GAUTHIER Abel

Fils de Jean Gauthier, cultivateur, et de Claire née Abel, sans profession, Abel Gauthier fit ses études à l’école de son village puis au collège d’Issoire. Devenu agriculteur, propriétaire d’un domaine de vingt hectares environ, il fut élu conseiller municipal de la petite commune d’Orbeil le 5 mai 1929, mais son élection fut invalidée en raison de son âge. Il devait faire son entrée au conseil municipal le 5 janvier 1934, et devint maire d’Orbeil durant cette même année 1934. Surtout, Abel Gauthier s’investit dès les années 1930 dans l’engagement syndical au service du monde paysan. Il participa à la fondation de la Confédération nationale paysanne (CNP) dans le Puy-de-Dôme en 1928, organisation par laquelle il fut désigné pour être l’un des deux représentants à l’Office interprofessionnel du blé en 1936.

Abel Gauthier fut mobilisé en 1939 avec le grade d’adjudant-chef dans l’infanterie alpine, puis s’engagea dans la Résistance. Après la Libération, il fut élu président de la FDSEA du Puy-de-Dôme à la Maison du peuple à Clermont-Ferrand, mais encore président du Crédit agricole et de la Confédération générale agricole (CGA) de ce département. Les premières élections municipales qui suivirent lui rendirent son fauteuil de maire d’Orbeil. À ces nombreuses responsabilités locales vinrent s’adjoindre des représentations nationales. Abel Gauthier fut désigné par la CGA comme administrateur ès qualité de la Banque nationale du commerce et de l’industrie (BNCI) et de sa filiale, l’Union française d’Outre-Mer (UFOM). Mais surtout, en 1952, il fut élu président de l’Office national interprofessionnel des céréales (ONIC), où il siégeait depuis 1936. Il semble que Gauthier ait négligé quelque peu ses attributions départementales à cette époque, laissant le champ libre à un autre syndicaliste agricole de gauche, Roland Viel*. Il soutint d’ailleurs ce dernier en témoignant en sa faveur au jury d’honneur réuni par la commission administrative fédérale (CAF) le 1er avril 1948, à propos des « échos malveillants colportés sur Viel ».

Toutefois, en 1956, Abel Gauthier abandonna ses diverses fonctions à l’ONIC, la BNCI et l’UFOM, et se consacra alors entièrement à ses responsabilités locales. Il avait créé – et continuait de présider – un groupement d’achat pour les agriculteurs de la région d’Issoire, la coopérative « Vouloir ». Dans les années 1960, son engagement se fit plus politique. Abel Gauthier, militant SFIO depuis l’entre-deux-guerres, devint vice-président de l’Union des élus socialistes et républicains du Puy-de-Dôme le 26 novembre 1961, et fut élu sénateur SFIO du Puy-de-Dôme en 1965, en compagnie de Gabriel Montpied* et Michel Champleboux*. À ce titre, il siégeait de droit à la commission exécutive fédérale (CEF), comme les autres parlementaires du département. Deux ans plus tard, il fut élu conseiller général du canton de Sauxillanges. En 1966, Abel Gauthier était président de l’Union des élus socialistes et républicains du Puy-de-Dôme, peut-être depuis plusieurs années. Il présida cette association d’élus jusqu’à sa démission annoncée par une lettre en date du 17 novembre 1973, suite à sa défaite dès le premier tour de scrutin lors des élections cantonales de 1973 ; il démissionna de la mairie d’Orbeil la même année, qui vit la fin brutale de sa carrière politique.

Chevalier de la Légion d’honneur en 1946, officier du Nicham Iftikhar et commandeur du Ouissam Alaouite en 1949, chevalier du Mérite agricole en 1959, médaille de vermeil de la Mutualité-Coopération-Crédit en 1962, Abel Gauthier fut encore élevé au grade d’officier de la Légion d’honneur, grâce à la promotion du 1er janvier 1983. Pourtant, Gauthier n’était pas réputé avide d’honneurs : il avait souhaité des obsèques discrètes, volonté qui fut respectée puisque son décès, survenu le 28 février 1991, ne fut annoncé par le quotidien régional qu’après son enterrement civil (au cimetière d’Orbeil).