GAILLARD Albert, Jean, Marceau

Par André Balent

Né le 24 juin 1909 à Toulon (Var), mort le 25 novembre 1951 à Salses (Pyrénées-Orientales) ; instituteur des Pyrénées-Orientales ; militant du Parti socialiste SFIO ; militant syndicaliste des Pyrénées-Orientales (1944-1947) ; résistant.

Le père d’Albert Gaillard, Émile, était né à Massac (Aude), commune des Corbières, à proximité des Pyrénées-Orientales, le 10 septembre 1873. En 1909, il était employé de commerce à Toulon (Var). Il mourut peu avant son fils, à Salses (Pyrénées-Orientales), le 26 septembre 1951. Sa mère, Marie, Catherine, Joséphine Jordy était originaire de Salses. Plus tard le couple s’installa dans cette commune du nord du Roussillon. Émile Gaillard s’y était établi comme cultivateur. Albert Gaillard, instituteur exerçait, avant la seconde Guerre mondiale à Saint-Jean-Pla-de-Corts (Pyrénées-Orientales), commune voisine du Boulou (Pyrénées-Orientales). En 1937, il était secrétaire de la section socialiste SFIO du Boulou. Cette section avait été reconstituée au début de 1937. En juillet 1937, elle groupait 40 adhérents « adultes » et 20 « jeunes ». En mai 1938, une section SFIO avait été créée à Saint-Jean-Pla-de-Corts.

Au congrès fédéral du 29 mai 1938, Albert Gaillard défendit la nécessité, pour la SFIO, de la lutte contre le gouvernement Daladier et le sénat et pour un gouvernement « à l’image du Front populaire ». Ses conceptions se reflétaient selon lui dans la motion, dite « du Soler » (voir Noguères Louis) sur laquelle se regroupa la majorité du congrès fédéral. Ce texte servit de base à la motion, dite des « Pyrénées-Orientales », qui fut adoptée en vue de la préparation du congrès national de Royan. À l’issue de ce congrès, Albert Gaillard fut élu à CAF en qualité de suppléant.

Albert Gaillard intervint lors du congrès fédéral extraordinaire du 11 décembre 1938 convoqué à la suite des accords de Munich et de l’annexion des Sudètes par l’Allemagne. Lors de ce congrès consacré au problème de la paix, il soutint les thèses formulées par Paul Faure, car, « hostile aux blocs idéologiques », il estimait qu’il fallait « discuter en vue de l’organisation de la Paix générale des peuples ». À l’issue du congrès fédéral du 21 mai 1939, il fut élu membre titulaire de la CAF.

Albert Gaillard était lieutenant de réserve. Le 1er septembre 1940, il fut muté d’office par l’Inspecteur d’académie comme tous les instituteurs du département qui avaient participé à la grève générale du 30 novembre 1938. En ce qui le concerne, son nouveau poste fut Corbère-les-Cabanes (Pyrénées-Orientales).
Albert Gaillard fut en contact avec Louis Torcatis dont la famille était originaire de Corbère-les-Cabanes afin de recueillir des tessons et de reconstituer des poteries trouvées dans la grotte du site karstique de Montou connu depuis 1938. Ce fut peut-être grâce aux contacts qu’il noua alors avec son collègue, fondateur de l’AS dans les Pyrénées-Orientales qu’il put intégrer la Résistance.
Il s’y’engagea, à « Combat » ou, plus vraisemblablement, à « Libération-Sud », comme beaucoup d’instituteurs socialistes du département à commencer par Louis Torcatis. Dès juin 1943, il était l’un des responsables locaux des MUR de la vallée de la Têt. Au printemps de 1944, il facilita l’hébergement du maquis FTPF « Henri-Barbusse » dans les environs de Corbère — en particulier dans les grottes de Montou, par ailleurs site archéologique de première imortance —, avant que les hommes qui le composaient ne gagnent le massif du Canigou. En 1944, il était à la tête, en sa qualité de lieutenant de réserve, de la compagnie de Millas de l’AS. Cette compagnie assurait la protection d’un terrain d’atterrissage à Corbère-les-Cabanes. En juin 1944, avec une équipe de l’AS, il déroba, dans un blockhaus allemand de Sainte-Marie-la-Mer (Pyrénées-Orientales) des vivres et des caisses de grenades à manche qui furent entreposées dans une grotte de Corbère puis acheminées, en juillet, vers le maquis AS « Louis-Torcatis » de Sournia (Pyrénées-Orientales) qui intégra la compagnie commandée par Gaillard. Avec ce maquis, commandé par Roger Gaigné, il participa aux combats de la libération de Perpignan (19 août 1944).

