FREGONARA Jolfred

Par Jean-Pierre Besse, Michel Dreyfus

Né le 8 décembre 1919 à Londres (Royaume-Uni), mort en août 2016 ; ouvrier métallurgiste ; militant communiste et syndicaliste de Haute-Savoie, secrétaire général de l’UD-CGT (1948-1966) ; membre du comité confédéral national (CCN) de la CGT (1948-1965) ; responsable mutualiste, administrateur de la Fédération nationale des mutuelles de travailleurs.

Jolfred Fregonara en 2015
Jolfred Fregonara en 2015
Communiqué par Gilles Perret

Le père de Jolfred Fregonara était boulanger, sa mère couturière. Il eut trois sœurs. Après son certificat d’études primaires, il obtint le brevet d’enseignement primaire supérieur puis le brevet mécanique professionnel et un CAP.

Outilleur, il entra dans la vie active en avril 1936 et travailla jusqu’en 1946 dans la mécanique. Engagé volontaire comme mécanicien dans la marine nationale en décembre 1938, il fut démobilisé en décembre 1941. Il participa à la Résistance au sein des FTP.

Jolfred Fregonara qui avait adhéré à la SFIO en 1936 puis au PSOP en 1937, quitta ce parti en 1938 et adhéra au Parti communiste en juillet 1945. Il siégea au comité fédéral à partir de juin 1947 puis au bureau fédéral d’avril 1948 à novembre 1965. Il passa alors au comité fédéral qu’il quitta en 1968. Après avoir suivi une école d’un an, il participa au début des années 1960 à une école de quatre mois.

Adhérent de la CGT depuis son entrée dans la vie active (1936), il devint permanent à l’UD à partir de 1946, secrétaire adjoint en 1947 puis secrétaire général en avril 1948 en remplacement de Noël Charrier*. Il occupa cette fonction jusqu’en 1966, date à laquelle il fut remplacé par René Fratucello*.

Jolfred Fregonara participa à tous les congrès nationaux de la CGT entre 1946 et 1965 et intervint à la tribune lors du 33e congrès national de la CGT à Ivry-sur-Seine en 1961. Il fut par ailleurs membre du comité national de la Fédération de la Métallurgie de 1946 à 1948 et membre du comité confédéral national de la CGT d’avril 1948 à novembre 1965.

Au début des années 1960, semble-t-il, il dut licencier une personne qu’il avait embauchée pour un cabinet dentaire mutualiste qu’il avait fondé. Cela lui attira les foudres de la CGT et du PC et il fut écarté de toutes les responsabilités politiques et syndicales qu’il détenait. Dans la fiche de renseignements qu’il compléta pour l’Institut d’histoire sociale de la CGT de Haute-Savoie en 1996, il signalait qu’il avait été membre du PC jusqu’en 1987.

Jolfred Fregonara fut aussi un mutualiste important. Il fut en en effet un des fondateurs de la Mutuelle familiale des travailleurs, créée en 1968. Cette organisation s’était construite à partir de la Mutuelle des travailleurs de la région parisienne qui, elle-même constituée en 1946, avait succédé à la Mutuelle des métallurgistes dont les origines remontaient au Front populaire autour du syndicat CGT des métallurgistes de la région parisienne et de la « Maison des métallos ». Désormais ouverte à tous, la Mutuelle des travailleurs de la région parisienne vit passer le nombre de ses adhérents de 10 000 à 35 000. Elle s’organisa enduite au sein de l’Union des mutuelles ouvrières de la région parisienne, constituée le 12 avril 1947, sous la direction d’André Leveillé*, qui se transforma ensuite en Union des mutuelles d’Île-de-France (UMIF). En 1998, cette organisation revendiquait 800 000 adhérents.

