GARCIA Jean

Par Claude Willard

Né le 5 juin 1925 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; tourneur ; secrétaire de la fédération des Bouches-du-Rhône et membre du bureau national de l’UJRF (1951-1953), délégué de la JCF à la FMJD (1953-1957), collaborateur de la « polex » (1953-1977), secrétaire fédéral de la Seine-Saint-Denis (1969-1979), membre du comité central (1970-1987) ; sénateur (1977-1995).

[Sénat]

Né dans une famille ouvrière de huit enfants, Jean Garcia était le fils de Juan Garcia, terrassier, puis ouvrier huilier dans l’entreprise Darier de Roufio dans le quartier Oddo (Marseille) et de Catherine née Vicente, coututière, tous deux nés en Espagne. Après l’école primaire, il dut interrompre ses études pour gagner sa vie. D’octobre 1941 à janvier 1948, il fut employé de bureau à la Société française pour l’industrie de l’aluminium, puis, de janvier 1948 à juin 1949, à la Société française de constructions navales où il devint, en compagnie de Paul (dit Achille) Papazian délégué syndical CGT. Licencié du fait de ses activités syndicales et politiques, Jean Garcia apprit le métier de tourneur au centre Velten à Marseille. A la suite de cette formation accélérée (d’octobre 1949 à avril 1950), il décrocha un diplôme de tourneur et fut embauché aux ateliers de roulements à billes Spiraï et Stiller (mai 1950-janvier 1951).

Tout jeune, Jean Garcia fut fortement influencé par son frère aîné, Antoine, qui milita au Secours rouge international (notamment pour Carlos Prestes) et combattit durant la guerre d’Espagne (dans l’infanterie puis dans l’aviation). Cette action marqua Jean Garcia dans son activité ultérieure de solidarité internationale. Il adhéra à la JC en octobre 1944 et au PCF en avril ou mai 1945. Sa progression au sein de la fédération UJRF des Bouches-du-Rhône fut rapide : membre du comité dès mars 1945, il intégra le bureau en juin 1946 et devint secrétaire à la propagande lors du congrès d’Arles qui se déroula en août de la même année. Sa notoriété lui valut d’être élu en 1947 conseiller municipal de Marseille dans l’équipe de Jean Cristofol et de suivre, en septembre 1948, les cours de l’École centrale de la jeunesse. Ses activités furent aussi intenses par la suite. En 1949, Jean Garcia anima le 9 juillet une manifestation contre la guerre d’Indochine à Endoume et, à la fin août, assista au Festival mondial de la Jeunesse à Budapest. Il joua un rôle actif le 10 janvier 1950 lors de la manifestation organisée sur la Canebière contre le départ du paquebot Pasteur chargé de renforts à destination de l’Indochine.

En octobre 1950, il fut interpellé lors des accrochages qui accompagnèrent le procès des « Dix de La Bocca » qui se déroulait à Marseille. Il se rendit aussi en URSS (1950), en Bulgarie (du 15 au 30 août 1952) et à Bucarest en juillet 1953.

Doté du statut de permanent, Jean Garcia devint secrétaire fédéral des Bouches-du-Rhône et membre du bureau national de l’UJRF (1951-1953). En 1952 et 1953, il fut aussi promu au bureau de la fédération des Bouches-du-Rhône du PCF. Il était alors journaliste à Provence nouvelle, l’hebdomadaire de cette fédération. Le
26 avril 1953, il fut réélu conseiller municipal de Marseille. Jean Garcia partit s’installer à Paris après que le secrétariat du PCF eut décidé, lors de sa réunion du 13 octobre 1953, de le déléguer auprès de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (FMJD). À ce titre, il participa à l’organisation de la Rencontre internationale de la jeunesse rurale (Ravenne, 1953) et des festivals mondiaux de Berlin, Varsovie, Moscou et Vienne.

De 1957 à 1977, Jean Garcia collabora à la « polex » (commission de politique étrangère du CC) en tant que responsable des campagnes de solidarité aux victimes de la répression (Grèce, Espagne, Portugal, Liban…).

Secrétaire fédéral du PCF de Seine-Saint-Denis (1969-1979), directeur de son hebdomadaire 93 Actualités (1969-1977), Jean Garcia fut élu au CC du PCF de 1970 à 1987. Il y fut en particulier responsable (de 1977 à 1984) de l’aide à la promotion des militants. Au XXIIIe congrès (1979), à la tribune, il critiqua la notion de « banlieue rouge ». De 1984 à 1987, Jean Garcia fut secrétaire coordonnateur en région Bourgogne ; de 1984 à 1988, secrétaire régional de l’Île-de-France.

Sénateur de Seine-Saint-Denis (1977-1995), Jean Garcia fut secrétaire de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, de la délégation des communautés européennes. À ce titre, il participa à plusieurs voyages d’information et d’amitié (Algérie, Canada, Chypre, Cuba, URSS). Spécialisé dans la solidarité à Cuba victime de l’embargo, il obtint notamment l’envoi de colis humanitaires de la part des ministères. Lors des législatives de 1988, Jean Garcia se présenta dans la 13e circonscription de Seine-Saint-Denis (Noisy-le-Grand, Neuilly-sur-Marne, Neuilly-Plaisance). Il fut aussi conseiller municipal de Gagny (1989-1990).

Après son départ volontaire du Sénat, Jean Garcia continua de travailler à la polex. Il participa aussi aux activités des Amis de la Commune de Paris dont il devint vice-président.

Jean Garcia avait épousé, le 10 mai 1947 à Marseille, Paulette Tarquin (médaillée de la Résistance, plus tard maire-adjoint de Drancy). Le couple eut deux enfants, Jacqueline et Edgard.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50185, notice GARCIA Jean par Claude Willard, version mise en ligne le 11 mai 2009, dernière modification le 24 février 2022.

Par Claude Willard

[Sénat]
Prise de parole sur la Canebière, contre la guerre d'Indochine, le 10 janvier 1950
Prise de parole sur la Canebière, contre la guerre d’Indochine, le 10 janvier 1950
[Cliché communiqué par sa fille, Jacqueline Garcia]

SOURCES : Fonds Jean Garcia, Arch. dép. de Seine-Saint-Denis (179 J et 461 J), inventaire en ligne. — Arch. du comité national du PCF — Arch. de la fédération des Bouches-du-Rhône — Arch. dép. des Bouches-du-Rhône, dossiers 148 W 189, 290, 291, 302, 423 — Interview réalisée en 1997. — État civil de Marseille (2008). — La Marseillaise, 11 janvier 1950, 13 mai 1953 (photo), 9 février 1976. — Midi-Soir, 27 février 1950. — Notes de Jacqueline Garcia. — Archives départementales de Seine-Saint-Denis, Fonds d’archives de jean Garcia sénateur de la Seine-Saint-Denis 1950-1998, 179 J 22 F1 GARCIA.

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