FOURQUEMIN Maurice, Jean, Émile

Par André Caudron

Né le 3 juin 1924 à La Chapelle-Gauthier (Eure) ; prêtre du diocèse de Bayeux (1949) puis de la Mission de France (1955), prêtre-ouvrier de l’équipe des barrages (1956-1957) ; ouvrier du bâtiment ; président du Comité d’aide aux sans-logis de Caen (Calvados).

Fils d’un ouvrier agricole et d’une journalière, Maurice Fourquemin entra au séminaire de Bayeux (Calvados) en 1944. Il vint achever ses études, en octobre 1946, au séminaire de la Mission de France à Lisieux (Calvados) et fut ordonné prêtre le 11 juin 1949 pour son diocèse d’origine (il sera définitivement rattaché à la Mission de France en 1955).

Nommé dans une équipe de la Mission de France à Mondeville, près de Caen, en juillet 1949, puis à Cormelles-le-Royal en 1951, il devint rapidement un ardent défenseur de la cause des sans-logis et se mit à leur service en coopérant avec des personnes de bonne volonté, extérieures à l’Église (1952). Attiré par la condition de prêtre-ouvrier, il attendait l’autorisation de travailler quand il fut nommé curé de Tonneauville, quartier du chef-lieu, en 1953.

C’est en février 1954, suite au célèbre appel de l’abbé Pierre*, que démarra, autour de Maurice Fourquemin, l’expérience du Comité d’aide aux sans-logis de Caen. Elle naquit d’un besoin général de logements qui regroupait des gens de toutes catégories sociales. Le curé de Tonneauville, avec son vicaire et ami Albert Grimaux qui le rejoignit en 1955, s’engagea dans ce comité disposant de vingt travailleurs catalogués comme des sous-prolétaires marginaux. Ce comité prenait en charge l’aide aux vieux, aux chômeurs, aux sans-logis et aux candidats à la propriété, ainsi que l’action auprès des pouvoirs publics en cas de réquisition ou d’expulsion.

En novembre 1956 et malgré l’obligation romaine faite aux prêtres-ouvriers depuis 1954 de ne pas travailler plus de trois heures par jour, Maurice Fourquemin devint prêtre-ouvrier dans l’équipe des barrages de la Mission de France. À Grandval (Cantal), il accompagna Robert Minvielle*, qui était déjà sur place depuis un an, mais retrouva ses sans-logis quelques mois plus tard. Faisant partie de la quarantaine de prêtres dont le ministère comportait un certain temps de travail, il fut invité avec ses confrères normands Michel Akermann, Ernest Briton et Albert Grimaux, à la session de Bagneux, organisée les 29 et 30 juin 1957 par le secrétariat national de la Mission ouvrière qui se mettait en place.

Il travaillait à plein temps, de 8 à 18 heures, dans son comité, avec l’accord de l’évêque. Les participants étaient bénévoles : chrétiens, socialistes, sous-prolétaires, sortis de prison, etc. ainsi que deux prêtres et un séminariste. Il s’agissait de démonter des préfabriqués, libérés quand de nouveaux logements en dur étaient construits, puis de les transporter et de les remonter ailleurs. En même temps, Maurice Fourquemin avait aussi la charge de deux petites paroisses.

Au début de 1958, les prêtres de l’équipe de Mondeville de la Mission de France étaient six à travailler dans le secteur de Caen : Michel Akermann, chef d’équipe, Noël Le Saout, Bernard Leloup, Gérard Maes et enfin Maurice Fourquemin et Albert Grimaux qui formaient la sous-équipe des sans-logis. En 1959, René Caclin fit aussi partie de cette sous-équipe, partageant avec Albert Grimaux les taches à remplir sur les chantiers du comité.

En 1960, une nouvelle répartition des responsabilités confia à Maurice Fourquemin la direction des activités extérieures au département, ses confrères s’occupant de Caen et du secteur est. Ceux-ci travaillaient en liaison avec une assistante sociale protestante, chargée des « sortants de prison » : « On a affaire, disait René Caclin, à des gens écrasés par les conditions de vie et par l’hérédité, sans défense devant les administrations, diminués physiques ou mentaux ; ils ont besoin de se sentir soutenus, aidés, aimés, bousculés ; il faut cheminer avec eux, être le support de leur volonté affaiblie, leur faire faire aujourd’hui le pas qu’ils peuvent faire aujourd’hui. »

De nouveaux chantiers furent ouverts à l’extérieur, en 1962, à Gif-sur-Yvette (Essonne) et dans le Cantal pour un foyer de jeunes et un village de vacances, payés par les communes de l’agglomération caennaise. L’année suivante, le comité négocia avec la ville l’installation d’un centre d’accueil rue des Marais, afin d’héberger les sans-logis employés à Caen.

En 1964, Albert Grimaux fut dégagé à mi-temps pour le compte du secrétariat urbain de la Mission de France et quitta Caen l’année suivante afin de renforcer son équipe de recherches pastorales. René Caclin partit en 1968. Maurice Fourquemin reprit alors la direction de l’ensemble des activités du comité. « Ses dons d’organisateur, son esprit “patronal” et sa grande autorité morale sur les membres, chrétiens ou non, et sur nos prêtres et séminaristes », étaient appréciés dans son entourage.

Désormais fixé à Mondeville sans affectation pastorale précise, Maurice Fourquemin travailla sans relâche pour les sans-logis, poursuivant depuis plus d’un demi-siècle l’animation du réseau d’œuvres dont il fut l’initiateur, augmentant encore, en dépit de l’âge, les centres d’accueil ouverts aux SDF. Chevalier de la Légion d’honneur depuis 1987, il fut promu officier en 2003.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50318, notice FOURQUEMIN Maurice, Jean, Émile par André Caudron, version mise en ligne le 23 mai 2009, dernière modification le 23 mai 2009.

Par André Caudron

SOURCES : Annuaires du diocèse de Bayeux et Lisieux. – Arch. de la Mission de France, ANMT Roubaix, 1996028 0262, 1997015 0087, 1997015 0165 ; registre du séminaire ; État de la Mission…, dact., 1952. — CNAEF, 113 CE 57 et 58. – Alain Leménorel, « Démaquiller Dieu : La Mission de France dans l’agglomération caennaise, 1944-1971 », De la charité à l’action sociale : religion et société, Actes du 118e congrès national des sociétés historiques et scientifiques, Pau, 1993, Éditic, CHTS, 1995. — État civil de La Chapelle-Gauthier (2008).

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