GABILLARD Martial

Par François Prigent

Né le 4 décembre 1939 à Grugé-L’Hôpital (Maine-et-Loire), mort le 20 août 2020 à Rennes (Ille-et-Vilaine) ; professeur dans l’enseignement privé ; syndicaliste et militant PSU puis PS d’Ille-et-Vilaine, secrétaire départemental de la FEP-CFDT d’Ille-et-Vilaine (1965-1978), secrétaire de section PS (1975-1977) ; maire adjoint de Rennes (1977-2008), conseiller général de Rennes depuis 1998.

Martial Gabillard
Ouest-France

Originaire du Maine-et-Loire, ses parents agriculteurs étaient engagés dans les réseaux du christianisme social dans le monde rural, notamment le mouvement des familles rurales et des CUMA dans la petite commune de Noëlle à la fin des années 1940. Conseiller municipal proche du MRP, son père mourut accidentellement à l’âge de quarante ans.

Passé par les écoles privées, Martial Gabillard intégra rapidement le petit séminaire de Combray, tandis que son frère et sa sœur étaient engagés à la JAC. Par ce biais, ils fréquentèrent une pluralité de filières d’émancipation d’une génération agricole après la Libération, en cours de décrochage du bloc agraire conservateur.

Titulaire du baccalauréat en 1959, il fit des études d’histoire, avant d’enseigner dans le lycée privé Saint-Martin de Rennes à compter de 1963. Très engagé dans les réseaux syndicaux, il accéda l’année suivante à la fonction de secrétaire départemental de la Fédération de l’enseignement privé, affiliée à la nouvelle CFDT déconfessionnalisée.

Les mobilisations de Mai 68 sur Rennes contribuèrent à le rapprocher des réseaux militants chrétiens de gauche, qui confluaient alors au PSU. Longtemps compagnon de route, Martial Gabillard adhéra au PSU en 1973, sans être pour autant très impliqué dans les formes de militantisme. Marqué par l’émergence d’une nouvelle génération socialiste à Rennes en 1973, à l’occasion des cantonales et des législatives, il rejoignit le PS lors des Assises du Socialisme.

Dans la succession du notable MRP Henri Fréville, le leader socialiste Edmond Hervé*, issu du courant laïque, accordait beaucoup de crédit aux diverses têtes de réseaux investies dans le mouvement social chrétien qui l’entouraient, à l’instar de Martial Gabillard, alors secrétaire de section dès 1975 dans un quartier ancré à droite.

Correspondant régulièrement avec le directeur diocésain de l’enseignement catholique et l’union départementale des parents d’élèves des écoles privées, Martial Gabillard défendait le statu quo du contrat d’association, avant de se rallier au début des années 1970 à l’idée d’un service unique de l’Éducation nationale, thème imprégnant les milieux CFDT, tout comme son voisin morbihannais Marcel Carteau* (futur maire PS de Séné).

Devenu adjoint à l’animation culturelle (vie associative, expressions populaires, pratiques amateures) lors du renversement de majorité en 1977, Martial Gabillard incarnait pour partie le renouveau des pratiques politiques de la nouvelle équipe municipale. Par ailleurs, il confirma son détachement des responsabilités syndicales pour se consacrer exclusivement au travail politique, enclenché dès 1976.

Positionné sur le courant CERES, il suivit son mentor Edmond Hervé sur le courant Pierret lors du déchirement opéré avec les réseaux de Jean-Michel Boucheron (député depuis 1981) au moment du congrès de Metz en 1979. En 1983, il devint adjoint à la culture, avant d’être désigné comme premier adjoint en 1989, en charge du développement urbain.

Sa défaite en 1992 contre un jeune candidat UDF (Stéphane Jambois) dans une triangulaire avec le candidat Vert Jean-Yves Merrien fut retentissante lors de la création d’un nouveau canton à Rennes. Mais Martial Gabillard s’affirma comme le plus proche socialiste de l’ancien ministre de la santé de François Mitterrand* (1981-1986), qui connaissait alors une réelle traversée du désert (affaire du sang contaminé, défaite de 1993, débats autour du VAL).

Confirmé comme premier adjoint en 1995, affecté aux questions sociales, il retourna à la culture en 1997, en raison de l’élection de Marcel Rogemont comme député. Devenu conseiller général lors de la vague rose de 1998 en Ille-et-Vilaine, qui annonce le basculement historique du conseil général derrière Jean-Louis Tourenne en 2004, il redevint simple conseiller municipal en 2001, passant le relais à la culture à Sylvie Robert, investie dans les réseaux socialistes dirigeants à l’échelle nationale.

Employée à la ville de Rennes, sa femme, au parcours similaire, était rédactrice au journal municipal avant d’être détachée aux Tombées de la nuit, épaulant Jean-Bernard Vighetti (maire PS de Peillac dans le Morbihan).

À l’instar de la majorité des élus socialistes qualifiés de chrétiens de gauche et venus politiquement de la droite, la pratique religieuse de Martial Gabillard se délita peu à peu, au contact notamment de pratiques militantes nouvelles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50388, notice GABILLARD Martial par François Prigent, version mise en ligne le 29 mai 2009, dernière modification le 2 novembre 2020.

Par François Prigent

Martial Gabillard
Ouest-France

SOURCES : Arch. fédérales du PS d’Ille-et-Vilaine. — L’Unité. — Ouest-France, articles sur la vie politique locale (1977-2008). — François Prigent, « Les réseaux socialistes PSU en Bretagne (1959-1981) : milieux partisans, passerelles vers le PS, rôle des chrétiens de gauche », in Tudi Kernalegenn, François Prigent et alii, Le PSU vu d’en bas. Un parti dans les régions : réseaux sociaux, mouvement politique, laboratoire d’idées (années 50-années 80), PUR, 2009. — Entretiens avec Martial Gabillard, Edmond Hervé, Jean Normand, Pierre-Yves Heurtin, Jean-Michel Boucheron, Michel Phliponneau, Jean-Louis Tourenne, Marcel Rogemont, Jean-Bernard Vighetti, Sylvie Robert et Marcel Carteau. — Annonce de décès sur Ouest France.

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