FERRAND Pierre, André, Marie, Joseph

Par Gilles Morin

Né le 19 mars 1913 à La Saunière (Creuse), mort le 25 janvier 1996 à Guéret (Creuse) ; médecin ; militant et élu radical-socialiste puis socialiste de la Creuse ; maire (1959-1989) et conseiller général (1958-1992) de Royère-de-Vassivière , conseiller régional du Limousin (1973-1992), député mendésiste (1956-1958).

[Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956]

Fils de Jean-Baptiste Ferrand, receveur des contributions, et de son épouse Renée née Clément, Pierre Ferrand était le neveu de Camille Ferrand, député de 1928 à 1936, puis sénateur de la Creuse à partir de 1937. Après ses études secondaires dans le limousin, au lycée de Guéret puis au lycée Gay-Lussac de Limoges (Haute-Vienne), il s’orienta vers des études de médecine à Paris à l’issue desquelles il devint interne (1937-1939), puis assistant (1943-1944) de l’Institut du cancer de la Faculté de médecine de Paris.

L’activité professionnelle de Pierre Ferrand fut interrompue par la guerre et par son action résistante. À partir de 1944, il exerça comme médecin électroradiologue, chef de service de l’hôpital de Guéret. Il s’investit dans le secteur associatif, aussi bien sportif – il fut président du Rugby club de Guéret – que comme délégué animateur départemental de la lutte anticancéreuse.

Le neveu de l’ancien parlementaire radical-socialiste, Camille Ferrand, ancien combattant (il était Croix de guerre) et militant associatif fut naturellement sollicité, dès 1951 semble-t-il, par les dirigeants radicaux pour défendre dans le département les couleurs d’un mouvement radical en déclin, dominé depuis 1945 par les socialistes de la SFIO. Mais sa première candidature, datée des élections législatives de janvier 1956 consécutive à la dissolution du 2 décembre 1955, se fit contre les listes du Parti radical-socialiste qui s’était apparenté avec le CNI et les Républicains sociaux. Opposé à cet apparentement, Pierre Ferrand, surfant sur la vague mendésiste, se présenta comme « radical socialiste de gauche et apparenté progressiste », en seconde position sur la liste d’union des gauches et de défense républicaine, sociale et laïque soutenue par le Parti communiste français, conduite par Auguste Tourtaud*, député communiste sortant. Cette liste obtenant 42 308 voix sur 90 109 suffrages exprimés et 124 756 inscrits, il emporta le siège du socialiste Anselme Florand*. Tourtaud conservait son siège. Il vota la confiance au gouvernement Mollet, dans lequel Pierre Mendès France était vice-président du Conseil et fut désigné secrétaire de l’Assemblée nationale. Il s’apparenta au groupe des Républicains progressistes, siégea à la commission de la défense nationale et à celle de la famille, de la population et de la santé publique en 1956-1957 et fut nommé secrétaire de l’Assemblée nationale le 25 janvier 1956, reconduit les 3 octobre 1956 et 2 octobre 1957. Il se montra un député actif , déposant de nombreux textes et faisant diverses interventions, notamment sur les questions de santé, de gestion des hôpitaux et sur les problèmes agricoles comme défenseur d’un département rural et pauvre. Il était aussi membre du comité de rédaction des Cahiers du progressisme.

S’il vota les pouvoirs spéciaux en Algérie le 12 mars, comme les autres élus de gauche, le docteur Ferrand se démarqua rapidement : il s’abstint volontairement, le 5 juin 1956, lors du scrutin sur la politique générale du gouvernement en Afrique du Nord. Comme les communistes, il ne vota pas les traités instituant la CEE en juillet de l’année suivante, après avoir voté contre l’investiture du gouvernement Bourgès-Maunoury, et surtout refusa la confiance lors du vote de la loi-cadre sur l’Algérie, le 30 septembre 1957. Alors que se produisait le soulèvement d’Alger, le 13 mai 1958, il vota la confiance au gouvernement Pierre Pflimlin, approuva l’état d’urgence sur le territoire métropolitain trois jours plus tard et, le 1er juin 1958, vota contre la confiance au général de Gaulle, puis contre les pleins pouvoirs et contre la révision constitutionnelle le lendemain.

