé en novembre 1980 par décision du ministre de la Justice, Alain Peyrefitte, pour la publication de cinq articles jetant le discrédit sur la magistrature. Il fut amnistié lors de l’élection présidentielle de 1981. Le départ en retraite de Jacques Fauvet donna le signal d’une longue et difficile période pour Le Monde. André Laurens qui prit sa succession le 1er juillet 1982 ne resta en fonction que pendant trois ans.

Associé de la SARL Le Monde de 1982 à 1994, Jacques Fauvet remplit alors diverses fonctions : présidence du jury du concours extérieur de l’ENA (1983), conseils d’administration de la Bibliothèque nationale de France (1983) et de la Société générale de presse (1989), vice-présidence de la commission française pour l’UNESCO (1985-1994), présidence du jury du prix Aujourd’hui (1990). Mais il fut surtout connu en tant que président de la CNIL. Élu par trois fois à ce poste de 1984 à 1999, il fut chargé de veiller au maintien des libertés individuelles ou publiques lors de la constitution des fichiers informatiques.

Engagé au Syndicat des journalistes français (SJF-CFTC), Jacques Fauvet avait fait partie de son conseil national de 1953 à 1960.

Grand croix de la Légion d’honneur et de l’ordre national du Mérite, il reçut la médaille de vermeil de la ville de Pais. Il était lauréat de l’Académie française (prix Dumarest 1958) et de l’Académie des sciences morales et politiques (1966).

De son mariage avec Claude Decroix, le 21 juin 1939, il eut cinq enfants. Sylvie, la cadette, épousa Michel Vauzelle qui devint ministre, député des Bouches-du-Rhône et président de la Région Provence Alpes Côte-d’Azur (PACA).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50124, notice FAUVET Jacques, Jules, Pierre, Constant par André Caudron, version mise en ligne le 8 mai 2009, dernière modification le 8 mai 2009.

Par André Caudron

ŒUVRE : De Thorez à de Gaulle. Les forces politiques en France, étude et géographie des divers partis, préface d’Hubert Beuve-Méry, Éditions « Le Monde », 1951. — La France déchirée, Fayard, 1957. — Les paysans et la politique dans la France contemporaine, direction avec Henri Mendras, Armand Colin, 1958. — La IVe République, Fayard, 1959. — La fronde des généraux, avec Jean Planchais, Grenoble, Arthaud, 1961. — Histoire du Parti communiste français, avec Alain Duhamel, deux volumes, Fayard, 1964-1965 ; deuxième édition, un volume, 1977.

SOURCES : Who’s who in France, 1969-1970. — Dictionnaire des intellectuels français, Seuil, 1996 (Rémy Rieffel). — Henry Coston, Dictionnaire de la politique française, 1, 1967 ; 4, 1982. — Patrick Eveno, Histoire du journal Le Monde, 1944-2004, Albin Michel, 2004. — Le Monde, 4 juin 2002 (Jean Planchais). — Notes d’Éric Belouet.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable