GALLI Achille, Antoine

Par Tangi Cavalin, Nathalie Viet-Depaule

Né le 28 août 1930 à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), mort le 7 janvier 2007 à Peyrolles-en-Provence (Bouches-du-Rhône) ; ouvrier menuisier, ouvrier des industries chimiques, directeur délégué départemental de l’ANPE ; membre du conseil et du bureau fédéral CFTC des industries chimiques des Bouches-du-Rhône (1958), secrétaire général de l’UD-CFTC puis CFDT des Bouches-du-Rhône (1958-1969), secrétaire CFDT du comité régional Alpes-Provence.

Fils d’un artisan maçon, immigré italien, qui abandonna femme et enfants en 1935, Achille Galli fut élevé dans un grand dénuement matériel par sa mère, femme de ménage et lavandière. Dernier d’une fratrie de quatre enfants, il grandit à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), fit sa scolarité à l’école laïque jusqu’à l’obtention du certificat d’études primaires. Grâce à l’une de ses sœurs, militante de la JEC, Achille Galli fut baptisé à l’âge de treize ans, put alors faire du scoutisme et bénéficier d’un apprentissage de menuisier à Saint-Chamas dans un centre tenu par l’abbé Choquet (après la guerre ce centre se transforma en coopérative ouvrière). C’est à cette occasion qu’il adhéra à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) et découvrit, grâce à des sessions organisées par Jean Moreton* et Pierre Prinder*, la nécessité de l’engagement militant. Après avoir été ouvrier menuisier pendant quelques mois, Achille Galli entra au cours Jean-Marie Vianney qui dépendait du grand séminaire de Marseille avec l’idée d’accéder à la prêtrise. Il décida finalement, au bout de deux ans, de rester laïc et de rallier une équipe d’Action catholique ouvrière (ACO).

Embauché en 1953 comme aide-opérateur dans la raffinerie de la CFR à La Mède (Bouches-du-Rhône) qui comptait un millier de salariés, Achille Galli se syndiqua d’abord à FO avant de se laisser convaincre de créer avec quelques autres militants une section syndicale CFTC. À l’issue de l’assemblée constitutive du 13 mai 1955, il commença un long parcours de responsable syndical. Élu délégué du personnel en 1956, il fut rapidement intégré dans la délégation fédérale pour participer aux négociations paritaires nationales de l’industrie du pétrole. En 1958, Achille Galli fut élu au conseil et au bureau fédéral. Il fit partie de la petite équipe du secrétariat fédéral. Le 15 février 1959, à l’issue du congrès départemental, il accepta de devenir secrétaire permanent de l’UD-CFTC des Bouches-du-Rhône.

Prenant la mesure du retard de cette dernière par rapport à l’évolution de la confédération, Achille Galli s’efforça de lui impulser plus de dynamisme. Il préconisa notamment l’unité d’action avec la CGT dans les grands conflits, les meetings ou les défilés du 1er Mai ou encore pour défendre, au niveau interprofessionnel la Sécurité sociale. Il fit équipe avec François Castelli, secrétaire du syndicat des Banques, Albert Bertalmio, directeur de l’école libre des métiers dépendante du syndicat de la Métallurgie, Jean Barthélémy, secrétaire permanent des mineurs de Gardanne, et Jeannette Raynal, secrétaire du syndicat de l’Alimentation. Un des premiers actes d’Achille Galli fut de diffuser mensuellement le bulletin Notre combat qui n’était alors que trimestriel et d’organiser diverses modalités de formation (stages, week-ends, soirées). En 1961, lorsqu’il fut élu au conseil confédéral, il s’assura du concours de Jeannette Raynal, qui devint pendant un peu plus d’un an permanente, puis à partir de 1964 de celui de Maurice Ménabréaz.

Après avoir engagé l’UD des Bouches-du-Rhône, au nom de la tradition du « syndicalisme chrétien », dans des actions, souvent communes avec la CGT et le Mouvement de la paix, contre la guerre d’Algérie, Achille Galli entreprit son délicat passage de la CFTC à la CFDT. Cela se fit non sans mal puisque le bureau, au départ, était loin d’y être favorable : « Nous n’étions que trois à nous affirmer sans ambiguïté pour la déconfessionnalisation totale », écrira-t-il des années plus tard. Achille Galli présenta, sous sa seule responsabilité, un rapport d’activité et d’orientation au congrès confédéral du 13-16 juin 1963 qui fut adopté avec 68,8 % des voix malgré la désolidarisation des membres du bureau. Le congrès de 1964 se prononça en faveur des réformes proposées par 14 498 contre 6 051 voix. La CFTC devenait la CFDT, la majorité de la fédération des mineurs entrainait quelques syndicats qui allaient reconstituer la CFTC. Le nouveau conseil élu se caractérisait par la montée d’une nouvelle génération de cadres et une représentation plus directe des syndicats et des secteurs géographiques.

