FRONTEDDU François

Par Tangi Cavalin, Nathalie Viet-Depaule

Né le 27 juin 1919 à Marseille (Bouches-du-Rhône), mort le 16 mai 2003 à Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence) ; professeur technique adjoint, chaudronnier, agent de maîtrise à l’ASSEDIC ; militant de la JOC, membre du MRP, secrétaire permanent de l’UD-CFTC des Bouches-du-Rhône (1945-1957).

Fils de Filippo, journalier analphabète, émigré de Dorgali en Sardaigne, et de Maria Grazzia Mattei, ménagère, François Fronteddu grandit à La Cabucelle, quartier populaire de Marseille (Bouches-du-Rhône), et milita, très jeune, à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC). Il fit la rencontre, décisive, de l’abbé André Roux, fondateur avec l’abbé Sauveur Dussol de la JOC à Marseille en 1928, qui allait non seulement lui permettre d’acquérir une formation technique, mais l’inciter également à assumer des engagements militants. Il put ainsi faire un apprentissage d’ouvrier chaudronnier à l’école libre des métiers, qu’André Roux avait créée, tout en ayant des responsabilités jocistes à La Cabucelle.

Il est difficile de retracer son parcours, notamment sa vie professionnelle, jusqu’en 1944. Si les archives confédérales de la CFTC-CFDT donnent la date de son adhésion au syndicat CFTC des Métaux en 1937 et s’il est avéré qu’il fût mobilisé pendant la Seconde Guerre mondiale, il est impossible de préciser davantage ses activités. Les fonds consultés indiquent qu’en août 1944, il était professeur technique adjoint et secrétaire du syndicat marseillais CFTC de l’enseignement technique. La guerre l’avait vraisemblablement amené à encadrer des apprentis, là même où il avait été formé, à l’école libre des métiers, grâce à l’abbé Roux. Quoi qu’il en fût, François Fronteddu rallia les rangs du Mouvement républicain populaire (MRP) et se présenta aux élections municipales du 29 avril 1945 à Marseille sur la liste du MRP conduite par Alexandre Chazeaux. Il était responsables des équipes ouvrières marseillaises du MRP et intervint à son premier congrès départemental (juillet 1945) où il déclara : « Un monde ancien doit disparaître faisant place à un monde nouveau fait pour l’homme et par l’homme. »

En octobre 1945, il devint secrétaire de l’Union locale CFTC. Il allait être l’unique permanent CFTC de Marseille et cumuler pendant des années les responsabilités des secrétariats de l’UL et de l’Union départementale des Bouches-du-Rhône. Il avait été élu à cette instance au congrès de 1947 et fut régulièrement reconduit jusqu’en 1957, laissant la place à Raymond Belcari, ouvrier métallurgiste, qui assura l’intérim jusqu’à l’arrivée d’Achille Galli. François Fronteddu essaya tout au long de ses mandats de faire entendre les orientations de son syndicat à côté de la très puissante CGT marseillaise avec laquelle il chercha, à plusieurs reprises, de mener des actions communes. On vit ainsi La Marseillaise, le quotidien communiste local, publier le 3 mars 1950 sa photo aux côtés de Georges Righetti (responsable CGT du bâtiment) avec la mention « secrétaire général de l’union départementale CFTC » ou signaler encore sa signature en mars 1954 d’un accord avec la CGT à propos de la grève de 24 heures (pour le salaire minimum interprofessionnel garanti à 25 166 francs pour 173 heures).

Il démissionna officiellement le 6 août 1957 de son activité de permanent pour des raisons personnelles, affirmant qu’il ne s’agissait « nullement d’un abandon, ni d’un embourgeoisement mais de rétablir un équilibre familial quelque peu compromis » à cause d’une grave opération chirurgicale qu’avait subie sa femme. Il fut alors employé par la Caisse française de garantie sociale, « institution créée sous l’égide de la Caisse française de garantie sociale avec le concours de la CFTC et de la CGT-FO ». En 1968, il entra aux ASSEDIC où il acheva sa carrière professionnelle comme agent de maîtrise vers 1985. À la retraite, il utilisa ses connaissances pour rédiger chaque mois une chronique sociale et juridique dans le bulletin interne de l’ASSEDIC.

Après la mort de sa femme et pour se rapprocher de son fils, François Fronteddu se retira dans une petite maison du village des Mées (Alpes-de-Haute-Provence). Gracieuse Fronteddu, née Vitali, avait été sa secrétaire au syndicat CFTC et il l’avait épousée le 14 août 1947 à Marseille.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50316, notice FRONTEDDU François par Tangi Cavalin, Nathalie Viet-Depaule, version mise en ligne le 23 mai 2009, dernière modification le 30 juillet 2021.

Par Tangi Cavalin, Nathalie Viet-Depaule

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, 148 W 364, 365, 366. — Arch. confédérales CFDT, cartons Bouches-du-Rhône. — Le Méridional, 20 avril, 10 juillet 1945. — La Marseillaise, 25, 28 février, 3 mars 1950 ; 9 mars 1951 ; 9 janvier 1952 ; 3 mars 1954 ; 11 mai 1955. — Jacques Loew, Le bonheur d’être homme, entretiens avec Dominique Xardel, Le Centurion, 1988, p. 90-94. — Renseignements fournis par Louisette Battais. — Notes de Jean-Claude Lahaxe. — Entretien avec son fils, Jean-Pierre Fronteddu, 2009. — Etat civil. — Notes de Louis Botella.

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