Ces réalisations s’inscrivaient dans un investissement croissant de la CGT en direction du mouvement mutualiste, comme le montrèrent d’ailleurs les discussions relatives à ce sujet, tenues désormais dans tous les congrès confédéraux qui eurent lieu à partir de 1951. Lors du XXVIIIe congrès tenu cette année là, Lucien Molino*, pionnier de la mutuelle ouvrière dans les Bouches-du-Rhône depuis le Front populaire, présenta une résolution demandant la création d’une organisation mutualiste nationale. Dès lors, la CGT se posa régulièrement la question de l’intervention sur ce terrain dont elle avait été bien éloignée jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Dans les années qui suivirent, des organisations mutualistes animées par la CGT se développèrent également dans le Midi de la France, notamment à Marseille autour de Lucien Molino, ainsi qu’avec la Mutuelle familiale des travailleurs des Alpes Maritimes et celle du Var. Bientôt, elles furent rejointes par la Société d’action mutualiste interprofessionnelle de Romans (SAMIR) et l’Union des mutuelles des travailleurs de Haute-Savoie dont Jolfred Fregonara fut un des fondateurs et le président. Mais durant plusieurs années, ces groupements hésitèrent entre créer une nouvelle organisation ou entrer à la Fédération nationale de la mutualité française (FNMF) qui, fondée en 1902, était devenue depuis la principale organisation mutualiste nationale.

Au printemps 1960, le pas fut franchi et la plupart des organisations mutualistes animées par des militants CGT se regroupèrent au sein de la Fédération nationale des mutuelles ouvrières (FNMO) dont Henri Raynaud* fut le premier secrétaire confédéral et Pierre Gabrielli* le directeur général. Les statuts de la nouvelle FNMO furent officiellement enregistrés le 4 juillet 1960. En 1968, la FNMO devait se transformer en Fédération nationale des mutuelles de travailleurs (FNMT) ; en 1986, elle devint la Fédération des mutuelles de France. En 1974, elle s’était dotée d’un journal intitulé L’Opinion mutualiste. Face à sa puissante rivale — la FNMF —, la FNMT pouvait revendiquer environ un dixième de ses forces. Après une période de tension entre la FNMF et la FMF survenue dans la décennie 1980, les rapports devinrent meilleurs et aboutirent à une collaboration étroite entre les deux en 2001.

Jolfred Fregonara fut un des administrateurs de la FNMT. Il fut également fait chevalier de la Légion d’honneur en mai 1986, au titre du ministère des Affaires sociales et de la Solidarité.

Marié, il était père de trois enfants. En 2009, il était domicilié dans les Alpes-Maritimes.Il mourut en août 2016.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50221, notice FREGONARA Jolfred par Jean-Pierre Besse, Michel Dreyfus, version mise en ligne le 13 mai 2009, dernière modification le 18 décembre 2016.

Par Jean-Pierre Besse, Michel Dreyfus

Jolfred Fregonara en 2015
Jolfred Fregonara en 2015
Communiqué par Gilles Perret

ŒUVRE : Contribution à l’histoire de la mutualité des travailleurs, conférence débat 21 septembre 1983 à l’université Lyon 2, faite à l’occasion du centenaire du premier congrès national des sociétés de secours mutuels (5-9 septembre 1983 à Lyon), 36 p.

SOURCES : Arch. de l’Institut CGT d’histoire sociale, listes établies par Roland Krivine. — Arch. comité national PCF. — La Vie ouvrière, 1961, notamment n° 863, 15 mars 1961 ; n° 875, 7 juin 1961. — Paulin Desroches, Travailleurs mutualistes. La Mutuelle familiale des travailleurs de la région parisienne (1936-1980), Éditions de la Mutuelle familiale, 1983. — Bernard Gibaud, De la Mutualité à la Sécurité sociale. Conflits et convergences, Les Éditions Ouvrières, 1986. — Anne Marie-Thomazeau, Le pari solidaire. Histoire de la Mutualité, Montreuil, Viva Éditions, 1998. — Michel Dreyfus, Liberté égalité mutualité. Mutualisme et syndicalisme (1852-1967), Les Éditions de l’Atelier, 2001.— Fiche remplie en 1996 par l’intéressé et envoyée gracieusement à l’auteur par l’Institut d’histoire sociale de la CGT de Haute-Savoie.

ICONOGRAPHIE : Contribution..., op. cit.

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