Durant les cinq années où il allait rester à la tête de l’UD, Achille Galli fit en sorte de développer la CFDT en implantant de nouveaux syndicats dans de grandes entreprises (Shell à Berre, Sud Aviation à Marignane, Péchiney à Gardanne, mais aussi chez les dockers, etc.), des Unions locales à Aix-en-Provence, Berre, Martigues, Salon-de-Provence et en créant un Centre d’études de diffusion politique, économique et sociale (CEPIDES) avec l’objectif d’avoir un service d’imprimerie offset – trois membres du secrétariat de l’UD (Achille Galli, Maurice Ménabréaz et Jean Michel) et trois membres du club Démocratie nouvelle (dont Georges Imbert, avocat de la CFDT et Joseph Pourtal qui s’occupait du Nid) formant le bureau. Il suivait également les activités du comité régional d’expansion économique qui deviendra une commission de développement économique régional. En 1967, Achille Galli eut à faire face au conflit interne entre la confédération et le comité régional Alpes-Provence qui rassemblait plusieurs UD et dont il était secrétaire. Si la polémique portait sur l’attribution des crédits des fonds de développement, il semble que la véritable raison ait été l’attitude de l’UD des Bouches-du-Rhône qui s’opposait à la municipalité comme le suggère le rapport que fit Gérard Espéret, le 18 février 1967, à l’issue du congrès départemental auquel il assista et prit la parole, au nom de la confédération.

Mai 68 amena Achille Galli à mettre fin à ses fonctions de secrétaire général de l’UD et de permanent. Il voulait s’engager plus directement dans la politique. Il participa alors à la création de l’Union pour un socialisme démocratique et moderne (USDM) afin d’« ouvrir un créneau à un courant qui […] apparaissait non représenté par les partis traditionnels et de contribuer à une évolution des mœurs politiques afin que le citoyen ne soit pas endoctriné ou flatté mais responsabilisé ». Il se présenta, en vain, aux élections législatives dans la 5e circonscription des Bouches-du-Rhône (Ve et Xe arr. de Marseille). Au premier tour, le 23 juin, il n’obtint que 437 voix sur 38 980 suffrages exprimés contre 14 466 à Robert Gardeil, UDR, 11 427 à Pierre Doize, PC, 7 338 à Robert Vigouroux, FGDS-SFIO, 4 194 à Jean Chiappe, PDM-CNI, et 1 118 à André Astier, PSU. L’USDM ne fut qu’une utopie sans lendemain.

Après avoir travaillé sept mois dans une petite société d’édition, Achille Galli trouva un emploi à l’ANPE. Il allait y rester jusqu’à la retraite, en 1990. Il fut d’abord chargé de mission, puis obtint un poste de directeur délégué départemental dans le Puy-de-Dôme (1974). Durant cette période, il eut pendant un moment des responsabilités syndicales au bureau de la section CFDT, puis occupa un poste dans la Loire (1977). Il fit un bref passage au Parti socialiste en 1988.

Marié le 8 septembre 1953 à Tourves (Var) avec Claudette Bonnefoi dont il eut trois enfants, remarié le 2 avril 1968 à Marseille avec Toussainte Mainetti, animatrice d’insertion qui fut pendant cinq ans déléguée du personnel au Centre de rééducation professionnelle (CREPSE) de Saint-Étienne, Achille Galli relate dans son autobiographie inédite, publiée à compte d’auteur en 1999, que ses engagements syndicaux, tout comme sa manière de concevoir ses responsabilités à l’ANPE, lui avaient toujours été dictés par sa foi de chrétien dont il ne s’était jamais départi. Il avait fait partie d’équipes liturgiques à Saint-Romain-le-Puy (Loire) puis à Peyrolles-en-Provence (Bouches-du-Rhône), d’une équipe d’animation du Comité catholique contre la faim et pour le développement et d’un groupe de réflexion initié par des Frères et Sœurs des campagnes à Alleins (Bouches-du-Rhône).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50315, notice GALLI Achille, Antoine par Tangi Cavalin, Nathalie Viet-Depaule, version mise en ligne le 23 mai 2009, dernière modification le 2 juillet 2009.

Par Tangi Cavalin, Nathalie Viet-Depaule

ŒUVRE : Le battoir. Un cheminement parmi d’autres, biographie inédite, 1999.

SOURCES : Arch. CFDT, Fédération des Industries chimiques, 1 F 154-155, 1 F 173 ; 6 H 124, Bouches-du-Rhône (relations entre la confédération et les unions départementales, 1961-1970) ; 1 G 24 et 1 G 32 ; Notre combat, bulletin des militants CFTC des Bouches-du-Rhône, 4, 1963 (20 S 6). — Le Monde, 25 juin et 2 juillet 1968. — Pierre-Marie Dioudonnat et Sabine Bragadir, Dictionnaire des 12 000 dirigeants politiques français, Sedopols, 1977. — Notes d’André Caudron et de Jean-Claude Lahaxe. — Entretiens avec Toussainte (Claire) Galli, mars 2009.

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