GAUTIER Jacques

Par Jean-Jacques Monnier

Né le 22 novembre 1914 à Lannion (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), mort le 8 avril 2004 à Saint-Renan (Finistère) ; pharmacien ; militant MRP, Action travailiste (1956), puis PS ; conseiller municipal (1959-1977) puis maire adjoint (1977-1983) de Lannion.

Fils de pharmacien, Jacques Gautier grandit dans une famille catholique de droite. À dix-huit ans, il devint étudiant et découvrit le scoutisme. Installé en 1943 comme pharmacien à Lannion, il participa à la vie associative locale. Adhérent du MRP à la Libération, il fut élu conseiller municipal de Lannion sur une liste centriste en 1953. Sensibilisé à l’importance du développement local par un prêtre enseignant, par ailleurs « militant breton » (Pierre Bourdellès, qui influença de nombreux futurs élus PS dont Pierre-Yvon Trémel notamment), il s’intéressait à la question sociale dès sa jeunesse au travers de l’influence de ses deux oncles ecclésiastiques. Il poursuivit son évolution vers la gauche au contact d’un autre prêtre enseignant (Jean Martin) : en 1956, désireux de soutenir la politique de négociation en Algérie proposée par Pierre Mendès France, il soutint la candidature aux législatives d’Henri Bouret, ancien député MRP devenu tête de liste de l’Action travailliste qu’il rejoignit alors. Le groupe était affilié au parti Jeune République.

Jacques Gautier participa à l’action d’un groupe de citoyens qui tentait de réveiller la petite sous-préfecture en déclin, en faisant appel à Pierre Marzin, un haut fonctionnaire des Télécommunications, originaire de Lannion. Réélu au conseil municipal en 1959, il œuvra en faveur d’un accompagnement social et culturel du « miracle économique lannionnais ». Candidat aux élections cantonales de 1964 sous l’étiquette « républicain d’Action économique et sociale », soutenu par l’Action travailliste, il recueillit 10,3 % des suffrages exprimés. Au second tour, il se désista en faveur de Pierre Jagoret*, candidat socialiste SFIO (il adhéra au PSU au début de l’année 1966), qui l’emporta face à de Hainguerlot.

Jacques Gautier tenta ensuite de rejoindre la SFIO, puis le PSU. Ses demandes d’adhésion furent refusées, en raison de ses liens avec la bourgeoisie catholique. Il participa au groupe local Témoignage Chrétien, au mouvement de gauche « objectif 72 » initié par l’ancien parlementaire MRP Robert Buron, avant d’être très actif au sein de la Ligue des droits de l’Homme (LDH), menée dans le département par le futur député-maire de Guingamp, Maurice Briand.

En 1977, Pierre Jagoret lui proposa de figurer en bonne place sur la liste d’Union de la gauche qu’il conduisait pour les élections municipales contre le maire sortant Pierre Marzin. Contribuant de façon décisive à la victoire de la gauche (un siège de majorité), Jacques Gautier prit en charge les affaires sociales, en tant qu’adjoint PS (1977-1983). Député en 1978, renouvelé en 1981, Pierre Jagoret passa la main au conseil général en 1982 à Alain Gouriou, avant d’être battu au renouvellement municipal de 1983. Par la suite, Jacques Gautier n’exerça plus de mandat municipal, tout en restant très présent dans la vie publique locale, notamment au sein des réseaux PS et Ligue des droits de l’Homme, dans lesquels prédominent les milieux laïques.

Critique vis-à-vis du PS, il adhéra aux Verts à plus de quatre-vingts ans en 1995. Demeuré catholique pratiquant, il participa notamment à des actions caritatives et aux manifestations pour la défense du droit d’asile. Dans le sillage d’autres trajectoires, son parcours démontra le rôle important de l’Action travailliste dans les Côtes-du-Nord dans l’entrée en politique de citoyens de tradition catholique, basculant vers la gauche durant les années 1970.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50487, notice GAUTIER Jacques par Jean-Jacques Monnier, version mise en ligne le 3 juin 2009, dernière modification le 25 juillet 2018.

Par Jean-Jacques Monnier

SOURCES : Entretiens avec Jacques Gautier. — Articles parus dans la presse hebdomadaire locale : Écho de Lannion, Lannion républicain (1953-1970), Le Trégor (1970-1994). — Jean-Jacques Monnier, « Militants chrétiens et basculement à gauche, Bretagne 1956-1990 », in Des prêtres aux entrepreneurs, la Vendée au vingtième siècle, Actes du colloque, La Roche sur Yon, CVRH, 2004. — Jean-Jacques Monnier, « Les transferts de vote des catholiques vers le PSU en Bretagne. Le cas de Saint-Brieuc », communication au colloque « Le PSU vu d’en bas », Rennes, septembre 2008. — Notes de François Prigent.

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