LALLEMAND Louis, Napoléon

Par Yves Le Maner

Né le 7 mars 1906 à Tourcoing (Nord), mort le 26 août 1983 à Tourcoing ; ouvrier tourneur ; secrétaire du rayon communiste de Tourcoing, puis de la Région nord du Parti communiste (1937-1939) ; résistant, inter-régional FTP ; conseiller général de 1945 à 1949 ; secrétaire de la Fédération communiste du nord (1944-1949) ; membre suppléant du comité central en 1945, titulaire de 1947 à 1950.

Louis Lallemand
Louis Lallemand

Dernier de cinq enfants, Louis Lallemand naquit dans une famille aux solides traditions syndicales. Son père était tisserand, sa mère confectionneuse à domicile, puis en atelier après 1929, avant de se retrouver au chômage en 1937. Il fréquenta l’école libre puis l’école laïque et obtint son CEP mais il dut abandonner au bout d’un an des cours professionnels à l’Institut Colbert. Il fit son service militaire comme 1re classe et fut moniteur physique au régiment. Il épousa Irène Leroy, confectionneuse, fille d’un cheminot, membre, en 1937, du syndicat de l’habillement et sympathisante communiste.

Suivant l’exemple de son père, qui avait quitté la CGT en 1921, il adhéra à la CGTU à l’âge de quatorze ans, puis, en 1931, entra au Parti communiste après quelques mois de formation au sein des Jeunesses communistes. Dès l’année suivante, il devint secrétaire de la cellule communiste du quartier du Blanc Seau à Roubaix et de la commune voisine de Mouvaux. Nommé au comité du rayon de Tourcoing, il devint secrétaire en janvier 1936 et de ce fait, entra au comité régional en octobre 1936. Élu en janvier 1936 délégué principal à l’usine Duvivier de Roubaix, il participa au mouvement de grève de juin. Il fut délégué au congrès de Villeurbanne et à la conférence de Montreuil ainsi qu’à diverses conférences régionales. Il suivit, de mars à août 1937, une école centrale de six mois. La commission des cadres le jugeait, à l’issue de cette école, appliqué et consciencieux. Mais elle regrettait un « manque d’assurance » et une « insuffisance d’initiative » qui seront « un obstacle à un travail de direction régionale » pour lequel il peut être utilisé. Il fut cependant nommé en septembre 1937 secrétaire de la Région nord du Parti communiste aux côtés de A. Ramette et J. Hentgès. Délégué au congrès d’Arles (décembre 1937), il s’y prononça pour l’unité organique avec le Parti socialiste SFIO. En 1939, il remplaça, à la direction de L’Enchaîné, Marcel Deschamps*, appelé à Paris.

Mobilisé en septembre 1939, il fut libéré en août 1940 et entra immédiatement dans la clandestinité, prenant contact avec Martha Desrumeaux et Joseph Hentgès et participant à l’appareil clandestin du Parti communiste.En septembre 1941, il échappa de justesse à l’arrestation et, pourchassé par la police allemande et la police de Vichy, il fut forcé de vivre dans la clandestinité. Il assura l’organisation des FTP sur plusieurs départements du Nord de la France ; responsable politique régional puis « Inter-régional » (Nord, Pas-de-Calais, Aisne et Ardennes) FTP à partir de 1942.

En juin 1943, en vue d’unifier la Résistance et d’intensifier le combat contre l’ennemi, avec le socialiste Albert Inghels (fils de l’ancien député maire de Tourcoing) Marcel Henaux et quelques autres résistants, il fonda le Comité départemental de la résistance qui devint le Comité départemental de libération le 6 novembre de la même année.

Lallemand fut titulaire de la médaille de la Résistance. Il joua un rôle important dans les mois qui suivirent la Libération. Vice-président du comité de Libération du Nord, il organisa l’épuration dans le département, mais, surtout, il fut chargé, sur ordre du Comité central, de renforcer l’implantation communiste dans le Nord en utilisant la popularité du Parti communiste. Il prononça, le 9 septembre 1944, au palais de la bière à Lille, le premier discours de la première assemblée légale du Parti communiste depuis 1939, développant les thèmes énoncés par [ Jacques Duclos lors de la réunion du Comité central de Paris (31 août 1944) sur la nécessité d’élargir le recrutement des organisations communistes.

Selon une étude, Louis Lallemand aurait espéré un prolongement révolutionnaire à la Libération (J.-P. Hirsch, art. cit.) du territoire. Secrétaire fédéral adjoint du Nord jusqu’en 1949, puis secrétaire, il devint conseiller municipal de Tourcoing, puis conseiller général de Tourcoing Nord-est en 1945. Nommé suppléant au Comité central en 1945, puis titulaire en 1947, il perdit une partie de ses responsabilités après la grève des mineurs de 1948. Il ne fut pas réélu en 1950. Il était fondateur du quotidien Liberté le 10 mai 1944, avec l’aide de Pierre Delon.

Dans le questionnaire biographique de 1949, il indiquait, comme conjointe, Émilienne Galicier, ouvrière dans l’alimentation, députée du Nord. Ils vivaient ensemble depuis la Libération et se marièrent le 28 mars 1963 à Nanterre.

Il revint à la direction de Liberté de 1958 à 1971 et travailla aux finances du PCF comme collaborateur de Georges Gosnat.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50532, notice LALLEMAND Louis, Napoléon par Yves Le Maner, version mise en ligne le 6 juin 2009, dernière modification le 30 octobre 2016.

Par Yves Le Maner

Louis Lallemand
Louis Lallemand

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Arch. Dép. Nord, M 154/189 4, M 154/195 e et f, M 154/205. — Les Cahiers du Bolchevisme, n°1-2, janvier-février 1938. — Liberté, 19 septembre 1945. — J.-P. Hirsch, « La seule voie possible, remarques sur les communistes du Nord et du Pas-de-Calais de la Libération aux grèves de novembre 1947 », Revue du Nord, 1975. — Archives du Komintern, Moscou, RGASPI, autobiographie du 4 février 1937 avec note de la Commission des cadres, questionnaire biographique de 1949. — Alain Nice, La Guerre des partisans. Histoire des FTPF, histoire de la Résistance ouvrière et populaire du département de l’Aisne, 2011, — Notes de Claude Pennetier.

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