FIÉVEZ Henri, Jean-Baptiste

Par Yves Le Maner, Claude Pennetier

Né le 9 octobre 1909 à Lourches (Nord), mort le 13 septembre 1997 à Denain (Nord) ; technicien métallurgiste ; syndicaliste CGT et militant communiste du Nord ; maire de Denain (1945-1947 ; 1977-1983), conseiller général (1945-1982), député (1946-1951, 1962-1973).

[Assemblée nationale, Notices et portraits]

Fils d’un mineur et d’une ménagère, Henri Fiévez était titulaire du brevet d’enseignement primaire. Élève de l’enseignement secondaire, il fut d’abord employé de bureau puis technicien aux établissements Cail à Denain en 1929.

Membre des Jeunesses communistes depuis 1927, il fut secrétaire de la section des Jeunesses communistes de Denain (Nord) pendant plusieurs années. Le Parti communiste reçut son adhésion en 1933. Il était président du vélo club FSGT.

Il se maria le 20 avril 1933 avec Alice Balet, ménagère. Le couple eut cinq enfants.

Membre de la CGTU à partir de 1933, Henri Fiévez succéda en 1936 à Pierre Coutant à la tête du syndicat CGT unifié des techniciens de la métallurgie de Denain et assuma la fonction de secrétaire de l’Union locale CGT. Il devint membre du comité régional communiste. Excellent orateur, très au fait de la législation, il participa à l’élaboration des conventions collectives dans le Valenciennois en 1936-1937.

Il siégea au comité fédéral communiste du Nord en 1937.

A propos du Pacte germano-soviétique, il écrivit : « J’ai défendu l’URSS, combattu Dewez et Douchement et tous ceux qui avaient rallié ces traîtres. J’ai diffusé une multitude de tracts rédigés par moi ayant pour titre "Non Moscou ne trahit pas" ». La police perquisitionna son domicile en 1939, 1940 et 1941.

Arrêté le 29 avril 1940, il put s’évader en mai 1940 à la faveur d’un bombardement. Fiévez reprit contact avec le Parti communiste en juillet 1940 et participa, avec Martha Desrumeaux, à la réorganisation du PC clandestin en 1940-1941. Responsable politique du secteur de Valenciennes sous le pseudo de Félix puis de René, il fut l’un des meneurs des grèves des mineurs (mai 1941) et des métallurgistes (mars 1942) du Nord. Résistant sous le pseudonyme de capitaine René il fut arrêté le 4 août 1942 à Beuvry-les-Béthune, il crut qu’il allait être fusillé et transmit oralement un message d’adieu à sa famille et au Parti communiste : « Après la guerre tu iras voir Ramette et Martha Desrumeaux, tu leur diras que je n’ai pas parlé, que je n’ai rien renié, que je serais mort en criant Vive le PC, Vive la France. A ma femme tu diras qu’elle ne doit pas vivre seule, mais se refaire une situation, elle est trop jeune pour vivre avec le seul souvenir d’un mort. Tu diras à mes enfants qu’ils peuvent être fiers de leur père ». Il réussit cependant à s’évader le 7 août et à renouer avec la Résistance, mais il fut à nouveau arrêté et interné dans plusieurs camps.

Il revint à Denain en 1945, fut homologué comme lieutenant FFI et nommé président de la délégation spéciale chargée d’administrer la ville, Henri Jolis* ayant refusé ce poste. Il fut élu maire le 19 mai 1945.

Élu conseiller général du canton de Denain la même année, il le demeura jusqu’en 1982, il échoua par contre avec toute la liste communiste aux municipales de 1947 mais fut réélu par la suite et garda son écharpe jusqu’en 1983. Responsable des élus communistes du Nord en 1947, il suivit une école centrale des élus en février 1948 et bénéficia d’un rapport élogieux : « Très intelligent, travaille avec sérieux et effort. Ce camarade a une grande connaissance du travail municipal, du travail pratique. Faiblesses dans le domaine théorique. Il rédige très bien, il peut encore se développer. Grand esprit de Parti. ».

En cinquième position sur la liste communiste dirigée par Henri Martel* aux élections du 21 octobre 1945 pour la première Assemblée nationale constituante dans la troisième circonscription du Nord, il ne fut pas élu, le PCF conquérant quatre sièges sur les neuf à pourvoir. Il était en sixième position lors de l’élection à la seconde Assemblée constituante et ne fut donc pas élu. Il en fut de même pour l’élection de l’Assemblée nationale législative où il était en cinquième position de la liste communiste.

A la même époque, la fédération communiste lui apportait son soutien, mais avec réserves : « Très vieux militant, attaché au Parti, bon agitateur, serait enclin à la suffisance, et a l’esprit de "copinerie" ne sait pas toujours faire preuve de fermeté, et prend ses responsabilités vis-à-vis de certains éléments malsains. »

La démission d’Henri Martel pour passer au Sénat permit à Fiévez de le remplacer comme député en décembre 1946.

Très actif à l’Assemblée nationale, il déposa plusieurs textes sur le statut des mineurs et proposa le 11 mars 1947 la construction d’un canal entre l’Escaut et la Sambre. Mais le 17 juin 1951 il fut victime du système des apparentements qui fit perdre un siège aux communistes. Candidat à chaque élection par la suite, il dut attendre celles de 1962 pour conquérir un siège qu’il conserva en 1967 et 1968.

II avait été inculpé d’atteinte à la sûreté de l’Etat en 1952, pour avoir organisé une manifestation pour la libération de Jacques Duclos*. Il eut cependant quelques difficultés l’année suivante. Louis Lambin écrivit alors : « N’a pas été représenté au CF de 1953 avec les raisons suivantes : « Inactivité depuis plus de 6 mois. A réduit considérablement depuis qu’il n’est plus député. Manque de stabilité et de fermeté dans sa section. »

Il revint au comité fédéral en mai 1964 ; il était alors secrétaire de section, et quitta cette instance en décembre 1968.

Il était devenu commerçant sur les marchés.

Cette figure majeure de la vie politique du Nord marqua, par ses talents d’orateur et ses activités législatives, l’histoire du communisme du département.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50218, notice FIÉVEZ Henri, Jean-Baptiste par Yves Le Maner, Claude Pennetier, version mise en ligne le 13 mai 2009, dernière modification le 10 février 2022.

Par Yves Le Maner, Claude Pennetier

[Assemblée nationale, Notices et portraits]

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Arch. Dép. Nord, M 595/35. — H. Iéria, mémoire de maîtrise, Lille III, 1974, op. cit. — RGASPI, 495 270 4622. — J.-M. Fossier, op. cit. — Y.-M. Hilaire et alii, Atlas électoral Nord-Pas-de-Calais, Lille III, 1973. — G. Bourgeois, mémoire de maîtrise, op. cit., annexes, p. 13. — Nord éclair, 16 septembre 1997. — DPF, op. cit.. — Renseignements fournis par les archives municipales de Denain.

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