FUZELLIER Étienne, François, Albéric

Par Jacques Girault

Né le 20 janvier 1908 à Carpentras (Vaucluse), mort le 24 février 1993 à Paris (XIVe arr.) ; professeur ; militant antifasciste avant 1939 ; militant de la pédagogie.

Fils d’un receveur d’enregistrement, Étienne Fuzellier fit ses études à Grasse (Alpes-Maritimes), obtint le baccalauréat en 1924. Après la khâgne à Marseille, il fut admis à l’Ecole normale supérieure en 1927 (section Lettres) et fut reçu à l’agrégation des lettres en 1931.

Il effectua son service militaire (octobre 1931-octobre 1932). Il enseigna d’abord au lycée de Valence (Drôme, 1932-1933) puis fut nommé en octobre 1933au lycée de garçons à Toulon (Var). Il s’y maria en août 1933 avec la sœur de Barthélémy Taladoire. Le couple eut trois enfants.

En 1935, il prit part à la création d’une troupe de théâtre amateur qu’il dirigea. Elle joua dans un théâtre parisien une de ses pièces écrites avec son beau-frère Barthélémy Taladoire. En 1936, le proviseur signalait qu’il était « un conférencier disert et spirituel, particulièrement intéressé par les questions théâtrales et par la littérature provençale ». En 1938, il participait activement aux loisirs dirigés.

Étienne Fuzellier, président provisoire du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes à sa formation, en devint le vice-président en mars 1935. Il appartenait en outre, au bureau départemental du CVIA et joua un rôle important au moment du Front populaire. Il publiait des chroniques littéraires régulières dans le Bulletin départemental du Syndicat national des instituteurs et participa à l’encadrement des collèges du travail dans le cadre de la Bourse du Travail. Il partageait les analyses des milieux pacifistes, proches de Félicien Challaye.

Etienne Fuzellier obtint son affectation dans le cadre parisien au lycée Condorcet en 1938-1939, puis au lycée Henri IV en octobre 1939. Mobilisé en septembre 1939 comme officier dans les Chasseurs alpins puis à l’état-major de la Ve armée, il reprit son service en octobre 1941. Il signa la pétition de protestation contre l’éviction de l’enseignement des professeurs juifs et, selon ses explications devant la commission d’enquête, il rédigea des articles dans les Cahiers d’action morale.

Soucieux de contribuer à une réforme de l’enseignement, il adhéra le 9 juillet 1942 aux « Fidèles du Maréchal » mais ne participa à aucune autre action. Il poursuivit ses recherches pour sa thèse engagée en 1937. Détaché, il remplaça le titulaire de la chaire de provençal à la faculté des lettres d’Aix-en-Provence de décembre 1943 à la fermeture de la faculté en avril 1944. Il rejoignit sa famille repliée au Touvet (Isère). Il revint à Paris en novembre 1944 et ne retrouva pas son poste au lycée Henri IV en raison de l’opposition du Comité du Front national universitaire qui l’accusa d’avoir eu des « relations connues avec des organisations collaborationnistes comme le RNP. » Convoqué devant le Conseil supérieur d’enquête, le 21 février 1945, il reconnut avoir été « maréchaliste » et avoir eu des doutes après l’occupation de la zone Sud. Le Conseil, constatant qu’il n’avait pas fait de propagande ni dénoncé quelqu’un et que son adhésion à la Milice était improbable, qu’il avait agi par « arrivisme », lui infligea un blâme avec reprise d’activité dans un autre établissement que le lycée Henri IV.

Professeur en classes préparatoires au lycée Saint-Louis, dont il écrivit avec un collègue l’histoire, Étienne Fuzellier devint rédacteur à L’Éducation, publication du ministère de l’Éducation nationale. Il se spécialisa dans les rapports entre littérature et cinéma et enseigna à l’Institut des hautes études cinématographiques. Son cours sur le langage radiophonique fut édité en 1965. Il composait toujours des pièces de théâtre avec Taladoire pour la Compagnie des Quatre Vents de Marseille (L’Affaire Minos en 1966, présentée à Paris en 1950 sous le titre Ariane ma sœur, La pastorale ou le chemin des rois en 1972). Retraité, il se retira dans la région d’Allevard (Isère).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50632, notice FUZELLIER Étienne, François, Albéric par Jacques Girault, version mise en ligne le 10 juin 2009, dernière modification le 29 juillet 2021.

Par Jacques Girault

ŒUVRE : Le fichier de la BNF comportait en 2019 18 références dont
Histoire du théâtre provençal, Saint-Rémy-de-Provence, 1955. — Dictionnaire des œuvres et des thèmes du cinéma mondial Hachette, 1976. — Introduction et notes du Barbier de Séville de Beaumarchais, Hachette, Nouveau classique illustré, 1976.

SOURCES : Arch. Nat., F/17/16796. — Arch. Dép. Var, 4 M 59 2, 1477 W 4. — Notice DBMOF par Jacques Girault. – Presse nationale. — Presse syndicale. — Sources orales.

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