Malgré ce vote hostile au nouveau régime qui le marginalisait, Pierre Ferrand se fit élire conseiller général de Royère, à l’élection partielle des 15 et 20 juillet 1958 consécutive au décès de Camille Benassy. Le rapport du préfet signalait que « le docteur Ferrand appartient de par son mariage à la bourgeoisie aisée de la Creuse ». Réélu en 1961, il fut reconduit régulièrement, obtenant encore 54,6 % au premier tour en 1985. Il présida la commission départementale en 1979 et la 4e commission de l’Assemblée départementale en 1987.

Mais désormais, il dut se contenter d’une carrière locale. Hostile à l’instauration de la Ve République, Pierre Ferrand fut, sans succès, candidat radical-socialiste aux élections législatives de novembre 1958 dans la première circonscription de la Creuse, sous l’étiquette UFD qui regroupait la gauche non communiste non ralliée aux nouvelles institutions, avec le parrainage de Pierre Mendès France*. Dans sa profession de foi, il mentionnait sa qualité de président du Groupe de défense des handicapés physiques, et se déclarait toujours « radical-socialiste ». Il obtint 7 187 voix au premier tour, derrière le candidat communiste Labrousse (7 332), mais devant Bodeau de la SFIO (6 001).

Pierre Ferrand conforta sa position locale encore précaire en se faisant élire maire de Royère en 1959. Avec les mendésistes il adhéra au PSA cette même année, puis au PSU en avril 1960. Reconduit régulièrement maire jusqu’à son retrait en 1989, il fut candidat PSU aux élections législatives de 1962 dans la seconde circonscription de la Creuse. Il fut de nouveau candidat aux législatives de 1967, mais avec le soutien de la FGDS, selon un accord départemental (le PSU soutenant la candidature d’André Chandernagor). Il fit campagne pour la défense des intérêts du département (agriculture, tourisme, etc.), mais aussi pour la contraception et l’éducation sexuelle. Le résultat fut modeste, moins de 10 % des voix, devancé par Tourtaud et de Pierrebourg, candidat valoisien, mais l’un des meilleurs du petit parti au plan national. Pierre Ferrand demanda son adhésion à la FGDS le 4 octobre 1967 (en même temps que les trois autres conseillers généraux PSU de la Creuse) et fut candidat pour elle en 1968, puis rejoignit le Parti socialiste au début des années 1970.

Pierre Ferrand siégea au conseil régional à sa fondation en 1973 et appartint de nouveau à cette assemblée en 1986. Il fut premier vice-président du conseil régional du Limousin de 1986 à 1992.

Il occupa encore des fonctions représentatives dans divers organismes : il fut ainsi président du Comité régional du Tourisme et était président du syndicat mixte de Vassivière en 1979. Son nom reste d’ailleurs attaché à la création du lac de Vassivières.

Atteint d’une grave maladie, il dut abandonner ses activités au début des années 1990.

Le 6 avril 1940, Pierre Ferrand se maria à Saint-Pierre-Bellevue (Creuse) avec Nicole Desplas. Veuf, il se remaria à Guéret en septembre 1992 avec Paulette Bastien.

Il fut décoré de la Croix de guerre 1939-1940 avec citation, de la Croix du combattant 1939-1945 et la Croix des services militaires volontaires.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50443, notice FERRAND Pierre, André, Marie, Joseph par Gilles Morin, version mise en ligne le 1er juin 2009, dernière modification le 29 mars 2022.

Par Gilles Morin

[Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956]

ŒUVRE : L’électroradiologue du médecin-praticien. Le cancer, maladie sociale.

SOURCES : Arch. Nat., F/1cII/561 et 703 ; CAC, 19780654/72 et 19890523/10. — Arch. OURS, Fonds FGDS, 2/APO/6. — Arch. FJJ, 6EF73/2. — Tribune socialiste, 10 juin 1961, 5 octobre 1967. — Profession de foi, législatives de 1958. — Fichiers adhérents du PSU. — FNESER, Annuaire des conseillers généraux socialistes, s.d. [1979]. — Le Trombinoscope des régions, départements et DOM-TOM, La Gazette du Parlement, t. 2, Paris, 1991. — Dictionnaire des Parlementaires français, 1954-1958, op. cit. — Notes de Fabien Conord et de Jacques Girault— État civil.

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