Par Jean Maitron, Claude Pennetier
Né le 25 mai 1917 à Tarbes (Hautes-Pyrénées), mort le 28 décembre 1991 ; militant jociste de Loire-Inférieure puis d’Algérie, permanent (1940-1944, 1945-1958) et vice-résident national (1945-1948) de la JOC ; militant du MRP puis de l’UDF (CDS) ; maire de Clamart (1965-1987), sénateur (1976-1977) puis député (1978-1981) des Hauts-de-Seine.
Son père, Jean Fonteneau entrepreneur de serrurerie à Saint-Nazaire (Loire-Inférieure), avait été affecté spécial à l’Arsenal de Tarbes (Hautes-Pyrénées) pendant la Première Guerre mondiale. C’est là que naquit Jean Fonteneau en mai 1917. La famille repartit à Saint-Nazaire après l’Armistice mais, en 1924, son père dut fermer sa petite entreprise puis aller travailler chez Backok et Wilcot dans le Nord. Il mourut en février 1925. Sa mère, Marie-Louise Le Pechoux travailla alors comme sténodactylo aux Chantiers de Penhoët pour élever les cinq enfants âgés de dix-huit mois à douze ans. Les parents de Jean Fonteneau étaient des catholiques pratiquants.
Après ses études primaires, Jean Fonteneau entra, en 1929, à l’école industrielle et commerciale de Saint-Nazaire et obtint son brevet d’enseignement industriel de modeleur en juillet 1932. Le mois suivant, il entrait à l’atelier de modelage de la Société des fonderies de Saint-Nazaire et adhérait à la section de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC). Mais la profession connaissait des difficultés et il se trouva au chômage. Le 2 mai 1934, Fonteneau entra comme apprenti dessinateur à l’atelier de montage des machines à bord des navires, au Chantier de constructions navales de Penhoët. Membre de la section de Saint-Nazaire de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) depuis janvier 1934, il en devint président en 1936 et dirigea la fédération départementale dont le siège était à Nantes.
L’armée l’appela le 1er septembre 1937 à accomplir son service militaire au 3e dépôt des Équipages de la flotte à Lorient, puis, le 15 octobre, l’affecta comme matelot dessinateur sur le croiseur Strasbourg. Il devait être démobilisé en août 1939 et, à l’occasion d’un pèlerinage international à Rome, prendre la fonction de permanent au secrétariat national de la JOC, pour la Bretagne. La déclaration de guerre empêcha la réalisation de ce projet. Maintenu sur le Strasbourg, il fut affecté le 5 janvier 1940 sur le Jean-Bart en armement à Saint-Nazaire et participa, en juin 1940, à l’évasion de ce navire. La marine le démobilisa à Casablanca le 16 août 1940. Il fut alors désigné comme permanent de la JOC en Afrique du Nord : « De Sousse à Marrakech il stimula les équipes locales, anima les sessions d’études et l’action des jeunes ouvriers d’origines très diverses » (témoignage écrit de Jean Fonteneau). Il fut à nouveau mobilisé à Alger du 11 mai 1944 au 10 février 1945.
Jean Fonteneau s’installa ensuite à Paris, où il travailla au secrétariat général de la JOC pour animer des expériences nouvelles dites « groupes d’action au travail ». Il épousa le 9 août 1946 Élisabeth Alexandre, dirigeante fédérale à Pau (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques) puis permanente de la JOCF. Selon son témoignage : « Son souhait était le retour direct dans la vie ouvrière à la base, mais il fut appelé par le secrétariat général du Mouvement républicain populaire, pour accomplir une mission d’arbitrage dans la préparation de la liste pour les élections de juin 1946 en Loire-Inférieure. » Il participa ensuite à la préparation des élections d’octobre 1946. Le secrétariat général du MRP lui demanda de revenir à Paris pour remplacer André Denis, élu député de la Dordogne. Il occupa la fonction de secrétaire général adjoint chargé de l’organisation jusqu’en 1962. Il anima ensuite le Centre national des élus municipaux et départementaux qui éditait la revue Communes modernes. Il était en effet maire adjoint de Clamart depuis 1958.
Élu maire en 1965, 1971 et 1977, Jean Fonteneau fut sénateur de février 1976 à septembre 1977 (Centre des démocrates sociaux) puis député, de mars 1978 à juin 1981. Le 29 octobre 1982, il échappa à une tentative d’attentat par paquet piégé. Personne n’a revendiqué cette action qui demeure inexpliquée. Il fut vice-président de l’Association des maires de France de 1972 à 1983.
En mars 1978, répondant favorablement à une demande de souscription lancée par la JOC en vue de préparer le grand rassemblement organisé à l’occasion de son cinquantième anniversaire, Jean Fonteneau en profitait pour critiquer l’évolution du mouvement de sa jeunesse :
« Il se trouve que la JOC a illuminé ma vie il y a 46 ans, en m’apprenant à voir, à juger et à agir, j’ai été conduit à assumer dans la société des responsabilités et j’ai toujours cherché à rester fidèle à l’engagement de ma jeunesse.
« Étant maire de Clamart, j’ai vu l’an dernier, lors des élections municipales, la JOC locale affirmer dans la presse électorale, son soutien actif à la liste d’union de la gauche qui, bien naturellement, se présentait contre moi. J’ai pensé que les temps avaient bien changé. J’ai toujours cru, parce que la JOC, école des jeunes travailleurs, me l’avait appris, que le marxisme ne pouvait pas me permettre de sauver la classe ouvrière par la rédemption qui passe par le Christ. C’est en ayant cette même conviction que je souhaite plein succès à votre manifestation du 14 mai 1978. »
Par Jean Maitron, Claude Pennetier
ŒUVRE : Le conseil municipal, le maire, les adjoints, Éditions ouvrières, 1970. — Les institutions politiques de la France, Paris, Éditions ouvrières, 1977.
SOURCES : Fichier JOC — Le Monde, 30 octobre 1981, 4 janvier 1992. — Témoignage écrit de Jean Fonteneau, 9 février 1981. — Notes d’Éric Belouet. — État civil de Tarbes.