Par Pierre Vincent, Julian Mischi
Né le 18 mars 1920 à Saint-Léger-Magnazeix (Haute-Vienne), mort le 4 novembre 1999 à Égly (Essonne) ; cheminot, ouvrier du SES ; syndicaliste CGT, délégué auprès du directeur général (1951-1968), membre de la direction de la Fédération CGT des cheminots (1962-1983), responsable de l’UD-CGT de l’Allier ; militant communiste, secrétaire fédéral du PCF de l’Allier (1958-1962).
Les parents d’Henri Barlier étaient de petits cultivateurs exploitants. La famille comptait six enfants, dont deux fils décédèrent très jeunes. Il avait une sœur jumelle. Un frère, plus âgé de cinq ans, militant syndical et politique dans la métallurgie puis dans l’enseignement, exerça une influence sur lui à la fin des années trente.
Sorti de l’école primaire à treize ans avec son certificat d’études, Henri Barlier ne put continer ses études compte tenu des difficultés financières de ses parents. Il entra en apprentissage chez un artisan forgeron serrurier de son pays natal. Il continua dans cette profession et partit, en 1938, à Vierzon (Cher) où il put suivre une formation professionnelle. Syndiqué à la CGT dès 1939, c’est aussi à cette période qu’il commença à lire l’Humanité.
À la déclaration de guerre, l’entreprise qui l’employait ferma ses portes. Cherchant un emploi, le hasard le conduisit à la SNCF. Il entra à la gare de Vierzon (Cher) comme ouvrier auxiliaire le 15 septembre 1939 et fut orienté vers le Service électrique et signalisation (SES), filière où il accomplit toute sa carrière professionnelle. Mobilisé le 2 juin 1940, démobilisé le 8 février 1941, il ne fut réembauché que le 1er décembre 1941, au service régional SES du Sud-Ouest, en résidence à Limoges, travaillant dans les gares de Châteauroux (Indre) et de Toulouse (Haute-Garonne). Il devint ouvrier titulaire en juin 1942 à Montluçon (Allier).
Entre 1942-1944, il participa aux réseaux de Résistance, distribua des tracts et participa à des actes de sabotage sur les boîtes à essieux. En mars 1944, il devint membre des FTPF.
En 1947, il prit des responsabilités à la CGT, au sein du SES à Montluçon. Il devint responsable du comité technique du secteur de Montluçon et fut, dès lors, membre du bureau du secteur. En janvier 1950, secrétaire général du secteur de Montluçon, il accéda au bureau de l’Union Sud-Ouest et au conseil national de la Fédération CGT des cheminots. Après la grève du 4 juin 1952, il fut lourdement sanctionné. Il s’agissait de protester contre l’arrestation de Jacques Duclos et d’André Stil, le mouvement fut bien suivi à Montluçon. Il fut suspendu pendant dix-sept jours et déplacé à Vendôme (Loir-et-Cher), dans le secteur de Tours (Indre-et-Loire), où il devint secrétaire du syndicat. Son déroulement de carrière marqua un coup d’arrêt. Il fut retiré du tableau d’aptitude au grade de sous-chef ouvrier. Son déplacement fut adouci en janvier 1953, par un détachement à Royat-Chamalières (Puy-de-Dôme), lieu d’attachement des agents Voie et Bâtiments (VB)-SES du secteur de Montluçon. Il ne revint à Montluçon que le 1er janvier 1960, au poste occupé en 1952.
Réélu secrétaire du secteur de Montluçon en 1955, il le resta jusqu’au 18 mars 1962, puis devint permanent à la fédération CGT des cheminots, élu par le conseil national et confirmé par le congrès fédéral d’avril 1963. Il fut chargé du secrétariat de l’Union Sud-Ouest jusqu’en janvier 1968, date à laquelle il fut remplacé par Georges Lanoue. À la suite et jusqu’en 1974, il prit la charge des services VB et SES en remplacement de Daniel Jourdain.
Sa carrière professionnelle se termina le 18 mars 1975 comme agent d’entretien principal. Une possibilité lui fut offerte de passer l’examen d’accès à la maîtrise au cour des années soixante, mais il appliqua l’orientation fédérale qui, à l’époque, était de considérer cet examen comme néfaste au devenir de la filière. De 1974 à 1976, il fut membre du bureau de l’Union fédérale des retraités dont il devint en 1976 le secrétaire fédéral en charge du secrétariat de l’UFR. Il le restera jusqu’en 1983.
Pendant toute cette période, il avait occupé dès 1948 des fonctions électives comme délégué du personnel au niveau local et régional et avait été délégué auprès du directeur général de 1951 à 1968. Il représenta la CGT au comité mixte central des Installations fixes (VB) de 1968 à 1974. Il milita également dans les organismes interprofessionnels, fit partie de la commission administrative de l’Union départementale de l’Allier et de l’Union confédérale des retraités.
Henri Barlier avait adhéré au Parti communiste le 1er décembre 1944. Il fut secrétaire de la cellule des cheminots en juin 1945, puis en 1949, il devint secrétaire de la cellule Jean Mathé. Par la suite, il fut membre du comité et du bureau de section de Ville-Gozet et membre du comité fédéral du PCF de l’Allier de 1950 à 1952. Sanctionné pour son activité syndicale, Henri Barlier dut quitter en mai 1952 le département de l’Allier. De retour le 16 juillet 1956, Henri Barlier reprit son activité militante et fut envoyé à Paris en janvier-février 1957 pour suivre une école centrale d’un mois. Il devint alors secrétaire de la section Ville-Gozet à Montluçon, qui était la plus importante section de la fédération avec 550 adhérents en 1959. Henri Barlier entra dans le même temps, en mai 1957, au comité fédéral et au bureau fédéral où il fut chargé des questions d’Organisation. En juin 1959, lorsqu’Yves Bournaud tomba malade, Henri Barlier fut nommé au secrétariat fédéral pour le remplacer.
Marié en décembre 1944 avec la fille d’un cheminot révoqué en 1920, elle même militante syndicale et politique dans sa vie professionnelle comme employée de mairie, Henri Barlier fut père de deux filles.
Par Pierre Vincent, Julian Mischi
ICONOGRAPHIE : La Tribune des cheminots [actifs], no. 767, Novembre 1999.
SOURCES : Arch. PPo, SNCF S26. — Arch. Fédération CGT des cheminots. — La Tribune des cheminots. — Comptes rendus des congrès fédéraux. — Archives de la fédération du PCF de l’Allier. — Comités fédéraux du PCF. — Notes de Jean-Pierre Bonnet, de Marie-Louise Goergen et de Georges Ribeill. — État civil.