GALICIER Émilienne, Berthe [épouse DÉFOSSÉS, puis épouse LALLEMAND]

Par Claude Pennetier

Née le 11 juin 1911 à Villeneuve-sur-Yonne (Yonne), morte le 7 juillet 2007 à Tourcoing (Nord) ; employée de maison puis ouvrière charcutière ; militante communiste de Paris puis du Nord ; députée du Nord (1945-1958).

Émilienne Galicier dans les années 1940
Émilienne Galicier dans les années 1940
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1946

Fille d’un vigneron et d’une femme de ménage, Émilienne fréquenta très peu l’école qu’elle quitta à onze ans, elle affirme : « très primaire, j’ai appris à lire et à écrire à vingt-cinq ans à Mathurin Moreau [siège syndical parisien] », c’est-à-dire dans les locaux syndicaux, à l’occasion d’un stage de formation ou des cours de l’université ouvrière.
Elle fut bonne dans une famille bourgeoise à onze ans, travailla un temps en usine, puis, au chômage, devint apprentie charcutière à Paris. Elle adhéra au Parti communiste fin 1935, aux Amis de l’Union soviétique (AUS) et s’engagea simultanément dans le mouvement syndical. Entrée au conseil syndical de l’Alimentation de la Seine, devenue secrétaire elle se heurta aux minoritaires très puissants dans la fédération, qu’elle qualifiait de façon abusive de « trotskistes » : « mais les trotskistes nous ont empêché de prendre possession du bureau de la Bourse du Travail » rue Turbigo. Elle avait suivi une école de section en 1937 et une école fédérale en 1939. Elle s’était mariée le 7 février 1931 à Paris XIVe arr. avec Marcel, René Défossés dont elle divorça en 1947.

Elle fut exclue du syndicat au moment du Pacte germano-soviétique. Dénoncée comme militante communiste par une militante du Xe arr. de Paris, elle réussit à retourner la situation pendant l’interrogatoire en faisant dire à cette femme qu’elle s’était trompée. À nouveau arrêtée à l’usine Bougie, elle réussit encore à faire croire à une erreur. N’osant plus retourner à l’usine, elle se cacha chez une nièce, puis trouva du travail à la charcuterie Ferrand, rue des cinq Diamants. À la demande de Jean Catelas, elle partit à Mont-de-Marsan comme agent de liaison, mais les bombardements la blessèrent et elle dut séjourner à l’hôpital de Châteauroux avant de revenir à Paris et de prendre contact avec Henri Gourdeaux et travailler avec René Bontemps et Marcel Paul. Repérée par la police, elle passa dans la zone libre, à Limoges. Elle travailla comme cuisinière dans un château.

Le Parti communiste l’envoya comme « inter-femme » dans le Nord, en liaison avec Maria Rabaté et Louis Lallemand qui devint son compagnon, puis son mari le 28 mars 1963 à Nanterre . Elle fut responsable de l’Union des femmes françaises pour le Nord, le Pas-de-Calais, l’Aisne et les Ardennes. Elle réussit à échapper à une arrestation en se cachant dans un égout et en trouvant l’aide d’un couple de rentiers, mais elle tomba dans une rafle, à Roubaix, le jour du débarquement.

Revenue à Paris après la Libération, elle siégea au Comité parisien de Libération, puis appelée dans le Nord, elle fut secrétaire départementale de l’UFF et membre de son bureau national. Elle entra au comité fédéral communiste du Nord en 1946, au bureau en 1949 mais fut bientôt « retirée ». Le Parti communiste lui avait fait suivre une école de quatre mois à Viroflay de décembre 1946 à avril 1947 : « Sérieuse, très appliquée, l’école a été pour elle une véritable révolution. Elle a appris beaucoup et avec le goût de l’étude, du travail méthodique et préparé, elle a acquis la certitude en la victoire politique de notre parti. Élément moyen, elle a une grande sensibilité et du bon sens. C’est une oratrice qui met de la vie et de la chaleur dans ses exposés, mais il faut l’aider à classer ses idées, lesquelles sont encore confusément présentées. Femme de masse aimant le travail parmi les femmes, elle doit pouvoir mieux réaliser dans cette branche d’activité. Rédige mal, la pousser à développer sa culture générale. » En 1950, le Parti communiste et l’UFF l’envoyèrent en délégation en Hollande avec Alice Brisset en au Congrès des femmes d’Albanie.

Elle fut troisième sur la liste conduite par Henri Martel aux élections de l’Assemblée nationale constituante qui eut quatre élus le 21 octobre 1945 dans la troisième circonscription du Nord. Elle siégea à la commission de l’agriculture et du ravitaillement, et à celle de la reconstruction et des dommages de guerre. Réélue le 10 novembre 1946, elle fut très active dans la défense des femmes, des familles et des ouvrières du textile. Lors d’une séance publique, le 24 juin 1948, elle gifla le député du Lot et ancien déporté, Abel Bessac, en déclarant : « Je ne vous permets pas d’insulter notre parti dont la politique a toujours été conforme à l’intérêt national ». Bien que placée en quatrième position lors de l’élection du 17 juin 1951, elle conserva son siège et défendit avec énergie l’industrie textile, proposant même d’augmenter les exportations en Union soviétique, vaste marché inexploré. À nouveau réélue le 2 janvier 1956 en quatrième position de sa liste, elle déposa des propositions de lois sur l’organisation du travail, en faveur de l’égalité des salaires hommes-femmes et du respect de 400 heures et deux jours de congés consécutifs pour les femmes. Elle fut candidate sans succès aux élections législatives de novembre 1958.

Elle revint au comité fédéral Nord en 1956 et y resta jusqu’en 1972. Adoptée par les milieux populaires du textile, cette femme aura été la porte-parole énergique d’un communisme très ouvriériste et défenseur des femmes au travail.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50537, notice GALICIER Émilienne, Berthe [épouse DÉFOSSÉS, puis épouse LALLEMAND] par Claude Pennetier, version mise en ligne le 7 juin 2009, dernière modification le 22 janvier 2017.

Par Claude Pennetier

Émilienne Galicier dans les années 1940
Émilienne Galicier dans les années 1940
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1946
Émilienne Galicier dans les années 1950
Émilienne Galicier dans les années 1950
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956

SOURCES : Arch comité national du PCF. — RGASPI, 495 270 331. — DPF, op. cit. — État civil de Villeneuve-sur-Yonne. — Les Archives municipales de Tourcoing conservent un fonds 147 Z, de corresponance relatives à Émilienne Galicier (Nathalie Barré-Lemaire, responsable des archives). — Charles Riondet, Le Comité parisien de la Libération 1943-1945, PUR, 2017.

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