Albert Gaillard militait également dans son syndicat professionnel, le SNI, avant 1940 puis après la Libération, dans le syndicat unique de l’Enseignement des Pyrénées-Orientales (CGT), créé en septembre 1944 (voir Baylard Ferdinand, Delmas Aimé) et dans lequel se fondaient les sections départementales des syndicats nationaux de la FEN. Ce S.U. de l’Enseignement fut une particularité des Pyrénées-Orientales (voir Beaussier Jean) qui subsista jusqu’au passage de la F.E.N. à l’autonomie qui permit, localement, la pleine reconstitution des sections départementales des syndicats nationaux.

Albert Gaillard siégeait au conseil syndical du SU (il participa à la séance du 31 mai 1945). Cependant, il n’était plus membre de cette instance dès 1946 puisqu’il ne siégea pas le 21 mars 1946 et à celles qui suivirent. Le syndicat unique de l’Enseignement des Pyrénées-Orientales disparut (fin 1947 ou début 1948) lors du passage de la FEN à l’autonomie, consécutif à la scission de FO. Albert Gaillard milita au SNI jusqu’à sa mort. Il fut élu au Conseil départemental de l’enseignement primaire (avec Aimé Delmas, Lucette Justafré et Élise Berjoan) le 17 décembre 1945. Il siégeait toujours au conseil départemental en 1949 et y fut réélu le 12 novembre 1951.. Lors de la réunion du conseil national du SNI, le 27 décembre 1949, il intervint sur l’organisation de la grève administrative. Il fut également élu à la première commission administrative paritaire départementale où siégeaient, comme membres titulaires, d’autres militants du SNI ( Lucette Justafré, Élise Berjoan, Py, Maurice Sors, Ferdinand Baylard élu comme suppléant). En 1949, il siégeait en outre au comité technique paritaire départemental (de l’enseignement primaire) des Pyrénées-Orientales avec Ferdinand Baylard, Élise Berjoan et Thibaut. Il ne se représenta pas aux deuxièmes élections à la CAPD (scrutin du 29 avril 1952). Réélu le 12 novembre 1951 au conseil départemental, il mourut peu après sa réélection au conseil départemental en novembre et fut remplacé par Georges Riera.

En 1945, Albert Gaillard était en poste à Saint-Estève, commune limitrophe de Perpignan. Il était domicilié à Perpignan. Il mourut subitement, en novembre 1951, à Salses alors qu’il se trouvait dans un jardin situé dans cette commune au lieu dit de la Sanya Lacombe. Selon une source orale (Jean Pianelli, dont les parents Laurent Pianelli et Rosalie Vives étaient des amis de longue date), Albert Gaillard se serait suicidé. Il avait épousé Yvonne, Rachel, Angèle Estève.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50294, notice GAILLARD Albert, Jean, Marceau par André Balent, version mise en ligne le 21 mai 2009, dernière modification le 26 juin 2017.

Par André Balent

SOURCES : Arch. du SU de l’Enseignement et SNI des Pyrénées-Orientales, détenues par M. Michel Ribera, militant syndicaliste, instituteur puis PEGC, retraité à Perpignan. — Arch. com. Salses, état civil. — Arch. com. Toulon, état civil consulté par Jacques Girault. — Arch. André Balent, notes manuscrites communiquées par Michel Ribera, militant du SNI, Perpignan, juillet 1984. — Le Socialiste des Pyrénées-Orientales, hebdomadaire de la Fédération socialiste SFIO des Pyrénées-Orientales, 27 mai 1937, 29 juillet 1937, 3 juin 1938, 16 décembre 1938, 29 mai 1939. — Le Travailleur catalan, hebdomadaire de la Région Catalane du Parti communiste, 19 juin 1937. —L’Action syndicale, hebdomadaire des syndicats confédérés de Perpignan et des Pyrénées-Orientales, 20 juin 1945. — Notice DBMOF, par André Balent, 1987. — Ramon Gual & Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane, II b, De la Résistance à la Libération, Prades, Terra Nostra, 1998, p. 467, 545, 570, 838.—Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane, I, Chronologie des années noires, Prades, Terra Nostra, 1994, p. 50, 194, 316, 341. — Étienne Llauro, Torcatis "Bouloc" destin d’un humaniste, Portet-sur-Garonne, Loubatières, 1998, 493 p. [p. 101]. — Témoignage (Perpignan, 10 juillet 1983) de Marcel Mayneris, ancien secrétaire fédéral administratif de la SFIO. — Témoignage (Perpignan, 10 juillet 1983) de Marcel Mayneris, ancien secrétaire fédéral administratif de la SFIO. — Entretiens avec Michel Ribera (Perpignan, 13 juillet 1984) et Jean Pianelli, (Porté-Puymorens, 30 octobre 2013). — Lettre de Michel Ribera, 29 août 1984.

ICONOGRAPHIE : présence aux festivités lors du défilé de la Libération à Prades (22 septembre 1944) in Gual & Larrieu, op. cit., p. 838.

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