LUCE Théophile, Eugène, dit « Théo »

Par Olivier Dedieu

Né le 8 septembre 1907 à Baillargues (Hérault), mort le 8 novembre 1992 à Mauguio (Hérault) ; inspecteur des PTT ; maire et conseiller général socialiste de Mauguio.

Théo Luce connut une enfance difficile. Son père, Charles Luce, boulanger, décéda en 1915 sur le front. Sa mère, boulangère, décéda elle aussi très tôt, dans les années 1920. Pupille de la Nation et titulaire du certificat d’études, Théo Luce passa plusieurs concours administratifs. Reçu à celui de la Poste, il dut s’engager à partir au Maroc. Quelques années plus tard, il revint en métropole comme inspecteur adjoint et s’installa à Mauguio. C’est dans cette ville qu’il épousa Claire Calas, institutrice. Connu pour ses positions de gauche, il n’adhéra pourtant à aucun parti. Il fut néanmoins proche des positions trotskistes, comme sa femme, militante de la tendance École Émancipée au sein du SNI. Dès cette époque, il fut proche de Marcel Valière.

Sous le régime de Vichy, il s’afficha très tôt comme opposant. Dès Pâques 1941, avec Marcel Valière, il intégra « Libérer et fédérer » puis « L’insurgé ». Il devint membre du comité régional de ce dernier mouvement. Parallèlement, il résista au sein du NAP PTT puis, en compagnie de Louis Trégaro dans le réseau Buckmaster. En 1944, Théo Luce et Marcel Valière firent évader Louis Trégaro, retenu prisonnier dans la prison de la 32e. Ces activités résistantes firent de Théo Luce le responsable de la section FN de Mauguio à la Libération. De même, il devint vice-président du Comité de libération dont la direction échût au socialiste Auguste Meynier.

Membre de la direction de l’arrondissement du FN, Théo Luce ne postula pas à la fonction de maire et souhaita rester - et ce jusqu’en 1968 - simple conseiller municipal et refusa toujours tout engagement partisan. Durant cette période, son engagement fut d’abord axé sur la laïcité et la coopération. Militant laïque, athée, Théo Luce s’investit dans l’amicale laïque de sa commune. Ce militantisme lui valut de figurer, de 1957 à 1961, au conseil fédéral de la FOL de l’Hérault. De la même manière, il joua un rôle actif dans le développement de la coopération agricole. Président de la CUMA, administrateur de la SICA du canton, il connut une notoriété certaine dans le milieu agricole.

En 1968, suite au décès du maire et conseiller général socialiste Auguste Meynier, Théo Luce adhéra au Parti socialiste et reçut l’investiture de la section. Il devint maire le 21 janvier 1968 et conseiller général le 10 mars de la même année. En tant qu’élu local, il eut à gérer la question de l’aménagement du littoral puisque sur le territoire de sa commune furent aménagées deux stations balnéaires, Carnon et la Grande-Motte. Administrateur de la Société d’aménagement du département de l’Hérault (SADH) en charge de cet aménagement, il devint par ailleurs président du SYMOCAF, syndicat mixte en charge de la gestion des ports de plaisance des stations de Carnon, la Grande Motte et Frontignan. Néanmoins, en 1974, le gouvernement créa la commune de la Grande-Motte dont le territoire fut détaché de Mauguio, mesure à laquelle s’opposa le conseil municipal. Parallèlement, il eut à gérer la forte expansion démographique d’une commune proche de Montpellier qui doubla sa population entre les années 1970 et 1980. Enfin, Théo Luce fut président du SIVOM de Mauguio-Pérols et vice-président du syndicat intercommunal des centres aérés du Languedoc.

Élu reconnu pour ses capacités gestionnaires et ses actions en faveur de la viticulture, T. Luce intervint par contre de manière mesurée dans les débats internes au PS. Après avoir opté pour le courant Mitterrand*, il suivit la majorité des conseillers généraux qui, en 1980, s’affilia au courant Rocard* pour faire barrage à la montée en puissance de Gérard Delfau, premier secrétaire de la fédération. Localement, il fut en bons termes avec son voisin, le socialiste Georges Frèche, mais refusa d’intégrer le district que présida ce dernier après sa victoire à Montpellier. Dans la section, T. Luce dut gérer, les dernières années de son mandat municipal, la cohabitation entre anciens de la SFIO, souvent natifs du village avec les nouveaux socialistes, néo-melgoriens qui devinrent progressivement majoritaires. En 1983, il décida de ne pas se représenter aux élections municipales. Suite à cette décision, la section socialiste, dont le nombre d’adhérents avait doublé depuis 1977, investit un adjoint sortant, Yvon Pradeilles, membre du courant Mitterrand qui battit le candidat proposé par le maire sortant, son premier adjoint J. Chabaud. Face à ce désaveu infligé par la section, Théo Luce aida ce dernier à monter une liste dissidente, entraînant, à l’issue du second tour, la victoire du candidat de droite. En 1985, il ne se représenta pas aux élections cantonales et se retira de la vie politique.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50718, notice LUCE Théophile, Eugène, dit « Théo » par Olivier Dedieu, version mise en ligne le 14 juin 2009, dernière modification le 16 octobre 2020.

Par Olivier Dedieu

SOURCES : Arch. Dép. Hérault, 91 J 15, 138 W 7, 356 W 142 &156, 676 W 94,171 & 177, 1068 W 108, 1506 W 234. — Archives de la FOL de l’Hérault. — Archives de l’ODAC de l’Hérault. — Entretiens Claire Luce, Maurice Bascou, Émilien Blanc.

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