FRONTCZAK Willy [FRONTCZAK Othon-Guillaume, dit « Willy »]

Par Claude Cuenot

Né le 10 septembre 1911 à Aschersleben (Allemagne), mort le 8 février 1998 à Montbéliard (Doubs) ; mineur puis ouvrier tourneur ; militant communiste à Audincourt (Doubs) et Besançon (Doubs), membre du comité fédéral du Doubs du PCF ; résistant déporté à Buchenwald, secrétaire de la FNDIRP dans le Doubs.

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Willy Frontczak était le quatrième enfant d’une fratrie qui en comptait treize, neuf garçons et quatre filles. Son père Valentin Frontczak était né le 31 janvier 1881 à Tarnow (Pologne). Il fut mineur en Allemagne, puis exerça différents métiers comme manœuvre dans des ports dont Hambourg. Immigré en France en 1921, il devint à nouveau mineur à Ronchamp (Haute-Saône) et dans les mines de potasse en Alsace. Valentin Frontczak termina sa vie professionnelle aux Filatures Japy à Audincourt (Doubs) où il résidait avec sa famille depuis 1931. Dans le Doubs, les Polonais, surtout présents dans l’arrondissement de Montbéliard, constituaient en 1931 le troisième groupe d’immigrés derrière les Italiens et les Suisses. Sa mère Wladyslawa Krzyzanowska, née le 26 septembre 1887 à Kalisz (Pologne), fut elle aussi ouvrière en Allemagne. Elle eut treize enfants et resta mère au foyer. Les parents de Willy Frontczak étaient catholiques mais non pratiquants, et très attachés à la justice et à la rectitude morale. Après la guerre, ils sympathisaient avec les idées communistes.

Willy Frontczak suivit l’école primaire en Allemagne, avec un cursus en pointillé en raison des déménagements successifs de la famille. Il commença à travailler en 1924, comme mineur de charbon à Ronchamp.

Willy Frontczak fit son service militaire en 1932 dans l’artillerie (DCA). Il adhéra aux Jeunesses communistes en 1929 à Colmar, probablement sous l’influence de son frère Paul, de cinq ans son aîné. Également ouvrier, Paul Frontczak avait cependant bénéficié d’un cursus scolaire plus stable en Allemagne et lu des œuvres de Marx. Willy rejoignit ensuite la CGTU en 1932 et le Parti communiste en septembre 1934 à Audincourt. Ses sept frères et une de ses sœurs furent aussi membres de ce parti.
Willy Frontczak travailla à la Compagnie des Forges d’Audincourt, usine de 1300 salariés dont de nombreux Polonais, où il fut délégué CGT en 1936. Il fut aussi délégué aux usines Peugeot de Sochaux en remplacement de délégués licenciés suite à la grève du 30 novembre 1938.

Mobilisé en septembre 1939, Willy Frontczak fut fait prisonnier dans les Vosges, puis affecté dans un camp à Neuf-Brisach dont il s’évada en septembre 1940. Rentré à Audincourt, il reprit contact avec Pierre Lana* et participa avec lui à la formation de groupes pour distribuer des tracts ou écrire des slogans sur les murs. Arrêté avec Léon (ou Jules ?) Garneret dans l’usine Peugeot de Sochaux en août 1941 par la police française, il fut brutalisé durant plusieurs heures. Le préfet demanda pour lui une déchéance de sa nationalité française. Le 7 octobre, la Cour spéciale de Besançon le condamna à deux ans de prison pour infraction au décret du 26 septembre 1939. Il passa par les prisons de Belfort, puis Besançon où il retrouva ses frères André et François Frontczak*, mais aussi Louis Garnier*, avec lequel il tenta de s’évader en avril 1942. Il fut ensuite conduit à Clairvaux puis à Chalons-sur-Marne. Il passa par le camp de Compiègne de juillet 1943 à janvier 1944, où il était responsable de son bâtiment. Déporté à Buchenwald avec son frère François, il participa à la libération du camp.

Après la Seconde Guerre mondiale, Willy Frontczak travailla à Besançon au sein de la communauté de travail « Le bélier » mise en place par Marcel Barbu qu’il avait probablement connu à Buchenwald. Il était alors tourneur pour boitier de montres. Il termina sa carrière professionnelle chez Peugeot-Frères, devenu AOP (Aciers et outillages Peugeot), à Valentigney (Doubs) où il habitait depuis 1955 environ.

Willy Frontczak fut secrétaire de la section de Besançon du PCF d’août 1945 à mars 1947, mais cessa cette fonction pour raison de santé. Il était membre du comité fédéral avant 1950, puis de 1954 à 1959 (membre de la commission fédérale de contrôle financier) avec un très bref passage au bureau fédéral. Il fut membre du comité de la section de Beaulieu-Mandeure dans les années 1956-1970. Membre de la FNDIRP dont il fut président départemental dans les années 1950, il contribua à maintenir une mémoire communiste de la Résistance et de la déportation dans le Pays de Montbéliard. Les résistants communistes avaient été décimés en 1942 et ne jouèrent pas de rôle particulier en 1944.

En 1986, il resta aux côtés des communistes orthodoxes du PCF au moment de l’exclusion de la majorité des adhérents - dont deux de ses frères - de la Fédération du Doubs gagnée aux thèses des « reconstructeurs ».

Willy Frontczak parlait allemand, polonais et russe. Il était marié avec Berthe Waldeck, ouvrière, condamnée à un de prison en 1942.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50217, notice FRONTCZAK Willy [FRONTCZAK Othon-Guillaume, dit « Willy »] par Claude Cuenot, version mise en ligne le 13 mai 2009, dernière modification le 13 mai 2009.

Par Claude Cuenot

SOURCES : Arch. Dép. du Doubs, 118 J 8, autobiographies du 20 janvier 1952 et du 22 mai 1954 ; 1 Z 89, liste des condamnations de militants communistes. — Arch. comité national PCF, liste des comités fédéraux. — Renseignements fournis par sa nièce Françoise Frontczak.

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