GINESTET Edmond

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 7 septembre 1900 à Aubin (Aveyron), mort le 20 février 1963 à Argenteuil (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) ; fraiseur sur métaux ; syndicaliste du Creusot (Saône-et-Loire) et de Toulouse (Haute-Garonne), secrétaire de la Région communiste de Garonne, membre du comité central du PC (1926-1929) ; maire d’Aubin élu en 1935, député communiste (1948-1951).

Fils d’un tailleur d’habits, ancien élève de l’École normale d’instituteurs de Rodez (Aveyron), mais titulaire seulement du Certificat d’études primaires supérieures, devenu fraiseur sur métaux, Edmond Ginestet, doué d’une parole facile et claire, fut un militant ouvrier très influent et actif. Il adhéra au Parti communiste (à Aubin semble-t-il) dès le congrès de Tours (décembre 1920).

Le bureau politique du Parti communiste, réuni le 10 septembre 1924, pressentit Ginestet — alors militant à Orléans — comme permanent en Saône-et-Loire. En fait, il fut embauché comme fraiseur aux usines Schneider du Creusot et immédiatement nommé secrétaire général du syndicat unitaire (CGTU). C’est comme délégué de la cellule Schneider du Creusot qu’il participa au IVe congrès du PC (Clichy, 17-23 janvier 1925).

La direction le chargea — courant 1925 — de constituer la Région communiste de la Garonne dont il fut secrétaire permanent — rétribué 1 000 F par mois — de 1925 à 1934. Ses qualités de propagandiste furent précieuses mais son autoritarisme fut diversement apprécié. Dans un rapport interne du 30 mai 1926, Roland Dallet*, membre du Comité central, écrivait : Ginestet devrait « être un peu moins brutal dans ses rapports avec les camarades du rayon (...) il faut dire à la décharge de Ginestet qu’il s’est trouvé en face d’une tâche immense et en présence d’adversaires (socialistes) tout puissants » (I.M.Th., 104). Présent au Ve congrès (Lille, 20-26 juin 1926), il entra au Comité central.

Condamné en décembre 1925 par le tribunal correctionnel de Villefranche-de-Rouergue, pour action antimilitariste, il fut arrêté le 28 juillet 1928. La cour d’appel de Montpellier lui infligea huit mois de prison auxquels celle de Toulouse ajouta trois mois. Détenu à la prison de Toulouse, il fut libéré le 28 mars 1929. Son épouse Palmyre — née Barbier en 1899 à Langeac, Haute-Loire — dactylo, avait assuré le secrétariat administratif de la Région pendant son absence mais, la direction nationale demanda de lui « retirer progressivement cette responsabilité » ; elle qualifiait à cette occasion Ginestet de « bon agitateur » et de « mauvais organisateur » (I.M.Th., bobine 104).

En accord avec le Bureau politique, Edmond Ginestet mena une opération d’épuration dans la région toulousaine en excluant, en septembre 1929, Jean Baby*, professeur à Toulouse, secrétaire départemental de la Haute-Garonne. Cette sanction apparaissant comme sans fondement, le bureau départemental démissionna. Pendant un an, le PC resta désorganisé en Haute-Garonne. Déjà, en mars 1929, lors du congrès régional, la situation n’était pas brillante : cinquante délégués représentaient trente cellules et les cartes placées en 1928 avaient été au nombre de 942 avec 22 939 timbres : rayon de Toulouse 325 cartes, Ariège 207, Tarn 167, Aveyron 119, Tarn-et-Garonne 124. Le malaise s’aggrava lors de la conférence régionale de 8 et 9 février 1930, où vingt-cinq cellules seulement sur soixante-cinq étaient représentées. En octobre 1931, le Comité central réintégra J. Baby dans la région parisienne. La Région communiste de la Garonne se scinda en deux en novembre 1934 : H. Boyer devint secrétaire de la Région Aveyron et M. Craste celui de la Garonne (Ariège et Haute-Garonne)

Edmond Ginestet reprit son activité politique à Aubin sa ville natale, dont il était conseiller municipal depuis mai 1929 et dont il fut élu maire en mai 1935. Il avait été candidat aux élections cantonales d’octobre 1928, octobre 1931 et octobre 1934 dans le canton d’Aubin. Le Parti communiste l’avait présenté aux élections législatives d’avril 1928 dans la circonscription de Villefranche-de-Rouergue (Aveyron) où il recueillit 8,3 % des voix des électeurs inscrits au premier tour et 1,79 au second (28 686 inscrits, 2 376 et 512 voix). Ginestet fut à nouveau candidat aux élections législatives de mai 1932, mais cette fois dans la 2e circonscription de Toulouse : sur 27 785 inscrits, il recueillit 890 suffrages (3,2 %) au 1er tour, 967 (3,49 %) au second. Aux législatives d’avril 1936, il retrouva la circonscription de Villefranche-de-Rouergue où il recueillit 5 119 voix (19 %) sur 26 765 inscrits et se désista pour Paul Ramadier* qui fut élu.

En 1939, la cellule de Penchot (commune de Livinhac-le-Haut, Aveyron) portait son nom.

Ginestet fut interné en 1940 et déporté en Algérie. Il accéda à la députation en septembre 1948, comme second de la liste communiste de l’Aveyron conduite par Guy de Boysson, quand celui-ci quitta le Palais-Bourbon pour siéger à l’Assemblée de l’Union française. Secrétaire de la Fédération de l’Aveyron de la Libération à 1956, du bureau fédéral jusqu’en 1961 il était toujours maire d’Aubin et conseiller général.
Il se présenta, sans succès, aux élections de 1951, 1956 et 1958.

Il s’était marié en juin 1920 à Orléans (Loiret) avec Palmyre Barbier.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50593, notice GINESTET Edmond par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 8 juin 2009, dernière modification le 30 août 2021.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Arch. Nat. F7/13081 ; F7/13090 ; F7/13096 ; F7/13113 ; F7/13116, rapport du 27 mars 1929 ; F7/13261. — Arch. Seine-Saint-Denis, ex. I.M.Th., bobines 64, 88, 104, 156 et 304 (Jacques Girault). — La Voix des Travailleurs, 1925-1934. L’Aveyron, 1936-1939. — G. Lachapelle, Les élections législatives, op. cit. — Notes de Pierre Goujon sur les activités de Edmond Ginestet au Creusot.— État civil.

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