FELDMANN Élisabeth [née VERCOUTER Élisabeth, Pauline, Joséphine]

Par André Caudron

Née le 15 octobre 1912 à Lille (Nord), morte le 21 juillet 2006 à Lille ; dactylo ; présidente de la fédération de Lille-Centre du Mouvement populaire des familles (1943), responsable d’équipe de l’ACO, présidente diocésaine (1962-1967) puis nationale (1970-1977) de l’Action catholique générale des femmes (ACGF), dirigeante lilloise de SOS Amitié.

Fille d’un Lillois, Alphonse Vercouter, ébéniste, et de Lucie Hoffman, originaire de Tournai (Belgique), Élisabeth Vercouter, dactylo, entra en 1937, encore célibataire, à la Ligue ouvrière chrétienne féminine (LOCF). Mariée à Lille le 7 juillet 1938 avec André Feldmann, de six ans son aîné, elle participa l’année suivante aux premières expériences de vacances familiales que la LOC mettait en place à Frencq et à Bouvignies-Boyeffles (Pas-de-Calais). Elle prit ensuite des responsabilités au comité fédéral de la LOCF, auprès de Marthe Hermand*, présidente lilloise.

À la suite de l’exode de mai 1940, Élisabeth Feldmann séjourna un moment à Paris où elle prit contact avec la présidente nationale, Simone Rollin*. Rentrée dans le Nord en mars 1942 seulement, elle devint la première présidente de la fédération de Lille-Centre du Mouvement populaire des familles (MPF), à sa fondation en 1943, à la suite d’une transformation, accompagnée de fusion, de la LOC masculine et de la LOCF, et se préoccupa surtout d’actions concrètes comme l’organisation de la coopérative et des aides familiales.

Fatiguée, attendant son quatrième enfant, elle quitta la vie militante en 1945, mais la reprit cinq ans plus tard. Animatrice d’une équipe d’Action catholique ouvrière (ACO) avec son mari à partir de 1950 dans le populeux quartier lillois de Wazemmes, elle allait le rester jusqu’au départ en retraite de ce dernier. Entre-temps, elle avait été appelée à des postes importants au sein de l’Action catholique générale des femmes (ACGF), qui avait remplacé, à la même époque, l’ancienne Ligue féminine d’action catholique française, appelée communément « la Ligue ». Présidente de son comité diocésain depuis 1962, elle fut nommée vice-présidente nationale en 1967, tout en continuant de siéger à l’équipe dirigeante du diocèse de Lille.

Lors des journées tenues par l’ACGF à Versailles en juin 1970, Élisabeth Feldmann fut élue présidente par les huit cents déléguées qui représentaient cent mille militantes. Sa désignation fut saluée comme un événement remarquable, car le choix s’était toujours porté jusqu’alors, pour d’aussi hautes fonctions dans l’action catholique générale, sur des personnes appartenant à la bourgeoisie, voire à l’aristocratie. L’ACGF définissait alors son principal objectif comme une mission d’évangélisation, donnant la priorité à la justice, à la dignité de l’être humain et à la promotion de la jeunesse.

« Je me suis toujours refusée, quoi qu’on ait dit, à être l’alibi de l’ACGF envers le monde ouvrier », a écrit Élisabeth Feldmann. « Je voulais contribuer à aider les femmes du monde ouvrier, nombreuses en ACGF, à développer leur personnalité, à rester elles-mêmes face aux femmes d’autres milieux. Aider aussi le mouvement à donner l’autonomie à ses différents services temporels : entraide, heures d’amitié, bibliothèques pour tous. »

En 1977, au terme de son mandat, Élisabeth Feldmann prit la direction de SOS Amitié à Lille et organisa des travaux pratiques à l’École de service social des facultés catholiques de cette ville. Elle fit partie de l’équipe nationale du mouvement « Vie évangélique ».

Retirée dans une maison de retraite d’Haubourdin avec son mari, puis devenue veuve, elle se montra très disponible pour les autres résidantes et aida, jusqu’à la veille de sa mort, l’aumônier de l’établissement. Elle avait eu cinq enfants.

André Feldmann, employé, militant de la CFTC, avait ensuite présidé la section lilloise des retraités CFDT pendant dix ans, après 1970. Membre du Parti socialiste, il avait été candidat sans succès aux élections municipales à Haubourdin en 1977. Cécile Vercouter, sœur d’Élisabeth et ancienne présidente fédérale de la JOCF à Lille-Centre, épousa Gilbert Ryon*, futur secrétaire de l’Union régionale CFDT (1970-1981).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50211, notice FELDMANN Élisabeth [née VERCOUTER Élisabeth, Pauline, Joséphine] par André Caudron, version mise en ligne le 12 mai 2009, dernière modification le 12 mai 2009.

Par André Caudron

ŒUVRE : « Itinéraire d’une militante dans les évolutions du mouvement ouvrier chrétien », Vingt ans de luttes ouvrières et familiales, 1940-1960. Le MPF dans le Nord Pas-de-Calais, Cahiers du GRMF, n° 5, 1988.

SOURCES : Annuaire du diocèse de Lille, 1944, 1959-1970, 1978. — André Caudron, Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, IV. Lille-Flandres, Beauchesne, 1990. — Nord Éclair, 12 juin 1970. — La Voix du Nord, 23-24 juillet 2006. — État civil de Lille.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable