FALCETTA Nicole [épouse MAILLE, puis épouse GUTTIEREZ]

Par Janine Olmi

Née le 11 mars 1945 à Longwy (Meurthe-et-Moselle) ; employée de bureau à Usinor Longwy, permanente syndicale, ergonome ; syndicaliste CGT et militante communiste de Meurthe-et-Moselle ; maire de La Chapelle-du-Mont-du-Chat (Savoie) depuis 2008.

Nicole Falcetta était la fille de Leonardo Falcetta et de Maria née Moscatelli, tous deux originaires d’Andria (région des Pouilles). Le père, issu d’une famille très catholique, ouvrier agricole en Italie, arrivé en France en 1922, fut recruté comme ouvrier spécialisé dans la sidérurgie à l’aube d’une période de mutations technologiques. C’est ainsi qu’en 1925, les Aciéries de Longwy et l’usine de la Chiers inaugurèrent deux trains continus à fil. La mère, dont la famille était sensibilisée aux idées socialistes, s’installa en France pour fuir le fascisme en 1924 et fut embauchée aux Faïenceries de Longwy.

Une fratrie de neuf enfants – cinq garçons, dont Richard Falcetta, et quatre filles – vint composer le foyer qui avait émigré dans la cité ouvrière de Gouraincourt. Deux des filles décédèrent en bas âge, l’un des frères fut victime d’un accident de travail à dix-huit ans. Nicole Falcetta, dernière née de la famille, fréquenta l’école primaire de Gouraincourt, puis le cours complémentaire de Longwy-Bas, enfin le centre d’apprentissage de l’usine qui préparait les jeunes filles au CAP. Les valeurs de la laïcité qui imprégnaient sa petite enfance, les modèles éducatifs transmis par les parents, ainsi que le contexte ouvrier local firent le lit des idées communistes développées par ses frères. La CGT puis le PCF allaient accueillir leurs rêves de fraternité et de justice. En 1953, l’aîné, Richard Falcetta*, devint secrétaire du syndicat des aciéries de Longwy à la suite du licenciement d’élus cégétistes du personnel parmi lesquels figurait Antoine Porcu* qui sera député de la 7e circonscription de Meurthe-et Moselle de 1978 à 1981. Dans les années 1960, Albert Falcetta* était très impliqué au sein de l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens (UGICT-CGT) et contribua à faire passer en quelques années l’influence de cette union, inexistante jusqu’alors, à un tiers du potentiel électoral professionnel de l’usine. Nicole Falcetta puisa dans cet environnement familial l’essentiel de l’expérience d’un militantisme qui se révéla aussi déterminé et pugnace que celui de ses frères.

En 1963, munie d’un CAP de sténodactylo, Nicole Falcetta, jeune adhérente du PCF et de la CGT, devint employée. En juin 1966, sollicitée par la section syndicale, en recherche de représentation dans le 2e collège, elle se présenta avec succès sur les listes électorales de la CGT. Cette dernière ayant développé à partir de 1955 diverses initiatives spécialement adressées aux femmes salariées, telles que des conférences nationales et l’édition d’une revue syndicale féminine Antoinette, Nicole Falcetta s’employa à populariser les orientations sociales et idéologiques de la centrale très minoritaire dans le milieu des employés. La revue fut diffusée mensuellement à une vingtaine d’exemplaires à partir de 1968.

À cette époque, la CGT posa aussi la problématique de l’égalité des salaires en mettant à jour les conditions de la discrimination des sténodactylos titulaires d’un CAP. Ainsi, dès 1967, la voix de l’égalité salariale fut portée pour la première fois de l’histoire de cette entité industrielle, comme lors des réunions paritaires à Assimilor (chambre patronale régionale des mines et de la sidérurgie). Sans résultat car la question féminine resta la grande absente des instances au pouvoir, industriel comme politique.

Nicole Falcetta avait épousé à Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle) en juin 1960 Jean-Claude Maille, ouvrier maçon-fumiste à Lorraine-Escaut, lui aussi délégué du personnel cégétiste et membre de l’Action catholique ouvrière (ACO). En 1966, Nicole et Jean-Claude devinrent les parents d’une fille : Nathalie. L’engagement actif de la jeune mère impliquait une présence dans des lieux de concertation et de formation nécessitant un certain partage des tâches familiales que la population du bassin de Longwy envisageait le plus souvent avec réticence si ce n’est avec hostilité. Nicole Maille participa à des stages syndicaux, à l’école centrale du PCF (quinze jours), en 1969 à l’école fédérale de la métallurgie à Courcelles et, après 1971, aux écoles d’un mois et de quatre mois du Parti communiste à Choisy-le-Roi. Elle choisit l’engagement pour l’émancipation féminine.

En janvier 1971, Nicole Maille quitta Longwy pour accéder au bureau de la Fédération de la Métallurgie à Paris, en qualité d’animatrice du secteur « Femmes ». En 1974, probablement en raison d’un premier infléchissement de la question féminine imprimé par les instances confédérales, Nicole Maille – redevenue Falcetta après la séparation du couple officialisé par un divorce en 1979 –, se vit confier une mission ciblée sur le collège « employés » réticent à la syndicalisation cégétiste. En 1977, elle fut affectée à la FSM de Prague avec son nouveau compagnon, militant grenoblois puis dirigeant de la fédération. En 1979, revenue prématurément de Prague, après la manifestation de désaccords portés publiquement par l’équipe confédérale dirigée alors par Georges Seguy*, Nicole Falcetta fut affectée en qualité de collaboratrice au sein du secteur social dirigé par Jacqueline Dhervilly-Lambert*. Un an après, elle rejoignit les instances de l’Union syndicale de la métallurgie de la région parisienne. En 1983, à l’issue d’une carrière syndicale riche d’expériences diverses, Nicole Falcetta s’investit dans une formation en cours du soir au CNAM où elle obtint le diplôme d’ergonome qui lui permit d’ouvrir un cabinet technique proche des conditions de travail au Bourget-du-Lac (Savoie).

Nicole Falcetta se remaria à La Chapelle-du-Mont-du-Chat en juillet 2006 avec Georges Gutierrez. Aux élections municipales de 2008, elle fut élue maire de sa commune de La Chapelle-du-Mont-du-Chat.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50295, notice FALCETTA Nicole [épouse MAILLE, puis épouse GUTTIEREZ] par Janine Olmi, version mise en ligne le 21 mai 2009, dernière modification le 3 juillet 2009.

Par Janine Olmi

SOURCES : Entretien avec l’intéressée. — Documents de l’IHS fédération de la métallurgie et de l’ILHS de Lorraine. — Janine Olmi, Oser la parité syndicale, L’Harmattan, 2007. — Le Réveil ouvrier, périodique de l’UD-CGT de Meurthe-et-Moselle. — Le Guide du métallurgiste, Périodique de la Fédération de la Métallurgie. — Janine Olmi, Les Femmes dans la CGT, 1945-1985, http://cyberdoc.univ-nancy-2.fr/thèse. — État civil de Longwy.

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