FERRARI Jules, Joseph, Ernest

Par Roger Champrobert

Né le 21 août 1895 à Les Magny (Haute-Saône), mort le 1er novembre 1991 à Thiers (Puy-de-Dôme) ; ouvrier métallurgiste ; militant communiste du Doubs puis du Puy-de-Dôme, membre du secrétariat régional du PCF ; résistant au sein du Front national (FN).

Fils d’ouvriers, Jules Ferrari débuta sa vie active à douze ans dans les ateliers de l’usine Peugeot. Son père, Joseph Ferrari, natif de Lugano, était déjà ouvrier chez Peugeot ; sa mère, Marie née Georges, était brodeuse. Élevé religieusement, il fréquenta l’école publique et obtint le certificat d’études. Mobilisé en 1915, il intégra la 14e de Belfort, et fit partie d’un groupe de mitrailleurs. Décoré de la Croix de Guerre avec deux citations, puis de la Médaille militaire, il fut blessé trois fois. Il devint « révolutionnaire » dans les tranchées. En 1917, il considéra la Révolution Russe comme « une libération des peuples ». Évoquant sa vie dans les tranchées plus de soixante ans après les événements, il se souvient : « Quand nous étions au repos, nous discutions entre nous de la vie, des événements. Il y avait des ouvriers parisiens qui connaissaient beaucoup de choses que nous, venant de la campagne, nous ignorions. Ils parlaient de Jaurès, du Socialisme, de la Commune de Paris. J’ai su où était la vérité, où était la voie d’un homme du peuple. »

Après la guerre, Jules Ferrari reprit son travail chez Peugeot. Il adhéra à la CGT et à la section socialiste. En 1920, il participa aux grandes grèves qui secouèrent la France. Dans son usine, le mouvement dura un mois. Militant actif, il fut licencié. À la section socialiste, lui et ses camarades étaient sensibles « aux efforts des Bolcheviks, avec le camarade Lénine pour construire un régime socialiste et établir enfin une paix durable dans le monde ». Un vote favorable pour l’adhésion à la 3e internationale se dégagea.. Jules Ferrari fut envoyé par sa section comme délégué au congrès de Tours de décembre 1920. Il en fit le récit à l’auteur de cette notice, mais aussi à une journaliste de l’Humanité : « le délégué Jules Ferrari, ouvrier chez Peugeot, arrive fourbu à la gare de Tours, vêtu d’un costume et d’un manteau neufs, un chapeau mou vissé sur la tête » (L’Humanité, décembre 1990). Pourtant, il ne figure pas dans la liste des délégués donnée exhaustivement dans Le Congrès de Tours. Il était sans doute observateur et non délégué officiel. Le seuls délégué officiel du Doubs était Jean Alloix* qui donna 29 mandat à l’adhésion à la IIIe Internationale et 4 à l’adhésion avec réserve.

Ne trouvant pas de travail dans sa région, Jules Ferrari s’installa à Thiers (Puy-de-Dôme) en 1921 et fut embauché dans la coutellerie. Obligé de changer d’entreprise à trois ou quatre reprises, il connut le même problème qu’en Franche-Comté et se vit refuser l’embauche en raison de sa réputation de militant. Jusqu’à sa retraite, il se fit alors forain, vendant des pantoufles, puis des chaussures de toutes sortes sur les marchés des environs. Propriétaire à partir de 1934 d’une maison à Pont-de-Dore, près de Thiers, il y installa un petit magasin.

À Thiers, ville de tradition industrielle, il fut durant l’entre-deux-guerres, une des principales figures du PC. Alors que la fédération du Puy-de-Dôme avait de grosses difficultés à Clermont-Ferrand, des militants de Thiers la reformèrent. Étienne Néron en devint le secrétaire et Jules Ferrari en fut le trésorier en 1935, membre du secrétariat régional, jusqu’à la réinstallation du siège de la Fédération à Clermont et la désignation de Guy Périlhou comme nouveau secrétaire de la Région Auvergne de 1936 à 1939.

Jules Ferrari vécut les événements du Front populaire à Thiers. Il mobilisa différentes énergies pour venir en aide aux républicains espagnols. Des collectes (vêtements, médicaments) furent organisées et son garage servit d’entrepôt.

En 1939, Jules Ferrari fut mobilisé sur place et travailla à l’atelier de chargement des Gravanches. En 1939-1940, il hébergea des militants du Parti communiste entrés en clandestinité. C’était alors le cas de Robert Marchadier. En novembre 1940, il fut arrêté par la police française. Après deux camps en France, Rivel et Saint-Sulpice, il fut envoyé en déportation en Afrique du Nord, à Djelfa puis à Bossuet. Il ne fut libéré que sept mois après le débarquement américain de novembre 1943 et fut ensuite livré à lui-même à Alger pendant des mois si bien qu’en décembre 1944, l’organe du PCF du Puy-de-Dôme s’indigna de la situation faite à ces hommes démunis de tout.
Il a été homologué Résistance intérieure française (RIF).

Il resta un actif militant du Parti communiste du Puy-de-Dôme après la guerre, comme secrétaire de la cellule de Pont-de-Dore. À la maison de retraite de Lezoux, il continuait à défendre les idées communistes et à évoquer avec passion son passé.

Jules Ferrari s’était marié à Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie) en octobre 1929 avec Marie, Louise Luézal.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50136, notice FERRARI Jules, Joseph, Ernest par Roger Champrobert , version mise en ligne le 8 mai 2009, dernière modification le 26 novembre 2020.

Par Roger Champrobert

SOURCES : DBMOF, notice Jules Ferrari. — SHD Vincennes, GR 16 P 221697, dossier Jules Ferrai (nc). —Document rédigé par Roger Champrobert à partir d’un entretien réalisé avec Jules Ferrari en 1987. — L’Humanité, décembre 1990. — Le Congrès de Tours, Éditions sociales, 1980. — Notes de Jean-Pierre Besse, Claude Pennetier et Eric Panthou. — "Il existe encore des déportés politiques", La Voix du Peuple, 2 décembre 1944. — RAGSPI : Fonds de la direction du Parti Communiste Français :1935 : cote 517_1_1744.Tournée dans le Puy-de-Dôme du 11 au 25 août 1935.
Mémorialgenweb. — État civil de Les Magny (pas de mention de décès).

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