FAÏTA Vincent [FAÏTA, selon l’état civil, dit couramment FAÏDA]

Par Antoine Olivesi

Né le 5 ou le 6 mai 1918 à La Spezia (Italie), guillotiné le 22 avril 1943 à Nîmes (Gard) ; ajusteur-outilleur ; syndicaliste CGT, militant et résistant communiste.

Vincent Faïta
Vincent Faïta

Vinicio (Vincent) Faïta arriva très jeune en France où ses parents se réfugièrent dès 1921 pour fuir le fascisme. Son père, Guillaume, chaudronnier en cuivre à l’Arsenal de La Spezzia, condamné par contumace par les tribunaux mussoliniens, trouva du travail à Marseille. Sa mère, née Dotta Maria, effectua périodiquement des ménages et des travaux de couture à domicile. Elle s’acquitta en outre de lourdes tâches familiales avec trois enfants à élever à leur arrivée en France (Vincent était le second).
Vincent Faïta fit de très bonnes études primaires à l’école communale publique de Saint-Just dans la banlieue très ouvrière du nord-est de Marseille. Il bénéficia d’une dispense pour se présenter au certificat d’études primaires à l’âge de onze ans mais ne put poursuivre ses études malgré des aptitudes reconnues par ses instituteurs. Dès l’âge de quatorze ans, il devenait apprenti dans une entreprise de réparations automobiles dans le quartier, alors industriel, du Rouet. Il ne le resta pas longtemps à cause d’une altercation avec son patron : il avait en effet répliqué par un coup de balai au coup de pied de celui-ci.
À la fin de l’année 1934, Vincent Faïta entra à l’école d’apprentissage des Aciéries du Nord située boulevard Rabateau. Il y deviendra ajusteur-outilleur. En 1935, il adhéra aux Jeunesses communistes. Au début de 1936, il fut l’un des premiers élèves de l’école à se syndiquer à la CGT réunifiée en janvier. Devenu secrétaire des JC dans sa cellule d’entreprise, il fut l’un des principaux dirigeants des jeunes lors des grandes grèves de juin. Il militait aussi activement au mouvement des Auberges de jeunesse.
Déjà remarqué et fiché pour ses activités politiques et syndicales, Vincent Faïta fut licencié après la grève du 30 novembre 1938. Il fut désigné par son syndicat pour organiser les chômeurs tout en vivant de travaux temporaires et pénibles (portefaix au marché, transporteur à bras). Son activité politique se déplaça vers la cellule du faubourg ouvrier de Saint-Just.
En 1939, Vincent Faïta retrouva un emploi d’ajusteur de précision aux usines Paulet (fabrication d’armes et d’horlogerie) dans le quartier voisin de Malpassé. Au bout de quelques semaines, il fut dénoncé comme propagandiste et licencié pour son activité syndicale et pour l’appréciation qu’il portait publiquement sur « la drôle de guerre ». Son usine travaillant pour la Défense nationale, sa présence fut jugée « indésirable ».
Ce fut par annonce que Vincent Faïta fut embauché, toujours en tant qu’ajusteur de précision, dans un atelier de mécanique de la rue George où ses qualités lui valurent la sympathie des cadres de l’entreprise qui le proposèrent au poste de contremaître. Vincent Faïta n’eut pas le temps d’entrer en fonction car, le 28 janvier 1942, il fut arrêté sur son lieu de travail par la brigade spéciale de Vichy. Il était en effet resté membre du PCF interdit et s’occupait particulièrement de l’aide aux clandestins. Il fut condamné par le tribunal militaire de Marseille pour reconstitution d’organisation politique dissoute et incarcéré au fort Saint-Nicolas où il retrouva – et fit évader – son ami d’enfance Jean Robert.
Vincent Faïta fut ensuite interné au camp de Mauzac en Dordogne d’où il réussit à s’évader le 31 janvier 1943. Il rejoignit à Nîmes ou à Mauzac l’organisation clandestine du PCF dans les rangs des Francs-tireurs et partisans-Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI), participa à plusieurs actions de ce groupe mais fut à nouveau arrêté par la police vichyssoise le 2 ou le 6 mars. Vincent Faïta fut condamné à la peine de mort un mois plus tard par la section spéciale de la Cour d’appel de Nîmes pour action militaire contre les troupes d’occupation. En compagnie de Jean Robert, il fut guillotiné sur l’ordre de Vichy le 22 avril 1943 dans la cour de la maison d’arrêt de Nîmes. Il avait vingt-cinq ans.
Dès le mois de mai, les communistes appelèrent à venger cet « assassinat », cette exécution « ignominieuse », dans des tracts signés PCF (SFIC). Le 6 novembre l’inspecteur Balligand fut abattu par un militant de la MOI ainsi que le relate le numéro clandestin de La Marseillaise du 1er décembre 1943 : « Avis : Le traître Balligand, inspecteur divisionnaire, chef de la Brigade spéciale, coupable d’avoir torturé les FTPF Robert et Faïda, est condamné à mort. Le tribunal populaire des Bouches-du-Rhône, 10 octobre 1943. Jugement exécuté le 6 novembre par fusillade. »
Le corps de Vincent Faïta fut transféré à Marseille le 31 octobre 1944. Plus de 20 000 personnes assistèrent le lendemain à la cérémonie solennelle de ses obsèques et de celles de Jean Robert et de Robert Giudicelli. Elles défilèrent devant le catafalque fleuri dressé près du crématorium du cimetière Saint-Pierre. Jean Cristofol et les principaux dirigeants marseillais du PCF étaient présents.
Il a été homologué interné résistant (DIR), FFI et décoré de la Médaille de la Résistance par décret du 17 décembre 1968 JORF du 17 janvier 1969.

Le nom de Vincent Faïta fut célébré dès lors, pendant des années, comme celui de l’un des principaux héros et martyrs de la résistance communiste. Le nom d’une rue de Marseille (ex-rue Jules-Siegfried), dans le quartier de Montalivet, rappelle aujourd’hui encore sa mémoire.
Son nom figure aussi sur la stèle aux morts de la Résistance des Bouches-du-Rhône au carré militaire du cimetière Saint-Pierre à Marseille.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50192, notice FAÏTA Vincent [FAÏTA, selon l'état civil, dit couramment FAÏDA] par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 11 mai 2009, dernière modification le 6 avril 2022.

Par Antoine Olivesi

Vincent Faïta
Vincent Faïta

SOURCES : SHD, Vincennes, GR 16P 214848 (nc).— Renseignements fournis par la famille, et notamment par l’intermédiaire de Daniel Faïda, en réponse au questionnaire. – Renseignements fournis par G. Righetti, 28 juin 1985. – Extrait des registres des délibérations du conseil municipal de Marseille, séance du 19 juillet 1945. – Rouge-Midi, 24 octobre et 2 novembre 1944, 22 avril 1945 (photos). – Article postérieur de Pierre Doize dans La Marseillaise.

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