FOURVEL Eugène [FOURVEL Gilbert, Eugène]

Par Mathias Bernard

Né le 9 février 1906 à Vertaizon (Puy-de-Dôme), mort le 3 août 1986 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ; cultivateur ; résistant ; militant communiste, membre du bureau régional puis fédéral du Puy-de-Dôme du (1931-1974) ; maire de Vertaizon (1959-1965), député du Puy-de-Dôme (1951-1958, 1962-1967).

Les origines sociales et le parcours politique d’Eugène Fourvel reproduisent un modèle largement dominant chez les militants communistes des campagnes du Centre de la France. Alors que sa mère était cuisinière, son père, originaire de la région de Vic-le-Comte, avait d’abord été placé comme domestique, puis était devenu ouvrier agricole dans un domaine viticole. Pour des raisons économiques, et en dépit d’un parcours scolaire brillant (il fut premier de son canton au certificat d’études primaires), Eugène Fourvel fut embauché dès l’âge de douze ans comme aide-basculeur à la sucrerie de Bourdon. Dix ans plus tard, en 1928, il s’établit comme fermier, avant de se marier, en 1934, avec une amie d’enfance, fille de fermiers. Pendant toute sa vie, il resta d’ailleurs un petit exploitant agricole.

Au cours des années 1920 s’effectua sa prise de conscience politique, qui le conduisit d’abord à coller des affiches pour le Parti communiste SFIC (1924) puis, une fois son service militaire accompli (1926-1928), à adhérer à ce parti. Au moment de la campagne des élections législatives de 1928, Eugène Fourvel fonda, avec une douzaine de camarades, la cellule communiste de Vertaizon : il en devint immédiatement le secrétaire. Il fut au moins à partir de 1931 membre du Comité régional du PCF et ce jusqu’en 1939.

À côté d’un militantisme quotidien, qui le poussa notamment à se présenter sans chance de succès aux élections municipales de 1935, il prit part à la mobilisation des communistes du département en faveur de l’Espagne républicaine, en 1936-1937.

Mobilisé en 1939, il serait entré rapidement dans la résistance locale. Son attentisme fut néanmoins critiqué ensuite par Robert Marchadier, la grande figure communiste des années trente, de l’Occupation et de l’après-guerre dans le Puy-de-Dôme.
Sous le nom de Fernand, il fit partie de la direction de la section de Vertaizon des FTP et présida, à la Libération, le Comité local de Libération. Vint alors le temps des promotions politiques décisives. Nommé à la fois membre du Comité départemental de Libération du Puy-de-Dôme et du Comité d’action agricole, responsable local de la Confédération générale agricole, élu en avril 1945 conseiller municipal de Vertaizon, il apparut aux yeux des dirigeants communistes comme le représentant idéal des campagnes du département du Puy-de-Dôme, laissées à l’écart jusque-là par la propagande du parti. Lors de la conférence fédérale du PCF en 1945, il devint membre du comité fédéral et du bureau fédéral et constitua, avec Albaret, Besset, Minard, Diot et Planeix, la nouvelle équipe de permanents. Après un stage d’un mois à l’école nationale des cadres, à l’automne 1945, il fut considéré comme le spécialiste des questions agricoles ; il fut alors chargé de la page agricole de l’hebdomadaire de la fédération, La voix du peuple.

S’il fut déchargé, à sa demande, de sa fonction de permanent en 1947, il poursuivit sa carrière politique au sein du parti. Après une première tentative infructueuse en octobre 1946, il fut élu député lors des élections législatives de 1951. Réélu en 1956, il apparaissait à la fois comme le plus Auvergnat des communistes (c’était d’ailleurs le surnom que lui avait donné Maurice Thorez*) et comme un spécialiste incontesté des questions agricoles. Il fut toutefois victime de la vague gaulliste de 1958. En 1962, il se fit élire dans la circonscription de Riom, plus favorable aux communistes. Mais son échec de 1967, face à Michel Duval, signa la fin de sa carrière parlementaire. Sa promotion à la fonction de maire de Vertaizon, en 1959, fut de plus courte durée : en 1965, la défection de la SFIO entraîna l’échec, au second tour, de la liste communiste qu’il présidait.

Ces échecs électoraux ne mirent pas un terme à ses responsabilités politiques au sein de son parti. Il resta jusqu’à sa mort le secrétaire de la cellule Guy-Môquet de Vertaizon. Il abandonna en revanche ses fonctions à la fédération en 1974, 41 ans après avoir occupé son premier mandat au sein de cette instance, ce qui fait de lui, de loin, le cadre resté le plus longtemps élu au sein de la direction fédérale du Puy-de-Dôme. Sans en être l’un des principaux cadres -il ne fut membre du secrétariat qu’en 1945 et 1946- il n’en demeure pas moins celui qui incarne la stabilité et la fidélité à la direction nationale au sein de cette instance.
Après son décès en 1984, ses descendants poursuivirent en partie son œuvre, son fils comme exploitant agricole, son gendre, Paul Archimbaud, comme maire de Vertaizon.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50571, notice FOURVEL Eugène [FOURVEL Gilbert, Eugène] par Mathias Bernard, version mise en ligne le 7 juin 2009, dernière modification le 5 août 2021.

Par Mathias Bernard

SOURCES : Francis Pornon, Mémoires d’Eugène Fourvel, député communiste du Puy-de-Dôme, Éditions Créer, Nonette, 1984. — La Montagne, 4 août 1984. — Fonds de la direction du Parti Communiste Français :1931 cote 517_1_1143_517_1_1143. Rapport sur la région Auvergne, 22/1/1931. — Archives fédération PCF du Puy-de-Dôme. — État-civil Insee. Notes d’Eric Panthou.

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