LAFONT Jacques, Ernest, Albert, pseudonyme Legrand

Par Olivier Dedieu

Né le 25 novembre 1919 à Nîmes (Gard), mort le 1er août 2005 à Montpellier (Hérault) ; avocat ; résistant, maire de Boisseron (Hérault).

Issu d’une famille de juristes de la bourgeoisie protestante nîmoise, Jacques Lafont fit ses études de droit et de sciences politiques à Montpellier puis à Paris. Engagé volontaire en 1939, il fut versé dans l’infanterie coloniale avant d’être élève officier. Démobilisé sans avoir combattu, il revint à Montpellier et s’inscrivit au barreau de Montpellier. Veuf, il pensa dans un premier temps, rejoindre l’Angleterre. Après avoir entendu l’appel du 18 juin, il chercha à prendre contact avec la Résistance. Grâce à l’une de ses connaissances, Simone Demangel, il fut recruté au sein de Liberté puis de Combat dont il fut l’un des fondateurs sur la ville. Chef de ville du mouvement, il devint en janvier le premier chef départemental (secteur de Montpellier) des MUR. Arrêté par la Gestapo le 29 mai de la même année, il fut emprisonné dans la prison de la 32e puis à la villa des Rosiers. Torturé, il fut déporté au camp de concentration de Buchenwald. Après avoir participé à la libération du camp, il fut rapatrié à Montpellier.

Revenu à la vie civile, il reprit ses activités d’avocat. Après avoir été lauréat du stage en 1943, il développa un important cabinet. Il fut membre du conseil de l’ordre de 1953 à 1957 puis bâtonnier en 1977 et 1978. Parallèlement, il s’investit aussi dans les associations d’anciens combattants. Il fut ainsi le premier président de l’association des déportés. Il le resta jusqu’en 1949, quand les communistes provoquèrent une scission. Par la suite, il resta avocat de l’association départementale des déportés, notamment dans le conflit qui opposa cette dernière à l’association des anciens requis du STO sur la dénomination de « déporté du travail ».

Alors qu’il n’était pas engagé politiquement pendant la guerre, il n’adhéra à aucune organisation politique par la suite et se considérait uniquement « gaulliste » depuis sa participation à la Résistance. En 1965, il s’engagea plus activement et devint maire de Boisseron, une petite commune du canton de Lunel. En 1971, il mena la liste de la majorité présidentielle aux élections sénatoriales mais fut battu par les candidats de la liste socialiste et radicale. Il resta maire de sa commune jusqu’en 1989. En 1992, il fut nommé président du comité d’éthique du CHU de Montpellier.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50719, notice LAFONT Jacques, Ernest, Albert, pseudonyme Legrand par Olivier Dedieu, version mise en ligne le 14 juin 2009, dernière modification le 16 octobre 2020.

Par Olivier Dedieu

SOURCES : Arch. Dép. Hérault, 313 W 1-2 et 313 W 3, 356 W 115, 1182 W 196. — Gilbert de Chambrun, Journal d’un militaire d’occasion, Avignon, Aubanel, 1982. — Philippe Guizard, « Éloge du bâtonnier Jacques Lafont », Bulletin de l’académie des sciences et des lettres de Montpellier, n° 38, pp. 351-360, 2008. — Entretien avec l’auteur. — État civil de Nîmes.

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