FAUVEAU Georges, Louis [dit Raoul]

Par Daniel Grason

Né le 15 mars 1905 à La Châtre (Indre), mort par défenestration le 19 décembre 1941 à Paris (Ier arr.) ; militant syndicaliste et communiste ; résistant, responsable de l’Organisation spéciale (OS).

Georges Fauveau était le fils d’un couple d’aubergistes de La Châtre. Il vint en région parisienne. Syndicaliste de la CGT des limonadiers et militant communiste, Georges Fauveau épousa Odette Marchal le 4 septembre 1939 en mairie du XIIe arrondissement de Paris. Le couple vivait dans l’arrondissement au 31 passage Montgallet. En 1940, le logement du couple servit occasionnellement à héberger des militants et de lieu de rendez-vous. Maroussia Naïtchenko (Grünenberger) se souvint y avoir été hébergée. Le couple participait à la diffusion de la propagande clandestine dans une dizaine de départements et transportait des tracts du parti clandestin en province où ils étaient remis à des militants.
Gilbert Brustlein, assisté de Spartaco Guisco et Marcel Bourdarias, tua le 20 octobre 1941 le colonel Karl Hotz, Feldkommandant de Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique). Gilbert Brustlein et Louis Coulibeuf prenaient leur repas au restaurant L’Aquarium Bar, Chez My, 121 boulevard Sérurier à Paris (XIXe arr.). Ils furent repérés par un policier du commissariat des Lilas en novembre 1941. Le mercredi 19 novembre, la photo de Gilbert Brustlein fut publiée à la une des journaux collaborationnistes dont Le Matin et L’Œuvre. L’Ouest-Éclair publia son signalement le même jour et sa photographie le lendemain.
Les policiers interpellèrent Louis Coulibeuf le 25 novembre 1941, perquisitionnèrent un laboratoire et la loge où il habitait du 5 avenue Debibour (XIXe arr.). Des armes, bombes, explosifs et des munitions à profusion furent saisis. Coulibeuf passa aux aveux et indiqua des cachettes aménagées par lui-même dans deux caves.
Nommé responsable de l’OS en novembre, au cours de la première quinzaine de décembre 1941, Georges Fauveau se rendit à Niort, Poitiers, La Roche-sur-Yon, La Rochelle et Angers. Une première prise de contact pour expliquer à des militants qu’il voyait pour la première fois la nouvelle orientation de l’organisation communiste, la nécessiter de passer à l’action armée tout en continuant la distribution de la propagande. Cette perspective ne soulevait pas l’enthousiasme car, pour chaque attentat, les Allemands faisaient fusiller des otages, ce qui n’était pas sans conséquence sur les militants.
À la suite de l’arrestation de Coulibeuf, les policiers saisirent des rapports politiques et des notes pour la préparation d’attentats. Une quinzaine d’adresses de responsables de la région Sud-Ouest furent découverts ; ils couvraient une dizaine de départements. Une cinquantaine de kilos de tracts furent également découverts. Il signala aux policiers de la BS1 qu’Odette Marchal, nom de jeune fille de l’épouse Fauveau, participait à la diffusion de tracts. Elle fut arrêtée le 13 décembre 1941, Georges également.
Emmené dans les locaux des brigades spéciales, il demanda d’aller aux WC où il se débarrassa de papiers compromettants en les laissant tomber à terre mais la manœuvre n’échappa pas à un inspecteur. D’autres papiers furent saisis lors de la perquisition domiciliaire, notamment des « passes » qui permettaient d’entrer en contact avec d’autres militants. Un dénommé Régnier (Philippe Rebière) se présenta le 15 décembre vers 15 heures au domicile des Fauveau. Les policiers l’appréhendèrent et organisèrent une confrontation avec Georges Fauveau qui selon les policiers manifesta « un trouble très apparent et a courbé la tête, évitant de fixer le nommé Régnier ».
Malgré les preuves Georges Fauveau nia, refusa de signer un procès-verbal, mais selon des gardiens de la paix chargés de sa surveillance exprima sa peur d’être fusillé. Était-ce cela ou la crainte d’être tabassé et de parler ? Il demanda à aller aux toilettes, enjamba une fenêtre. Un policier tenta de le retenir par son veston, il n’évita pas la chute du corps de Georges Fauveau sur le quai du Marché-Neuf. Il mourut le 19 décembre.
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Sa femme Odette, déportée à Ravensbrück (Allemagne), mourut gazée le 4 mars 1945.
Le nom de Georges Fauveau figure sur l’une des plaques commémoratives de la Bourse du Travail de Paris, rue du Château-d’Eau dédiée « À la Mémoire des dirigeants de Syndicats tombés dans les combats contre le nazisme pour la libération de la France » avec une épitaphe de Paul Eluard : « Lorsqu’on ne tuera plus ils seront bien vengés et ce sera justice. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50626, notice FAUVEAU Georges, Louis [dit Raoul] par Daniel Grason, version mise en ligne le 10 juin 2009, dernière modification le 3 septembre 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. 1 W 0971, 77 W 193. – DAVCC, Caen (Notes Jean-Pierre Besse). – Le Matin, L’Œuvre du 19 novembre 1941 et L’Ouest-Éclair, 19 et 20 novembre 1941. – Jean-Marc Berlière, Franck Liaigre, Le sang des communistes. Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, Fayard, 2004, p. 206-211. – Maroussia Naïtchenko, Une jeune fille en guerre, Éd. Imago, 2003, p. 239-240. – Mémorial GenWeb. – État civil, La Châtre.

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