Par Claude Pennetier
Né le 12 octobre 1909 à Salonique, mort le 15 octobre 2003 à Paris ; militant du sport travailliste au Kremlin-Bicêtre (Seine, Val-de-Marne) ; basketteur ; secrétaire sportif puis président de la FSGT (Fédération sportive et gymnique du travail).
Né dans une famille juive de souche hispanique, son père, francophile et franc-maçon, animait une école de langue française, l’école franco-allemande. Sa famille émigra en France en 1919, en possédant alors la nationalité espagnole. Le jeune Gattégno travailla dans le commerce de son père. « Je suis d’une famille un peu bourgeoise déclara-t-il lors d’une table ronde de décembre 1984.
Raoul Gattégno rentra « par hasard » à la FST en 1930, à l’âge de quinze ans, au club du Kremlin-Bicêtre.
Il prit rapidement du galon, et devint membre de la commission Basket de la région parisienne FST en septembre 1932, secrétaire en 1933.
À ce titre, il participa au congrès constitutif de la FSGT les 23 et 24 décembre 1934 à la mutualité. Il collabora à la revue Sport et à la page sportive du lundi de l’Humanité.
Il organisa la fusion entre la FST et l’USSGT au niveau du Basket, discipline ou le rapport de force était, nationalement, plus équilibré que dans les autres branches sportives.
Il resta responsable du Basket régional puis fédéral juste avant la guerre. Il signa d’ailleurs le protocole d’accord, ou d’entente, entre la FSGT et la FFBB, en remplacement de responsables socialistes du Basket qui étaient opposés à cette compromission avec le sport bourgeois. Raoul Gattegno continua son ascension dans l’organigramme de la FSGT et fut élue à la commission exécutive nationale en 1936, occasion ou Auguste Delaune* lui demanda de rédiger sa "bio". Gattégno déclara avoir adhéré officiellement au PCF en 1938. Il fut exclu en octobre 1939, avec les autres communistes, de la C.E. par les anciens USSGT en raison de leur refus de condamner le pacte germano-soviétique. On lui refusa l’entrée de la salle au moment du vote sous le prétexte qu’il n’était pas alors français ( en accord avec la législation de l’époque relative aux fédérations sportives). Il fut toutefois "[...] traumatisé [...]" par le pacte germano-soviétique et décida de se tenir "[...] peinard [...]" un certain temps. Il fut naturalisé français en 1940.
Pendant la guerre, il rejoignit, comme c’était la consigne auprès des sportifs communistes, le club de Malakoff de l’USGT, successeur de la FSGT, autorisé par Vichy, pour faire de "l’entrisme". Il essaya également de reprendre sa place au sein de la commission basket mais se heurta au veto de la direction nationale. On lui conseilla aussi de quitter le club de Malakoff, officiellement pour lui éviter de s’exposer aux persécutions antisémites, ce que lui-même interpréta comme des menaces voilées. Ses parents furent déportés en 1943.
Il participa au réseau de résistance Sport-Libre, notamment en remplaçant Robert Mension* à la direction, ce dernier avait rallié totalement les J.C. clandestines en 1943.
Il entra définitivement dans la clandestinité en novembre 1943, quand ses anciens papiers espagnols ne lui permirent plus de se protéger. Il quitta à son tour Sport-libre pour les J.C. Il fut responsable de leurs imprimeries clandestines à partir de 1943. Arrêté en juin 1944, incarcéré à la Santé, il fut libéré en août 1944 par l’insurrection parisienne. Après un bref passage à L’Avant-garde en 1945, il devint à la libération permanent et secrétaire national du comité régional de l’Ile de France puis secrétaire national sportif. Au congrès de Marseille (1953), il fut rétrogradé du secrétariat au bureau fédéral, en raison d’un séjour de trois mois en Roumanie, offert par ses hôtes de la république populaire, et dont le caractère était en contradiction avec la ligne édicté à ce sujet par Robert Mension. Il demeura cependant responsable du lancement de Sport et Plein Air, la nouvelle revue de la FSGT.
Par Claude Pennetier
SOURCES : Notes de Nicolas Kssis ; La Vie de la FSGT, passim.