GARRIGUES Joseph, Victor. Pseudonyme : MORELLY Maurice

Par Jean Sagnes

Né le 27 août 1895 à Villeneuve-lès-Béziers (Hérault), mort le 4 octobre 1991 à Béziers (Hérault) ; chanteur et chansonnier politique ; anarchiste puis socialiste et communiste.

Fils d’Antoine Garrigues (21 novembre 1868-octobre 1958), qui fut secrétaire de la fédération socialiste autonome de l’Hérault en 1904, et de Marie née Abauzit, Joseph Garrigues eut une enfance difficile. Ses parents, ouvriers agricoles, étaient souvent boycottés par le patronat à cause de l’activité militante du père. Après le certificat d’études primaires obtenu à dix ans et demi, il alla au cours complémentaire à Béziers. À dix-sept ans, il fut engagé chez un notaire comme clerc. Il commença alors à prendre le chemin de la bibliothèque municipale de Béziers et à lire de multiples ouvrages sur les conseils d’un employé de bibliothèque anarchiste. À dix-huit ans, en 1913, il devint employé de magasin et adhéra au groupe anarchiste de Béziers. Il devint propagandiste par la chanson dans les villages autour de Béziers qu’il visitait à bicyclette et eut maille à partir avec la police. En 1914, il fut ajourné pour raison de santé puis entra à la Bibliothèque municipale de Béziers comme aide-bibliothécaire. Mobilisé en 1915, à nouveau ajourné en 1916 et 1917, mobilisé de 1917 à septembre 1919, il adhéra au Parti socialiste SFIO. En 1920, à Béziers, il créa avec Joseph Lazare* le comité pour la IIIe Internationale. Il fonda également le groupe « Clarté », une section de l’ARAC et milita avec ardeur pour l’adhésion du Parti socialiste à la IIIe Internationale. Dès le début de 1921, il faisait partie du premier comité fédéral du Parti communiste dans l’Hérault et fut délégué au IIe congrès national du PC qui se tint à Paris, salle de la Grange-aux-Belles du 15 au 19 octobre 1922.

Peu après, il devint artiste professionnel (chanteur et chansonnier) sous le nom de « Morelly » qui pour lui était le premier communiste et il chanta dans les principales villes de France pendant des années. Il se produisit également dans les fêtes de la Région communiste du Languedoc, tenues à Béziers, et composait des chansons sur les ouvriers agricoles en grève. À partir de 1934, il fut chansonnier à Paris avec Pelot (Pierre Cot), également communiste puis, en 1937, il entreprit une tournée qui le fit parcourir de nombreux pays : le Congo, Madagascar, l’Indochine, la Chine, l’Allemagne, la Russie, la Belgique, etc.

Durant l’Occupation, il milita au sein du Front national et réduisit volontairement ses activités pour ne pas se produire en présence de l’occupant. À la Libération, le conseil syndical du spectacle le désigna pour siéger à la Commission nationale d’épuration du Spectacle (devenue le Comité national d’épuration du Spectacle) qui prononçait des sanctions professionnelles et non pénales. Cela lui valut l’inimitié de nombreux patrons du spectacle et il fut boycotté surtout à Paris. Après un séjour au Liban en 1947, il commença une nouvelle carrière de chanteur-chansonnier politique. De 1948 à 1961, il chanta dans les fêtes de l’Humanité et dans d’innombrables galas et fêtes des Fédérations communistes. Il composa de nombreuses chansons sur l’actualité (grèves, affaire Henri Martin, guerre d’Indochine), notamment La Route de la paix et Le chant des Dockers (1951) qui eurent une grande vogue en URSS. Sur une musique de Chantal Sullivan (qui était sa propre fille), Morelly proclamait :

Sur tous les quais de tous les ports de France
entendez-vous ces dockers, ces grutiers
dire aux bateaux, aux armes en partance :
« Nous ne voulons plus travailler qu’pour la Paix.
Plus de canons, plus d’obus pour la guerre ;
paix au Viet-Nam ! renvoyez nos garçons ;
rendez les fils aux malheureuses mères ;
envoyez-donc les chéquards en prison » !

Maurice Thorez et Étienne Fajon s’intéressaient de près à son activité de chansonnier : il était alors le seul artiste de ce type au sein du PC. De 1946 à 1961, il fut secrétaire national du syndicat des artistes de variétés affilié à la CGT qui compta jusqu’à 3 600 membres puis, après la fusion de ce syndicat avec le syndicat national des acteurs (CGT) secrétaire général honoraire.

En 1959, il devint directeur du Théâtre municipal de Sète (Hérault) et le demeura jusqu’en juin 1972. À cette date, il commença une nouvelle carrière artistique, devenant directeur du Théâtre lyrique du Midi qui regroupait cinq grandes villes du Gard, de l’Hérault et des Pyrénées-Orientales. En mars 1976, Il se produisit encore sur scène à l’occasion de son 80e anniversaire. Il demeura jusqu’en avril 1979 directeur de ce Théâtre.

Maurice Garenq s’était marié en secondes noces en avril 1948 à Béziers avec Marthe Villeroux.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50419, notice GARRIGUES Joseph, Victor. Pseudonyme : MORELLY Maurice par Jean Sagnes, version mise en ligne le 1er juin 2009, dernière modification le 2 juin 2009.

Par Jean Sagnes

SOURCES : Le Devoir Socialiste, 1920. — Le Travailleur du Languedoc, 1931-1934. — Joseph Imbernon, Recueil de souvenirs sur les grèves de 19933 dans la région de Béziers, s.d. — Interview de M. Morelly (J. Garrigues, le 30 mars 1973). — État civil de Villeneuve-lès-Béziers.

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