MONTARON Georges

Par Claude Pennetier

Né le 10 avril 1921 à Paris (XVIe arr.), mort le 8 octobre 1997 à Paris (XIVe arr.) ; dessinateur ; responsable de la JOC ; directeur de Témoignage chrétien.

Georges Montaron naquit dans le XVIe arr. de Paris mais boulevard Suchet, sur les “fortifs”. Son père, originaire du Morvan, avait travaillé comme ouvrier agricole avant de devenir imprimeur lithographe au ministère de la Guerre. Sa mère, d’une famille auvergnate, fut ouvrière dans la plume puis fit des ménages. Georges Montaron fréquenta l’école de la rue Boileau et obtint le Certificat d’études primaires. La réussite au concours des bourses lui permit d’entrer à l’EPS Jean-Baptiste Say pour préparer l’école des Arts et Métiers. Il obtint le brevet élémentaire et le brevet d’enseignement primaire supérieur, section Arts et Métiers.
Sa famille était croyante mais non pratiquante. En 1932, elle fut expulsée de son appartement des “fortifs” et s’installa dans un HBM porte de Vanves. Georges Montaron fut marqué par le dynamisme du clergé de la paroisse populaire du quartier de Plaisance. Cette découverte l’orienta vers le catholicisme social. En 1935, à l’EPS, il milita dans le cadre de la JEC. En 1937, il entra comme apprenti dessinateur dans une fabrique de ballons captifs, Aérazur, à Issy-les-Moulineaux et adhéra pendant six mois à la CGT qu’il quitta pour la CFTC. Il était rattaché au syndicat des employés du commerce et de l’industrie. Mais ce fut surtout à la JOC, section de la porte de Vanves, qu’il consacra son militantisme à partir de l’automne 1937. Il devint très vite un des dirigeants de la Fédération Paris-Sud.

Ses responsabilités furent accrues par les circonstances de la guerre, les aînés du mouvement étant mobilisés. En juin 1940, il suivit son usine transférée à Cognac et fut licencié quelques jours plus tard, à l’arrivée des Allemands. Il rejoignit alors ses parents en Haute-Loire puis en septembre 1940 remonta à Paris, sans travail. La direction de la JOC lui demanda alors de créer un centre de jeunes chômeurs dans les locaux vacants de l’école des Frères des écoles chrétiennes à Paris, rue de Vaugirard. Il devint en février 1941 délégué régional pour l’Ile de France des Ateliers de la Jeunesse dépendant du Comité Jeunesse nouvelle. Il était parallèlement membre du secrétariat général de la JOC, organisation interdite en zone nord mais qui fonctionnait dans une semi-clandestinité. Fin 1941, le mouvement lui demanda de quitter ses responsabilités dans le Comité Jeunesse nouvelle pour se consacrer à la JOC. Il fut chargé de l’action des jocistes dans les ateliers puis de suivre la Fédération Paris-Nord. Au début de l’année 1943, il put échapper au STO grâce à la protection du cardinal Suhard (qui avait certifié par lettre qu’il était un de ses collaborateurs), mais, par la suite, il fut requis et envoyé dans une usine de Malakoff comme tourneur. Il y demeura six mois puis fin 1943, abandonnant cet emploi forcé, il entra dans l’illégalité. Tout en poursuivant son action avec la JOC, il s’engagea dans la Résistance dans le cadre des Jeunes Chrétiens combattants.
Georges Montaron resta à la direction nationale de la JOC jusqu’en avril 1947. La CFTC le présenta sans succès aux élections de la Sécurité sociale mais Gaston Tessier démissionna pour lui laisser son siège au conseil d’administration de la caisse primaire centrale de la région parisienne dont il devint secrétaire général (1947-1954). À son départ de la JOC. Montaron avait été appelé par la Fédération de Paris du MRP pour prendre la responsabilité des équipes ouvrières. Il ne resta que quelques mois dans cette organisation.

Témoignage chrétien fut alors au centre de son activité. Il n’avait jusqu’alors été qu’un diffuseur de cet hebdomadaire issu de la Résistance. Les grèves de l’automne 1947 ayant gravement perturbé les ventes du journal, le père Chaillet cherchait un gestionnaire efficace et un responsable susceptible de maintenir la ligne du journal dans la fidélité aux idéaux de la Résistance afin de redresser la situation, de préférence un ancien de la JOC. Montaron accepta de faire partie de l’équipe des responsables en 1948. Gérant de la société des éditions du Témoignage chrétien, il fut désigné par le conseil d’administration de septembre 1949 comme directeur du journal. Il vit son influence s’accroître pour devenir dominante vers 1955. Montaron fit de Témoignage chrétien un journal nettement ancré à gauche, très attentif aux aspirations ouvrières et très favorable à une politique de décolonisation. Administrateur habile, il joua un rôle actif dans le monde de la presse comme vice-président du Centre national de la presse catholique et comme président du syndicat de la presse hebdomadaire parisienne (depuis 1977).

Georges Montaron eut de nombreuses responsabilités dans des organisations à vocations antiracistes et internationales : secrétaire général de la Conférence mondiale des chrétiens pour la Palestine, vice-président du Mouvement international de lutte antiraciste et de l’Association de solidarité franco-arabe, président de l’Association des Amis du peuple Sahraoui...

Marié en 1947 avec Josette Schiavi, il était père de trois enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50515, notice MONTARON Georges par Claude Pennetier, version mise en ligne le 5 juin 2009, dernière modification le 19 septembre 2017.

Par Claude Pennetier

ŒUVRE : Le socialisme, dialogue avec Marcel Clement, 1969. — Quoi qu’il en coûte, conversations avec Noël Copin, Stock, 1976. — Jérusalem en Palestine, 1981. — Le Roman d’une vie, Ramsay, 1996.

SOURCES : Who’s who in France ?. — Jean-Pierre Gault, Histoire d’une fidélité : Témoignage chrétien, 1944-1956, s.d., Éditions Témoignage chrétien. — Jocistes dans la tourmente : histoire des jocistes (JOC-JOCF) de la région parisienne 1937-1947, Éditions du Témoignage chrétien/Éditions ouvrières, 1989. — Entretien avec Georges Montaron, 9 janvier 1990.

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