FRANCOTTE Robert, Ernest

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 31 octobre 1894 à Paris (Xe arr.) ; mort le 9 juin 1985 ; musicien professionnel, ouvrier, artisan maroquinier ; militant communiste parisien ; conseiller municipal du XIVe arr. de Paris (1945-1965), sénateur (1958-1959).

Robert Francotte perdit sa mère dès sa première année. Une tante l’éleva à Liège (Belgique). Son enfance qu’il juge « heureuse », fut brusquement assombrie par la noyade de son frère aîné. Son père, remarié, le reprit à Paris en 1899 : ouvrier mécanicien passionné de musique, il lui apprit à jouer de la clarinette en lui expliquant : « En cas de guerre, les musiciens sont brancardiers. » (Une vie de militant communiste, p. 67). Malgré sa place de premier au certificat d’études primaires en 1907, il fut envoyé par son père, malade, en apprentissage chez un dessinateur en broderie où il resta trois ans.

Mobilisé le 4 septembre 1914 et envoyé en novembre à Verdun, il eut la chance de devenir, au début de l’année 1916, brancardier-musicien et de passer cinq hivers de guerre « sain et sauf mais marqué d’une façon indélébile » (p. 83). L’écho de la Conférence de Zimmerwald (septembre 1915) arriva, sous forme d’un tract, jusqu’au 164e RI : « L’effet ne se fit pas sentir immédiatement, la Musique étant dispersée à ce moment-là dans les postes de secours des tranchées. Mais dès qu’elle fut réunie à nouveau, l’affaire fut vivement commentée (...). Un courant zimmerwaldien se forma et marqua profondément quelques-uns d’entre nous. Le régime des permissions de détente permit des relations plus fréquentes avec l’arrière. Nous pûmes lire et commenter sans fin : Le Feu d’Henri Barbusse et Au-dessus de la mêlée de Romain Rolland* (p. 101). » R. Francotte s’abonna au Journal du Peuple d’Henri Fabre.

Versé au réseau de chemin de fer PLM en mars 1919, en attendant d’être démobilisé en octobre, Robert Francotte, qui s’était marié le 2 juin 1917 à Paris XXe arr., s’installa comme maroquinier et conserva ce métier jusqu’en 1933. Il se sépara alors de son épouse, lui laissa l’atelier et fut musicien professionnel dans les dancings.

Il adhéra, en mars 1919, à la 20e section du Parti socialiste et, l’année suivante, vota pour l’adhésion à la IIIe Internationale. Après son déménagement rue des Blancs-Manteaux (IVe arr.) en 1921, il devint un « communiste sans carte ». Ce n’est qu’en 1935 qu’il prit contact avec la cellule du quartier Chaussée-d’Antin (IXe arr.). En juillet 1936, il entra comme régleur chez Renault. Les militants de la cellule 309 le désignèrent comme secrétaire deux mois plus tard. Francotte était également responsable syndical de l’atelier. Il représenta la Chorale Renault à la Maison de la culture de Boulogne-Billancourt et à la Fédération musicale populaire. Renvoyé de chez Renault en novembre 1938, Francotte entra en janvier 1939 comme assistant opérateur au studio d’enregistrement du 22, rue Bayard (VIIIe arr.) qui passa au service de la Radiodiffusion nationale.

Le Pacte germano-soviétique (23 août 1939) « nous laissait tout pantois et désemparés devant l’injure ou la menace de l’homme de la rue » écrivit-il (p. 142). Le 20 mai 1940, son service fut envoyé à Montpellier mais il reçut bientôt un avis de licenciement. Rentré à Paris le 20 août, Francotte s’installa comme maroquinier dans le XIVe arr. Il se remaria le 1er mars 1941 à Paris VIIe arr. Ayant repris le contact avec le PCF, il hébergea des Résistants, en particulier un collaborateur de l’état-major des FTP, Jean Jérôme*.

Sa véritable accession à des postes politiques responsables date de la Libération. Président du comité de libération du XIVe arr., premier secrétaire de la section communiste du XIVe arr., il entra au conseil municipal de Paris en avril 1945 pour y siéger pendant vingt ans. Il se spécialisa dans les problèmes des commerçants et artisans ainsi que dans l’urbanisme et le logement et administra cinq offices HLM. Francotte siégea également au Sénat de 1958 à 1959.

Ayant renoncé à briguer, en 1965, de nouveaux mandats en raison de son âge, il milita à la Fédération des Élus républicains, fut membre du bureau des Amis de la Commune de Paris et trésorier de l’Amicale des anciens conseillers de Paris et de la Seine. En octobre 1981, avec trois autres anciens conseillers de Paris, il écrivit à Maurice Berlemont, exclu du Parti communiste, une lettre qui concluait : « Nous espérons nous retrouver un jour ensemble dans le parti, dans un parti qui mènera une politique faite de clairvoyance et de fermeté associée à la pratique d’une démocratie réelle permettant à tous ses adhérents non seulement de travailler à l’application des directives, mais de participer pleinement à leur élaboration. » (Rencontres communistes hebdo, n° 18, 30 octobre 1981).

Dans une lettre à Fayolle, le 10 mai 1978, il écrivait : « Je t’envoie mon livre [publié en 1974]. Écrit aujourd’hui, il serait assez différent. J’y avais quand même exprimé une vigoureuse désapprobation de la politique Thorézienne à l’égard du Stalinisme. Mais le regretté camarade Georges Cogniot* (pour me faire la préface) m’a censuré tout ce que je disais sous ce rapport. Mon livre a beaucoup perdu me dit Hélène Parmelin* ! C’est mon avis. »

Robert Francotte fut inhumé le 12 juin 1985 au cimetière parisien de Bagneux.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50680, notice FRANCOTTE Robert, Ernest par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 11 juin 2009, dernière modification le 5 août 2021.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

ŒUVRE : Une vie de militant communiste, préface de Georges Cogniot*, introduction d’Hélène Parmelin, Paris, Le Pavillon, Roger Maria éditeur, 1973, 317 p. (autobiographie vivante, sincère et non romancée).

SOURCES : RGASPI, 495 270 3392. — Une vie de militant communiste, op. cit. — Les temps modernes, n° 236, janvier 1966. — Cahiers d’histoire de l’Institut Maurice Thorez, n° 2 (30), janvier-mars 1973. — État civil de Paris (Xe arr.), 25 mai 1984. — Le Monde, 18 juin 1985. — Note de Daniel Grason.

ICONOGRAPHIE : Une vie de militant communiste, op. cit.

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