FARARD Jean

Par François Prigent

Né le 20 juin 1924 à Reims (Marne) ; ouvrier de la chaussure ; militant JOC ; secrétaire de l’UL CFTC de Fougères (1949-1951) ; permanent de la CFTC à Fougères (1957-1961) ; membre de la commission administrative de l’UD CFDT d’Ille-et-Vilaine (1964-1966) ; sympathisant MRP puis militant PS ; candidat PS aux municipales de Cesson-Sévigné ; administrateur de la Caisse régionale d’assurances maladie (CRAM) ; membre du Conseil économique et social (CES) ; président de l’ Office des personnes à la retraite (OPAR) de Rennes.

Originaire de Loire-Atlantique, sa famille changea fréquemment de lieu de domicile. Son père était tâcheron dans travaux publics, s’occupant notamment des canalisations d’eau. D’abord institutrice auxiliaire dans des écoles privées, sa mère s’occupa de la vie familiale jusqu’à son décès en 1936.

Passé par les écoles publiques, Jean Farard arriva à Fougères en mars 1936 en provenance de Valenciennes. Inscrit dans l’école privée dirigée par les Frères de Ploërmel, il entra dans le monde du travail dès l’âge de quatorze ans, comme apprenti coupeur en chaussure chez Bertin à Fougères. Affilié à la JOC et la CFTC dès 1938 sous l’influence de son grand-père, il tissa des liens avec Robert Duvivier* dès cette période.

Durant la guerre, il tenta de rejoindre la zone libre mais fut stoppé à Châteauroux, puis rapatrié. En 1943, il fut contraint au STO en Allemagne, ne revenant à Fougères qu’après la Libération. Militant PCF, son oncle André Farard, ouvrier de la chaussure syndiqué à la CGT qui était investi dans le vélosport fougerais, mourut en déportation.

Sympathisant MRP à partir de 1945, Jean Farard était militant de la CFTC, nouant des relations fortes avec la génération des jocistes, réseau réactivé par Robert Duvivier. Marqué par l’expérience des ENO, il devint secrétaire de l’UL CFTC de Fougères en octobre 1949, remplaçant Joseph Riot* qui retournait dans son département d’origine, les Côtes-du-Nord. Les réseaux dirigeants de la CFTC étaient alors composés de Robert Duvivier (secrétaire de l’UD), Pierre Legavre* (UL de Rennes), Léon Rétif (bâtiment), Léon Le Trouit* (UL de Saint-Malo), Roger Rousseau* (UL de Vitré) et Jean Farard (UL de Fougères).

À partir de 1949, Jean Farard travaillait à l’Abeille Fougeraise, coopérative fondée par l’abbé Bridel et J.-B. Martin. Entre 1952 et 1957, il était employé magasinier à l’United Shoe de Fougères, une entreprise de machines et de fournitures pour la fabrication de la chaussure.

Il participa pendant l’été 1951 à un voyage aux États-Unis, consacré plus particulièrement aux pratiques de négociation des conventions collectives. Après un stage d’étude au Roosevelt College de Chicago, il visita ainsi les usines Ford à Détroit, soulignant à son retour en Ille-et-Vilaine que « les employeurs ont compris l’intérêt d’un bon pouvoir d’achat pour les salariés ».

Responsable CFTC dans le secteur de Fougères, il formait un tandem militant avec son successeur au secrétariat de l’UL après 1951, André Marivin* (filières JOC-MLP-PSU). Permanent de la CFTC entre 1949 et 1952, puis à nouveau de 1957 et 1961, il était membre en septembre 1966 de la commission administrative de l’UD CFDT d’Ille-et-Vilaine, dirigée par Félix Mauger* (également militant PSU). Depuis les années 1950, l’emprise des réseaux CFTC-CFDT était croissante au détriment des filières socialistes de FO, incarnées par son leader historique, Joseph Fournier*.

Arrivé en 1969 à Cesson-Sévigné, son vote politique évolua du MRP vers le PSU puis le PS. En 1977, il fut candidat aux élections municipales sur la liste PS, menée par Jean-Yves Guivarc’h (fonctionnaire des impôts). Alors adhérent du PS, il prit rapidement ses distances avec le milieu partisan au fil des années 1970, déphasé avec le profil social des dirigeants locaux du PS. De sensibilité socialiste, il continua à voter socialiste dans la commune de Cesson-Sévigné qui bascula au PS en mars 2008 avec Michel Bihan (ancien journaliste à Ouest-France, soixante-quatre ans).

Élu pour le compte de la CFDT, il fut administrateur de la CRAM jusqu’en 1992. Il représentait la CFTC puis la CFDT au conseil d’administration des Assédic de Bretagne entre 1958 et 1988, assumant même la présidence durant un mandat. Surtout, après avoir quitté son poste de permanent syndical en 1961, il s’occupa du régime complémentaire des retraites à Rennes. Très actif dans ce domaine dans les filières CFDT, il siégea au CES en raison de ses engagements en faveur des personnes âgées. Il fut aussi président de l’OPAR de Rennes entre 1983 et 2000, nouant des relations étroites avec Edmond Hervé* et Martial Gabillard* notamment.

Marié avec Marcelle Esnault (1924-2003), Jean Farard eut trois enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50732, notice FARARD Jean par François Prigent , version mise en ligne le 18 juin 2009, dernière modification le 25 juin 2009.

Par François Prigent

SOURCES : Arch. Dép. d’Ille-et-Vilaine. — Arch. de la CFDT d’Ille-et-Vilaine. — Articles du Ouest-France sur la vie syndicale locale. — André Dorso, Les facteurs d’évolution syndicale. Histoire de la CFTC-CFDT des origines à 1964 en Ille-et-Vilaine, diplôme des hautes études en pratiques sociales, collège coopératif en Bretagne, 1987. — Claude Lode, Le syndicalisme comme acteur entrepris et dans l’espace local. Difficulté élimée d’une expérience syndicale CFTC- CFDT à Fougères (1950-1976), diplôme des hautes études en pratiques sociales, collège coopératif en Bretagne, Rennes, 1988. — Valérie Jarnot, ‘Éléments pour une histoire de la CFDT en Ille-et-Vilaine (1964-1971), mémoire de maîtrise, 1989, Rennes 2. — Entretiens avec Jean Farard et André Marivin. — Notes de Alain Prigent.

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