GERSCHEL André

Par Yves Le Maner

Né le 10 juin 1880 à Calais (Pas-de-Calais), mort en déportation le 12 février 1944 à Auschwitz ; commerçant, tailleur ; militant socialiste SFIO du Pas-de-Calais ; adjoint au maire de Calais.

André Gerschel
André Gerschel

Marié en octobre 1913 avec Berthe Bauer, André Gerschel fut lieutenant d’infanterie et gravement blessé pendant la Première Guerre mondiale. Il obtint le Croix de guerre et la Légion d’Honneur.

Après l’armistice, il tint avec sa femme un magasin de confection "Aux travailleurs" dans sa ville natale. André Gerschel fut l’un des plus actifs militants de la section calaisienne du Parti socialiste SFIO pendant l’entre-deux-guerres. Élu conseiller municipal, désigné comme troisième adjoint au maire de Calais en 1935, chargé de l’instruction publique et des beaux-arts. Il fut élu conseiller d’arrondissement dans l’un des cantons de Calais en 1937.

En août 1939, le maire, Lucien Vadez, étant mobilisé, il devint le premier magistrat municipal dans des conditions difficiles.
Le 23 mai les side-cars allemands et trois divisions de panzers commandés par le général Heinz Guderian bloquaient les routes de la cité des Six bourgeois. La bataille de Calais allait commencer, pendant quatre jours, à coté des anglais, les soldats et marins français résistèrent dans les 12 bastions, le fort Nieulay, le Fort Risban et la citadelle avec des moyens dérisoires.
Le 25 mai 1940, les Allemands le contraignirent à aller à la Citadelle demander la reddition des défenseurs ; le commandant anglais le brigadier général Nicholson le pris mal et voulu le faire fusiller. Le commandant français Le Tellier et le CF Loïc Petit plaidèrnt sa cause, André Gerschel fut cependant enfermé. Les défenseurs de la citadelle, dernier point de résistance refusèrent de hisser le drapeau blanc, Calais nord fut alors incendié par les stukas de la Luftwaffe . La citadelle fut également bombardée et prise d’assaut, elle tombera le 26 mai 1940. Gerschel put regagner l’Hôtel de ville. Les Allemands lui demandèrent alors une liste de 25 otages potentiels : il s’inscrivit en tête de liste. Les Allemands prennent ainsi comme prétexte son communiqué publié le 20 mai 1940 dans le Phare de Calais au sujet des bonbons empoisonnés susceptibles d’avoir été lancés par la Luftwaffe à la date du 14 mai 1940. Ce communiqué s’adressait surtout aux enfants. Ces bonbons livrés aux laboratoires d’analyses, se révèleront parfaitement inoffensifs. Un officier allemand le major Steinberg, chef de la Kommandantur, eu connaissance le 3 juin 1940 de l’affaire des bonbons empoisonnés. Le secrétaire général de la Mairie (M. Edgard Verschoore) fut appelé, et une très énergique protestation fut émise contre les termes de ce communiqué inspiré par M. Gerschel, il a été déclaré « que de telles affirmations sans preuves, procédant de la méthode de propagande juive internationale sont de nature à porter atteinte à l’honneur de l’armée allemande. » « En conséquence, le major Steinberg a fait savoir au secrétaire général de la mairie qu’a l’avenir il refuserait tout contact, tout rapport avec le maire de Calais ; que le secrétaire général de la mairie était d’ores et déjà seul qualifié pour recevoir les instructions de l’autorité allemande » Destitué, il fut arrêté comme otage le 7 juillet 1940 puis libéré au bout de trois mois. Sa boutique fut désignée "exploitation non-aryenne" et sa femme et lui durent porter l’étoile jaune.

Pour échapper à une nouvelle arrestation, il partit en Bretagne puis gagna la zone non occupée mais fut arrêté à Nice, le 1er février 1944 lors d’une rafle avec sa fille, Odette Bader Gerschel, et sa petite-fille. Tous les trois moururent en déportation à Auschwitz, vraisemblablement gazé vers le 15 février 1944.

Son fils, Marc, arrêté, interné à Clermont-Ferrand, Cusset puis Eysses, s’évada et s’engagea dans l’armée de libération. Il fut officier de la Légion d’honneur.

Ignorant le destin d’André Gerschel, les socialistes le mirent en tête de liste pour les élections municipales de 1945. Sa femme, Berthe Gerschel Bauer, fut élue conseillère municipale en 1947.

En 1951, la rue de la Citadelle devint la rue André Gerschel.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50465, notice GERSCHEL André par Yves Le Maner, version mise en ligne le 3 juin 2009, dernière modification le 14 mars 2020.

Par Yves Le Maner

André Gerschel
André Gerschel
Odette Bader, sa fille

Sources :

SOURCES : Arch. Dép. Pas-de-Calais, M 5099. — Renseignements fournis par la mairie de Calais. — Notes et documents de René Vandenkoornhuyse. — Robert Chaussois, Calais 1939 1940, S.A. Imprimerie centrale de l’ouest la Roche
sur Yon . — Pierre le Goyet, Jean Foussereau, Calais 1940, la corde au cou, Presse de la cité. — Walter Lord, Le miracle de Dunkerque, Robert Laffont.

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