Par Sylvain Pattieu
Né le 26 avril 1927 à Asnières (Seine, Hauts-de-Seine), mort le 18 juin 1997 à Paris (XIIe arr.) ; dessinateur industriel puis journaliste ; dirigeant de l’UJRF à la fin des années 1940, secrétaire national (1956-1968) puis secrétaire général (1968-1972) de Tourisme et travail et président de l’association (1972-1985), président du Bureau international du tourisme social (1986-1992), président de l’Agence nationale du chèque-vacances (1989-1992).
Le père de Jean Faucher, Louis, était ouvrier (carrossier selon l’état civil). Il participa aux grèves de juin 1936 d’où il retira ses premiers souvenirs militants, reconstitués à la lumière de la mémoire communiste. Sa mère, Marguerite, était sans profession. Jean Faucher évoquait notamment la fête dans l’usine occupée de son père et les défilés mêlant drapeaux rouges et tricolores. Son père adhéra semble-t-il au Parti communiste après 1936. Diplômé du baccalauréat, dessinateur industriel de formation, Jean Faucher milita jeune au sein de ce parti, plus particulièrement à l’Union de la jeunesse républicaine de France (UJRF) dont il fut l’un des dirigeants après avoir adhéré aux Jeunesses communistes à la Libération. Il fut en charge des questions dites « extra-politiques ».
Animé d’une « véritable passion pour le chant et la musique », Jean Faucher forma les « chorales » qui assuraient la « partie artistique des meetings ». Il s’occupa également des vacances et du tourisme, fondant Loisirs vacances jeunesse (LVJ), organisation de vacances en direction des jeunes liée au PCF. À ce titre, il côtoya au cours de ses activités militantes le jeune Pierre Mauroy*, fondateur de l’association Léo-Lagrange, avec lequel il conserva des liens d’amitié. Il présida également l’Union française des auberges de jeunesse et fut l’un des fondateurs de l’Union nationale des centres sportifs de plein air (UCPA).
À vingt-neuf ans, Jean Faucher dut quitter les organisations de jeunesse et le PCF ne lui proposa pas de poste à responsabilités au sein de l’appareil communiste. En 1956, il entama alors une carrière militante au sein de Tourisme et travail, comme secrétaire national chargé de la rédaction de la revue éponyme. Il resta militant du PCF, membre d’une cellule de Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine) qui allait prendre le nom de Fanny Dewerpe, une des militantes mortes à Charonne en février 1962. Jean Faucher semble avoir entretenu des liens avec les communistes espagnols. En 1963, il était directeur de publication du journal communiste Juventud de Espana, dont le mouvement était interdit en France à cette date.
En 1966, lors d’un congrès de Tourisme et travail marqué par une volonté de redressement de la CGT, Jean Faucher devint secrétaire général de l’association. En 1972, il en prit la présidence, en remplacement d’André Lunet*, désigné en 1968, qui connaissait alors de graves problèmes de santé. Cette promotion, au départ accidentelle, lui permit de diriger l’association jusqu’à sa faillite en 1985. Le militantisme entraîna pour lui une professionnalisation militante dans le secteur du tourisme. Il fut le président de l’essor de Tourisme et travail, qui connut un développement important dans les années 1970.
En 1981, après la victoire électorale de la gauche, Jean Faucher fonda de grands espoirs sur un développement du tourisme populaire. Lors de la constitution du second gouvernement de Pierre Mauroy*, dans lequel entrèrent des ministres communistes, Jean Faucher espéra d’ailleurs devenir ministre ou secrétaire d’État chargé du Tourisme. Il entendait, avec Tourisme et travail, participer à la définition d’une nouvelle politique du tourisme social et publia avec Léo Lorenzi un ouvrage en forme de programme préfacé par Georges Séguy, intitulé Vacances pour un autre temps. Jean Faucher fut nommé par la gauche membre du comité consultatif de l’économie sociale, il entra également au conseil d’administration d’Air France. Le militantisme touristique lui permit ainsi de bénéficier de positions dans les institutions et les entreprises publiques.
La crise économique et sociale, le tournant de la rigueur et les changements de la politique de tourisme social des pouvoirs publics qui en découlèrent furent à l’origine de graves difficultés de Tourisme et travail. L’association, qui avait procédé à des recrutements nombreux du fait de ses prévisions optimistes, connut des problèmes financiers qui la conduisirent à déposer le bilan en juillet 1985. Jusqu’à la fin, Jean Faucher parvint à dissimuler à la CGT l’ampleur des difficultés. La confédération syndicale lui reprocha cette attitude et lui imputa une responsabilité dans la faillite. Amer, il rompit alors avec la CGT et le PCF. Il avait occupé des fonctions à la direction de l’association pendant presque trente ans, dont treize à la présidence.
Jean Faucher fut ensuite président du Bureau international du tourisme social de 1986 à 1992 et président de l’Agence nationale du chèque-vacances de 1989 à 1992.
Jean Faucher s’était marié le 6 décembre 1952 à Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine) avec Jeanne Mirande, née le 14 juillet 1933 à Boulogne-Billancourt. Ils eurent trois enfants : Michel, né le 9 juin 1954 à Paris (XIe arr.), Sylvie, née le 7 décembre 1956 à Gennevilliers, et Martine, née le 28 décembre 1957 à Gennevilliers. L’un de ses gendres, Bernard Frédérick, fut journaliste à l’Humanité et correspondant à Moscou.
Par Sylvain Pattieu
SOURCES : CAMC, dossier des Renseignements généraux, 1992 0032 article 7, dossier n° 22 264. — Tourisme et travail. — Jean Faucher, Léo Lorenzi, Vacances pour un autre temps, Paris, Éditions sociales, 1982. — Journal officiel, 28 mars 1982 (pour sa nomination au comité consultatif de l’économie sociale). — Interview de Jean Faucher dans Gennevilliers magazine, n° 4, novembre 1983. — Alain Faujas, « Jean Faucher », article nécrologique, Le Monde, 22 juin 1997. — Entretiens avec Robert Piumati, 6 octobre 2004, et avec Jeannine Marest, 10 novembre 2004. — État civil d’Asnières.